vendredi 28 décembre 2012

Abet Cuces ruins your ears since 361 days

  Mes amis, l'heure est grave. Il est 01h02 du matin, et l'heure est grave. Cette félonne s'est accordée en drop D, et toutes les montres sont molles. L'heure est grave.

- Mais pourquoi ? Pourquoi, grand Maître? s'écria la foule en folie

Car j'écris ici et maintenant le centième billet d'Abet Cuces.

C'est aussi dans quelque jours les UN AN du webzine !

Suite à cette grande séquence émotion, à l'heure grave, mes amis, je vous annonce différentes choses à venir :





- Tout d'abord la migration possible voir probable dans les prochains mois d'Abet Cuces sur un domaine .com, mais aussi l'achat d'une machine à coudre les patchs et découdre les vêtements pour devenir le petit crust punk de mes rêves.
- Toujours plus de folies auditives pour les prochains jours avec le Saåad nouveau (ambient / drone), un live de KILLL (croisement bâtard entre Dødheimsgard et Darkspace conçu dans une rave-party), de la world music obscure, et beaucoup d'autres cochonneries.
- Une / des interview(s) décalées ainsi qu'une section dédiée aux mixtapes
- Et ça commence à faire beaucoup pour un seul homme, tout ça.

Alors nous y voilà. Un an, 100 articles, plus 15.000 visiteurs uniques... merci à tous !
Merci à ceux qui me lisent, aux labels qui m'envoient beaucoup de promo de qualité, merci aux groupes qui me soutiennent, ainsi qu'à mes proches. Merci aussi à ceux qui me crachent dessus, même si ils ne se bousculent pas au portillon, ces bestiaux là.
Je vous invite aussi à soutenir le zine sur les nouvelles pages facebook et twitter, qui sans en avoir l'air sont très importantes :

FACEBOOK - TWITTER

Mais assez de démagogie comme ça. Je pars quelques jours et vous laisse donc entre des mains aussi bonnes qu'odieuses qui vous corrigerons de toutes vos âneries, bande de sacripants :


Bien à vous,
Cleister Arowley

jeudi 27 décembre 2012

The Fiend Tape :: Mixtape


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Après la Heinous Tape, c'est encore un peu les fêtes sur Abet Cuces. Ce 99e article va enfoncer le clou qui avait déjà bien entamé vos oreilles il y a quelques jours. The Fiend Tape est plus qu'un petit revenez-y, c'est deux autres heures de Black Metal tiré par les cheveux, noir à en faire pâlir le néant et possédé comme les zombies de Braindead.

Tracklist :

1) Sönderriket - Skymningssaga för Canis Lupus
2) Arborist - Total Entarchy
3) Urfaust - Verflucht Das Blenden Der Erscheinung
4) Menace Ruine - Salamandra
5) Murmuüre - Amethyst
6) Alpha Drone - To Take Earth Back from Man
7) Sutekh Hexen - Isvar Savasana
8) Amocoma - Unending
9) Brobdingnagian - My Mouth Tastes Like Blood My Blood Tastes Like You
10) Failure Ritual - Failure Ritual
11) 폐허 - After The Aliens
12) Rhinocervs - Untitled (from RH-12)
13) Mosaic - Creator of the Stars
14) Circle of Ouroborus - Skyline Painter
15) Nuit Noire - Seed of Light
16) Pasteles -

mercredi 26 décembre 2012

Innercity Ensemble - Katahdin

S'adonner au petit plaisir de rejoindre les abonnés absents. L'isolation. L'isolation!

Dans les forêts, qu'elles soient de l'Est ou d'Amazonie centrale, une chose perdure, une émotion qui ne s'éteint jamais. Cette sorte de peur au ventre que l'on a en y entrant. Car tout vit, tout s'anime sans bouger, crépite sans flamber. Un loup ou un boa derrière chaque arbre, paré - et cet énergumène en pagne arrivant de nulle part et lui soufflant une fléchette imbibée de neurotoxine entre les deux yeux.
Mais pourtant... pourtant il neige !
Impossible de quitter son petit cache-sexe rouge dans cette immensité verte enneigée. Le sol et les caillasses sont noires, les enjamber est un effort de chaque seconde. Chaque pas me fait mal et je finis par retirer mes chausses. Ils sont là, sur les cimes. A courir sur la canopée gelée. Les percussions et les flûtes me semblent à présent magiques, mais je doute tout de même pouvoir déjà entr’apercevoir les déesses ancestrales qu'ils prient. Pas de chants - seuls des rythmes et des cornes au gré des vents. Qu'aurais-je donné alors, à ce moment, pour retrouver ma New-Orleans natale ?
Je fermais les yeux et déjà, leur étrange rite s'agrémentait des saxophones que rejouait ma mémoire maligne. Le goût de blé cru m'envahit la bouche et je me réveillais en sursaut. Ces gens étaient hors du temps et de l'espace.

L'Innercity Ensemble n'a d'urbain que le métal des cuivres. Le Jazz tranquille taille son chemin parmi d'étranges sonorités électroniques presque futuristes, sur fond de didgeridoo et de percussions réverbérées. On s'éloigne pas mal de tous les clichés de genres et de styles pour se retrouver perdu quelque part, entre la chaleur, l'humidité, la neige et l’ascenseur d'un vaisseau spatial. Un trip trop court qui tape dans les tripes.

Ce Katahdin me rappelle sous certains aspect la magie païenne de The Wicker Man et du travail culte de Paul Giovanni sur sa BO, tout en y incorporant des éléments modernes et d'improvisation. Les sept polonais derrière ce projet se seraient retrouvé à Bydgoszcz pour enregistrer cette courte merveille, où se mélangent electronique, guitare, trompette, flugelhorn, gongs... dans une espèce de continuité et de calme excité. A croire que Milieu L'acéphale est LE label à surveiller en ce moment !
Un vrai régal, tout aussi ovni-esque qu'un bon vieux Tartar Lamb!

mardi 25 décembre 2012

The Heinous Tape :: Mixtape

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Paraît-il que c'est Noël. On m'a dit que c'est une période de fêtes. 
Je n'y crois pas tellement, mais allons, voici ma modeste offrande.
The Heinous Tape regroupe, selon mon jugement totalement impartial, les meilleurs projets de Black Metal barrés / bizarres / weird au plus grand malheur des petits et des grands.
C'est gratuit, aguichant, mais la question est : oserez-vous ?

Tracklist :

1) Decline of the I - L'indécision d'être
2) Stagnant Waters - Of Salt and water
3) Servile Sect - Privateer
4) Smohalla - Oracle rouge
5) Mamaleek - My Body Rock Long Fever
6) Qwertzuiop - XIV
7) Situs Magus - Oeuvre au Jaune
8) Panopticon - Bodies Under the Falls
9) Law of the Rope - Castles Made of Men
10) OEDE - Soper Hver En Krok
11) GGUW - Untitled
12) Kuxan Suum - Kinich Ahau
13) Yøga - Encante
14) Book of Sand - Failing through the Firmament
15) Dødsengel - Sun on Earth
16) Aluk Todolo - Occult rock V
17) White Moth - The sea was blue meadow
18) Zweizz & Joey Hopkins - Smash, Politics, Gag
19) La Secte du Futur - Gilles de X-Ray (Yussuf Jerusalem Cover)

vendredi 21 décembre 2012

Greyghost - Memoirs of Dementia

'Stay true to yourself; trust your intuition; use your head; 
all of these self-empowering mantras turned to nothing but platitudes.'

Les entrailles de la démence guettent, les yeux exorbités. Sortant des tripes de la terre comme un coutelas perçant vos os - atteignant et sectionnant maintenant les synapses. Peut-être le ciel un jour, s'ouvrira. Peut-être n'est-il qu'une paupière fermée. Qui n'a jamais rêvé de voir le ciel ouvrir son œil, et se perdre dans sa pupille titanesque. Sûrement est-ce encore plus agréable que de se noyer - dans les yeux aux couleurs d'étouffement de cette magnifique créature, que vous ne pouvez chasser de votre tête. Elle est là, la démence. Le décès des folies préconçues. Hors du monde et hors du temps - je me demande ce que vous pouvez bien penser. J'aime voir les choses se répéter. Les gens qui entrent et sortent des bouches de métro à n'en plus finir. Indistinctes - leur apathie sonne comme un rayon amer et magnifique en moi. Les mêmes nuages recouvrir les villes et les mêmes câbles électriques alimenter nos ruches. Je suis certain de pouvoir entendre le courant crépiter dans les fils, attendant patiemment le malheureux couple orage-arbre dans le but de se faire couper.
L'agitation est à son paroxysme autour de moi, et j'aime à penser que je flotte. Trop captivés par leurs propres chaussures, ils ne me remarquent pas. Trop enfoncé dans ma tête, je ne le remarque pas non plus. Mais je me demande, souvent. Ils partent s'écouler dans leurs vies respectives, plus personne ne m'entend crier au calme, et dégueuler la contemplation. À l'arrivée, nous ne sommes plus que des mémoires. Et ces mémoires, inexplicables car nous sommes trop occupés à tuer les rêves qui envahissent notre cerveau au bord du gouffre, s’éteignent avec la dernière trace soupirée que nous laissons : une fine expiration.


Écouter Greyghost, c'est s'attaquer à l'ambient éthéré et atteindre un genre de pureté truffée de grésillements. Calme, lent et improvisé, l'artiste 36 m'est venu très rapidement à l'esprit, partageant beaucoup de sonorités avec greyghost. "Memoirs of Dementia" est un cri, ralenti à l'extrême et transformé par je ne sais quelle tour de passe-passe en musique. Mélange entre souvenirs familiaux, nostalgie et curiosité étrange de la démence sénile, on ne sait plus trop où se mettre. Si ce n'est quelque part entre les sons de cette magnifique tape qui s'exprime de manière très singulière.
Streaming exclusif !! Je vous invite aussi à regarder attentivement le CLIP de l'un des titres fait par Sarah Zucker.
"À écouter en profitant d'un café-clope à l'aube ou avec une coupe de thé au crépuscule, en contemplant l'univers" m'a dit Brian Griffith. Eh bien je vous le recommande.
K7 limitée à venir chez Constellation Tatsu.

mercredi 19 décembre 2012

Chasms - Fire :: Mixtape

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 Première réelle mixtape sur Ambient Churches. Cinquante-huit minutes d'electro, de noise et autres étrangetés ethniques plus ou moins soft qui feront croustiller vos enceintes pour Noël.
Au programme de cette mixtape Chasms - Fire :

1) Vampire Slayer - Window Peeping
2) Theo Bass - Mr.Stellakis
3) Ixtar - Amulet
4) Jahiliyya Fields - Servant Garden
5) Harmful Logic - ♡ > $
6) Theologian - Bed Of Maggots
7) Burial Hex - Go Crystal Tears
8) S/V\R - Les mains qui corrigent
9) Satori -  Mali Rain
10) Eternal Zio - 06

mardi 18 décembre 2012

Felt Collective : Double article

Felt Collective, ça ne vous parle pas ?
Et pourtant, indirectement, j'en ai déjà parlé ici avec l'étrange sortie de Golders Green du sieur Byron, homme à tout faire du Felt.
Commençons avec l'aventure acidulée que constitue Software Wolf.

Spit & Image crache effectivement beaucoup d'images à la figure. Diluées, des loops dans tous les coins, le style qui acidule une cellule de prison et fait déconner l'espace-temps. Le rose bonbon coréen frappe, unilatérale. Spit & Image parle, vit, et nous voilà spectateurs d'une scène colorée, vivifiante comme un vent d'hiver qui remonte d'un tas de feuilles mortes. Il tourbillonne et bouillonne, impatient de crier lentement une douleur qui vire au sourire. Les moments perdus dans les transports en commun, à semi-conscient, la musique comme un voile sur les paroles des gens. Software Wolf met un peu de colorant auditif sur ce voile, qui se transforme en tapisserie brouillée, volatile et pleine de petits rythmes grouillants. Les crépitements de vinyles hantent les mélodies distantes.

Un train à vapeur part, et les gens parlent autour, de manière incompréhensible. Comme un canevas du départ. Et cet instant d’adieu, joyeux et déchirant, qui n'en finit pas. Le train se transforme en cuivre, tout comme les énergumènes qui m'encerclent. Allez savoir pourquoi, ces gens qui parlaient ne produisent maintenant plus que des paroles saturées. Surement ont-ils avalés des claviers analogiques, et déjà les voilà à faire de faux-contacts. Les chiens en laisses ont laissé place à des lits de fleures, aux tons tout aussi piquants que les sonorités sont sucrées.

C'est plus simple qu'il n'y parait. Imaginez My Bloody Valentine repris par SayCet. En Corée. Et peut-être encore plus propice au rêve éveillé.



Giovanni Lami (dont voici le travail photographique) et Ryan Connor - aka Sublamp, artiste de drone américain - arrivent sans préavis en livrant le chaos.
Les murs de guitares cristallins me font me sentir comme dans une cathédrale subissant un tremblement de terre. Les candélabres de verre accrochés au plafond vibrent et s'entrechoquent, alors que le séisme fait son possible pour mettre à terre les pierres posées les unes sur les autres, tenant comme par l'opération du Saint-Esprit. Le drone glacial arrive pourtant à réchauffer l'atmosphère translucide que provoque l'architecture de sable en fusion - et sous la froidure intenable les hallucinations auditive m'assaillent. J'entends mon sang qui s'écoule et les tissus scintiller, les notes du tremblement formant un gigantesque acrostiche dont je n'arrive pas à reconstituer le sens. Et le Drone vire en Doom, la glace en pierre, renforçant les voûtes et recouvrant les croix, statues et êtres. Et enfin le calme d'après la tempête. Reste ce magnétisme, irréel sûrement, mais qui me prend au tripes et m’inonde comme de cire.

עצמו - Lui-même. J'infuse dans ce calme, métamorphosé en un agréable acouphène. La surdité s'efface alors, laissant renaître les êtres et les âmes statufiées. Les bestioles ont envahies le lieu, et ré-instaurées une implacable loi : la Vie - et l’appétit, en goûtant la cire qui me recouvre. Impossible de se repérer dans cet enchevêtrement de briques de glace mais le vent me porte à l'oreille ces froissements d'ailes électriques. Certainement quelques insectes nidant ici et là. Au loin il fait sombre, bien plus sombre que sous les derniers rayons froids dont je profite. En me tournant, je réalise être à côté d'une rue passante. Je suis invisible. Dans mon beffroi. Je suis invisible et ils discutent, marchent, sentent les épices et les fruits. Je suis ailleurs. Je suis invisible. Il le sait. Je suis invisible.

Soundcloud pour le stream intégral du split.

lundi 17 décembre 2012

Ilyas Ahmed - Naqi

CDr comme à son habitude, Ilyas nous transporte dans un monde à la fois glacial et désertique, Chelsea Wolfe-isant, où la guitare s'enflamme et le chant crache la bile. Dans une simplicité analogique débilitante, il nous emmène – sans nous prendre la main toute fois – dans un Moyen-Orient fantasmé, sur des souvenirs fumants, emprunts de rituels inachevés, et des bêtes qui n'ont finalement pas été sacrifiées. Entre parole et chant, chien et loup, il nous berne tout au long de l'album, dans une folk de fin du monde dont nous autres, hères, prenons un malin plaisir à nous en délecter. Naqi me ferait penser à un sentiment assailli soudainement de tristesse, qui se plaint, se débat mais survit dans quelques soubresauts de joie.
Les lèvres rougeoyantes qui courent sur les cordes tranchantes de la guitare, parcourant le manche sans s'arrêter de se couper. Quelques papiers découpés de magazines et collés sur la caisse de la 6-cordes. La langue entre le Mi et le La, se balançant. Les dunes salées réveillent la douleur des coupures, mais elle oublie, elle oublie. Elle contre le poids du ciel avec ses quelques notes. 
"All my gulls have taken flight; they will no longer roost on these outcrops."
Au cœur du désert, amer, plaintif, à vous perdre dans les drones et les tempêtes de sable, vous croiserez sûrement un mirage d'Ilyas Ahmed. Jamais réellement présent, jamais réellement absent – le feutre enflammé de sa guitare tirant au ciel les quelques dernières stries de couleur jusqu'à le rendre monochrome. Il implorera les nuages de vous encercler et les djin de vous jouer des tours. Dès lors, plus rien à faire qu'une crise de lente épilepsie au rythme des accords, et de suivre ses cordes vocales, chemin direct vers un rassurant Acheron. La folk lo-fi d'Ilyas est loin d'être passée inaperçue, mis à part ce disque qui a très peu fait parler de lui. Et pourtant, ce petit CDr est passionnant du début à la fin, entre des rythmes du moyen-Orient et un rock / folk poussiéreux, chaud et rêveur. La guitare électrique tout juste saturée se trouve parfois retournée, ce qui donne des solo hors du temps, hors du monde, presque comme des cordes frottées. Au delà de l'instru, Ilyas Ahmed a bel et bien gardé sa voix envoûtante et déformée, analogique à souhaits, peut-être ici plus encore que sur les autres albums. Naqi est un vrai vitrail : travail d’orfèvre, aux couleurs chaudes, mais qui peut se révéler glaçant au bout d'un certain moment.

lundi 10 décembre 2012

Rétrospective :: Anno MMXII

C'est la grande mode de faire des Top de l'année dans les zines, qu'ils soient web ou papier. Top de la rédaction, top des lecteurs, top tip top j'en ai marre, sérieusement, c'est nul et il faut bien le dire. Personnellement je n'ai jamais trouvé mon bonheur dans ces rubriques de fin d'année qui sont un peu des cadeaux empoisonnés pleins de trucs et de machins qu'on connait déjà, ou qui sont au final bien surestimés.
La recette du 'Top musical' faite d'un quart de connerie, d'un quart de bêtise (et pas celles de Cambrai), d'un quart de mauvais goût pour finir sur un autre quart de connerie n'aura pas sa place sur la table (d'autopsie) d'Ambient Churches.
Ici, place à l'inconnu. Les liens en bas des articles sont pour le stream - parfois avec l'album en intégralité.
Voici donc un petit tas de choses dans le désordre le plus total qui ont marqué cette année bissextile mais dont tout le monde s'est éperdument foutu.
"Entrez de votre plein gré, entrez sans crainte et laissez ici un peu du bonheur que vous apportez !"

RÉTROSPECTIVE IMPROBABLE


- Stara Rzeka : Cień chmury nad ukrytym polem
Je commence avec un petit bijou qui n'est pas encore sorti, donc je commence mon tip-top-trop-bien 2012 avec un truc qui, du coup, n'est pas de 2012. Quoi qu'il en soit, Stara Rzeka est l'un des groupes de "Black Metal" dans lequel je mets le plus d'espoir. Ambiance magique et psychédélisme timide, un son aux petits oignons, authentique comme un vin bien foulé. C'est un énorme coup de cœur pour les deux chansons déjà dispo :
Tej nocy/Broń nas od złego // Przebud zenie boga wschodu

- 18+ : MIXTA2E
18+ c'est le couple dingue de l'electro, le truc qui transpire et inspire la déchéance, décadent comme pas deux, désabusé mais pas tristounet, qui sait rester beau, digne. Pour ma part je les trouve très proche de l'univers Coil. De la musick comme dirait l'autre. Le nihilisme urbain moderne qui se retourne en sortilège infantile et naïf. Niveau sonorité, les plus trend d'entre vous compareront ça à la collab Boody & Le1f, mais je trouve ça beaucoup plus poussé et original. Votre cerveau résistera-t-il au lent poison de 18+ ? Ben non.
MIXTA2E en téléchargement ici (gratuit / légal)

- Noir Noir : V.I.T.R.I.O.L.
Le genre de Rock joué dans une cave grouillante d'insectes, de cafards, entre la saleté et le salut. Impossible de mettre une étiquette ou même de réellement expliquer le son organique et enfantin, noirâtre qui coule dans le casque lors de l'écoute de ce V.I.T.R.I.O.L. Quoi qu'il en soit, on a affaire à un disque d'excellente facture - et la seule chose un tant soit peu comparable qui me vient à l'esprit serait Aluk Todolo, dans un genre bien différent certes, mais on y retrouve l'ambiance étouffante, Black / Rock fumant et ce côté touffu étrange.
How to become a vulture party

- Elements, Vol. I : Sun Hammer / Radere
Holyoak! Resounding frappe fort, très fort, aussi fort qu'avec leur première sortie cody yantis et nous produit un petit split d'une demi-heure qui nous montre avec excellence et délicatesse que l'ambient est bel et bien vivant. Une onde froissée, entre végétale et minérale, qui s'anime lentement, répétitive. Singulière, même. Un moment de calme et de beauté...
Elements

- Appalache : Sourire
Au moment où j'écris cet album vient de voir le jour et personne n'en parle encore, mais j'imagine que cela se fera bientôt. Tantôt souriant, tantôt pluvieux, tantôt carrément déglingué, Appalache verse dans le rock indie / post-blues / je m'éclate totalement, et ça fait plaisir de voir un vent de renouveau dans un genre que pourtant à la base je n'apprécie que peu. L'album est un peu retro comme il faut, on y trouve un sacré groove mais n'allez pas croire que c'est du petit rock radio-ready ! Les chansons Kiki ou Marie Meow viennent d'une planète lointaine, je vous le dis !
Marie Meow

- Meridian Brothers : Desesperanza
Musique du monde surréaliste de Bogota qui s'inspire de la salsa et de la musique tropicale pour en faire un vrai bordel psyché et bancal (dans le bon sens du terme). On retrouve une touche de surf music pour le côté ensoleillé et acide, mais c'est aussi assez sombre comme le laisse présager le titre avec des arrangements tordus et des sonorités toujours à la limite du dissonant. Un bad trip bien sympathique, perdu entre les années 50 et la musique d'avant-garde de nos jours.
En gros c'est excellent.
Salsa Caliente (Versión Aumentada) 

- Afghan Gold : R.I.P
Afghan Gold, c'est un genre de Doom sans guitares électriques, un truc traditionnel et rauque qui sort des caves de l'Afghanistan. Lo-fi folk style Ilyas Ahmed qui se met à déconner sec. C'est le truc tapis dans le sable, et qui prend aux tripes. A l'arrache, à l'arrache totale, avec sa gratte qu'il défonce et le flûtiste sorti de nulle part. Une beauté du moyen-orient passée inaperçue - une fois de plus.
R.I.P.

- Imiafan : Old School Surprise
Ici c'est ce que pourrait donner la pop en 2050. Le label a d'ailleurs pour maxime 'post-avantgarde pop for a pre-apocalyptic world'. Minimale et sombre, presque sans âme - en fait assez proche du travail de Haus Arafna. Une jolie folie analogique aux paroles empruntes de dadaïsme. La chanson 'The park' reprend d'ailleurs un texte de Tristan Tzara, grand propagandiste dada ! Imiafan a beau être froid, il sait tout comme Joy Division, entraîner, faire bouger.
You know why ! You know why ! You know why !
Old School Surprise

- Secret Birds : In Hex
Essayez de vous représenter un mix entre les sorties de chez Sonic Meditation et le travail d'Angus McLise sur The Invasion of Thunderbolt Pagoda. Avec sa dose de krautrock empâté et son petit côté percu sympathique, Secret Birds - dont on a bien trop peu parlé... - se taille une place de premier choix dans le rock psyché / choucroute / ambient floydien. Ce machin est juste dingue et audible pour tous, foncez!
In Hex

- Pierrot Lunaire : Theme for Ascension and Eternal Love
Celui-ci, je vous l'accorde, la presse musicale en a parlé. Mais finir sur ce délire sonore qui coupe et colle la musique comme on le ferait avec un magazine, des ciseaux à bouts ronds et une feuille de papier, c'est l'idéal. Un régal de collage qui mérite qu'on s'y penche, même si rebuté au départ par les grésillements en continu du son. "Take me with you" noie dans la reverb une voix hallucinée qui se mélange à du sax, puis l'instant d'après boum plus rien - ou plutôt si, on dirait un genre de bande originale d'un Disney d'époque. Encore un qui s'est sacrément perdu dans le temps, et ça mérite de s'y attarder.
Take me with you (excerpt)

samedi 1 décembre 2012

Cyril Diaz & His Orchestra - Voodoo 10" EP


Un bon coup de Calypso music ? Lecteur, bienvenue dans les Caraïbes! Trinidad, prochain arrêt.

Aux infâmes félons fêlés qui me lisent sans connaître le Calypso, voici un petit résumé du genre :

C'est avant tout une un genre Afro-caribéen, né à Trinidad-et-Tobago (l'île à bâbord !) au début du XXe siècle, mais son histoire remonte en fait à l'arrivée des esclaves africains dans les Caraïbes.
Interdits de parler entre eux, ils se mirent à communiquer par le chant puis par la musique. Alors que les colons français amènent le principe du carnaval sur l'île, les esclaves eux n'ont pas le droit d'y participer et créent donc leur contre-carnaval, le Canboulay. De fil en aiguille, cela a créé le genre Calypso - malgré des interdictions de jouer suite à des émeutes, et l’oppression des colons sur les esclaves, cela n'a en réalité que renforcé le besoin de jouer de la musique ! Puis vers dans les 30's - 40's avec l'arrivée de la US Navy, le genre s'est popularisé, et s'est imprimé dans notre culture, touchant de Tim Burton à Dizzy Gillespie - avec son magnifique 'Jambo Caribe'.

Cyril Diaz & His Orchestra c'est du calypso instrumental, inspiré tantôt de la musique hawaïenne, tantôt teinté d'arrangements cubains, pour finir dans la pure tradition du genre ("Serenal"). On se retrouve sous des tropiques abîmées avec un son bien métissé des années '50 qui donne une seule envie c'est de se lever et de danser avec ce rythme fascinant. Les percu enivrantes se mixent dans une orgiaque ensoleillée - sans agresser l'oreille de bonne humeur pourtant - alors que le lead cuivré a un tel groove que c'en est clairement obscène !
"Vodoo" c'est vraiment cette ambiance syncrétique, sincère, d'antan qui prend aux tripes et qui donne envie de briser ses chaînes et de s'agiter en chantant. Entre certains passages qui me rappellent du klezmer et d'autres un pur feeling d'Afrique noire, bordel on peut le dire, c'est un indispensable !
Tout simple et pourtant tellement emprunt d'une époque, d'une atmosphère et de sentiments. Les lignes d'instru s'envolent de partout, c'est absolument génial.
Cyril Diaz a cette capacité de rendre vivant tout ce qui vous entoure, d'un coup d'un seul !

Sorti chez Soundway, ltd.1500 pour une misère.

mardi 27 novembre 2012

Mythological Eoarchean Cosmonauts - Totem Echo

Mythological va nécessiter quelques explications. Tout d'abord dans la manière de composer ce « Totem Echo », un bel album de Black Metal créé notamment au... Casiotone MT-65. Ici donc, point de prose (point de croix, point de tige, point lancé, point de plume..!) mais un bon coup de synthfreak attitude.

Arrêtez ce que vous faites – descendez en bas de l'article et lancez le player Bandcamp.

Mythological Eoarchean Cosmonauts attaque sur une longue piste psyché composée uniquement au casiotone, les sons délavés passés sous delay avec une drum-machine foireuse – et tout aussi séduisante ! Un délire analogique sous-marin bardé de lumières étouffées. Abyssal, bruyant, de plus en plus oppressant. Et puis le monotron se mélange à la flûte en bambou. Toujours ce delay infernal comme si le temps s’emmêlait les pinceaux, hyper-réel, organique, et paradoxalement 8-bit (on le ressent très bien avec les petits bips au début de "Black Stone"). Un sale mélange entre la ganja musicale des années '70, le cinéma bis italien et le trip tribu d'Océanie aux rites bordéliques.

Quant au Black Metal, il arrive, soudain, raz de marée saturé. Ça bruisse et ça crisse de partout, le tambour cheap de la drum-machine transporte au-delà des espérances dans une ambiance jeu-vidéo-rituel. C'est de la sorcellerie !

Pour tout dire, ce melting-pot historique qui fait se rencontrer aliens, natifs, informatique et traditions me fait beaucoup penser au film Slow Action. Car si Ben Rivers nous montre la tête de ces énergumènes perchés sur des îles imaginaires, Mythological pourrait bien simplement s'être rendu sur les lieux et nous livrer un document, aussi précieux qu'erroné, des coutumes musicales locales. Blood of the Black Owl qui se shoote à la vapeur de volcan pixelisée, avec une sacrée dose épique (si si, la partie II de "Black Stone" en témoigne!) inévitablement impossible à prendre au sérieux du fait des claviers perchés. Mais ce charme, ce charme qui fait tout. Ce « Totem Echo » aurait été composé avec les sons du flipper du bar d'en face de chez vous, il en resterait sincère et truffé de magie ancienne.

Un véritable aller-retour vers Nandauwas, où l'on arriverait par la nage dans la cité perdue si chère à Lovecraft (Nan Madol) pour un cocktail mystique molotov. Quelques apparitions, gravures et visions près de la tombe royale et un retour plus effrayant encore que l'arrivée - que représenterait selon moi Underwater II. Ce fantasme que devient "Totem Echo" lorsqu'on l'écoute nous ferait presque rencontrer la faune et la flore, palper des doigts ces monolithes qui bougent lentement.

De l'ambient paumé entre musique ethnique et black metal chiptune.
Du coup, je vais me remettre du Yøga dans les veines.

Version physique limitée pour bientôt.

mardi 20 novembre 2012

Le Caveau de l'Empereur #0

dimanche 23 septembre 2012

lnndl - Le Passager Des Etoiles

Le modèle Randall-Sundrum s'amuse à avaler mes pensées, et la neige qui tombe au dehors, ce n'est pas de la neige. Ce sont de minuscules trous noirs.
Ils tombent au dehors - mais au dehors de quoi ?
Il n'y a rien autour de moi. Du vide qui fait du bruit. Le chaos qui se réorganise.

Mon enregistreur à bandes magnétiques!
Field-recording du Big Bang. Crac! On me vole ma colonne vertébrale et j'en ai des spasmes. J'ai le mal du pays. Il a implosé. Natal.

J'ai voulu attraper l'horizon mais je n'ai trouvé que des nuages. Et ils m'ont percé le cerveau, se sont répandu de mes oreilles jusqu'à en faire de la poudre. Lakka spatial.

Transuniversel vers 17h 45m 37.224s, −28° 56′ 10.23″ (J2000).
Enclenchement du warp en direction des pôles du cosmos. Quelques secondes de saut dans l'espace-temps où l'on a l'impression de devenir l'Atman.
Il faut que je quadrille. En spirale. Tourner. Enregistrer le chant de l'oiseau céleste. Et le perdre. A jamais le perdre. Car il faut suivre la Ligne.

Certains me comprendront.

Décrire la musique d'Alexandre Casademunt serait la réduire. Disons simplement qu'il est dans un futurisme musical encore plus poussé qu'Autechre (Tri Repetae), dans un inaudible totalement séduisant qui me ravie.
Il m'est littéralement impossible de poser des mots sur cette œuvre, je ne peux que dire que cette écoute est quelque chose à faire absolument dans une vie.

mercredi 5 septembre 2012

A bunch of gall

A string of coma
Whatever. Who will deliver me from myself ? Surfing in the depth. Babylon, it's time to rise.
Bracht se télécharge gratuitement et légalement sur le bandcamp de l'artiste.
Thomas Belhom s'achète chez Ici d'ailleurs.
Kinit Her chez Small Doses.
Monster Rally est gratuit sur le bandcamp.
Trepaneringsritualen est sold-out (version tape ici).
Support the plague!

samedi 25 août 2012

Golders Green - Suite n°2 in Drone Major (op.3)

Si tout n'était que résonance. Le choc des atomes, des molécules. La rencontre fortuite d'êtres titubants.
Mon radiateur me parle quand je me cogne la tête contre lui.
En tendant l'oreille, tout chante - des fenêtres aux cheminées. Si tout n'était que la résonance des cloches. Tout serait vague, erratique. Cherchant le soleil, rampant et s'entassant jusqu'à former des rocs.
Chanter dos au sol, formant d'immenses idéogrammes à la gloire de l'oubli d'un culte. La plante des pieds contre la tête.
Jusqu'à la formation d'une île. Ou d'une presqu'île.

Après quelques coups contre la grille de mon radiateur, je ne sens plus rien. Le bruit métallique résonne dans mon crâne - et l'eau qui s'écoule dans le réservoir me semble s'infiltrer dans mes oreilles dès que je me concentre dessus. La possibilité du ciel.


La tête dans les cloches. Oscillant de droite à gauche, et m'écrasant inévitablement sur les parois. Il est ...h.
Ma tête et les cloches tout en bandes magnétiques. Nos fidèles de plastique chantent avec une voix abîmée. La liturgie d'un déchirement céleste. Je vois la tête! Il est électrique.

µ Ara c

Je ne sens pas, je ne ressens pas. Je suis. L'inaudible dans la peinture, l'invisible musical. Acousmalgie.
Après que tout se transforme, que tout se consume, resteront les échos.
Le corps inanimé du muezzin exhalera toujours un adhan déformé.
En voici un enregistrement.

Golders Green nous vient de Byron Christodoulou, et est à la fois très mélodieux, mais aussi noise et drone au possible. Influencé en grande partie par différents chants religieux (il cite entre autres les liturgies roumaines, les chants byzantins, les gospels afro-américains...), mais aussi selon moi par James Ferraro, l'album s'en trouve comme un manifeste de différentes religions, oublié et naviguant quelque part, cramé par l'eau, le sel et le soleil. Impossible ou presque d’apprécier ce fruit, amer lors des premières écoutes mais de plus en plus attrayant après quelques "efforts".
Sans aucun doute la sortie la plus expérimentale de chez BLWBCK, et l'une des curiosités musicales qui m'aura le plus emballé ces derniers mois.
Amateurs de noise, drone, religions, lo-fi, tape manipulation, ovnis, collages sonores, ambient... jetez-vous dessus.

Sortie à venir (et aussi un stream intégral pour bientôt j'imagine!).
Pour le moment, deux chansons sur le BANDCAMP et un pre-order chez... BLWBCK (ltd.55)

mercredi 22 août 2012

Ichtyor Tides - Mortisle Elytrion

Lors de mon codage, quelque chose a raté. Inclure la réalité augmentée à ma rétine pour me résoudre à ne rien comprendre. Les plantes - du moins les rares qui s'obstinent à vivre, les nuages de grès, le ciel de plomb, ne sont pour moi que des pixels. Les êtres, non plus vivants mais plutôt habitants, se résument à une tripotée d'informations digitales erronées.
Je suis une production.
J'espère ne pas être un produit.

Le ciel est bleu. Enfin je crois. On m'a dit qu'il était bleu comme cette fleure... le coquelicot. Il est bleu.
De toute manière, de quelle couleur pourrait-il être ?
J'aime écouter les autres se taire. Entendre le cheminement de leur souffle mécanique à travers leur poitrine vide où rugit l'essence. Il fonctionne même au zéro absolu.

Fléchir : le Dictionnaire le décrit comme un synonyme de "réfléchir". Plus personne n'utilise ce mot. Il n'a sûrement pas survécu au zéro absolu.
Ni aux salutations dégingandées dans l'escalier. Il est plein de moustiques. J'adore les laisser s'attaquer à mon substitut de peau. Descendre. Les bras écartés - et ne former qu'une croix. La vermine sur mes épaules. Toujours plus bas. Sentir le bitume et l'accepter comme son sauveur. Sentir sa couche artificielle de parfum réchauffé. Ne pas l'accepter. Traduire.
J'aimerais pouvoir me flétrir. Brancher mes fils et pénétrer l'univers. Vider mon âme et vendre ce corps que je n'ai pas.
Naître dans l'éclair insensé d'une erreur me donne plus de raison d'être que tous ces gens prévus et voulus.
J'envie seulement leur non-être. D'homme je veux devenir chaîne.

Reification. Au fond c'est ce que tout le monde veut. C'est la cause première de la mort. Devenir une chose, dans une boite. Ou jetée à la mer.
Il va bientôt falloir que j'aille dérouler les vagues.
J'aime voir les gens inertes. Les choses inertes. Les vagues inertes. Je n'irai pas les déplier aujourd'hui. Car c'est ici que la beauté réside. Dans ces murs vivants de leur inaptitude à exister. Bien plus qu'un homme.
Et suppositio nil ponit in esse.

Peau : Ce matin j'ai décidé de me l’arracher. Plus de légèreté. A vif, piqué par la prison que se révèle être l'infini. Inhibé. Ne plus rien sentir. Devenir le non-vivant, qui se meut comme la pierre.


Ichtyor Tides est un projet français entre l'indus, le drone, l'ambient et la noise incorporant à sa musique de la poésie. Non seulement la musique, plutôt rythmique, est en elle-même intriguant et parfaite pour qui a une imagination digne de ce nom (!), mais les passages narrés de poésie urbaine sont tout simplement magnifiques. Entre haiku et désespoir scandé, IT dit se sentir proche d'Arnold Böcklin, à raison.
Un travail sur la dystopie qui nous la montre sous un angle froid, dénu(d)é d'artifices, mais splendide en ceci qu'elle peut créer les pensées les plus vivantes.

Le CD (ltd.100) est sorti chez le label INVIDATION.
Avis aux amateurs de musique / poésie !! Chaudement recommandé.

lundi 20 août 2012

Loss of Self - s/t

C'est drôle, mais la neige formait un étrange marbre, veiné comme de cheveux. A perte de vue. L'aridité me prenait aux bronches, mais je crois que rien ne pourra m'empêcher d'allumer cette cigarette.
A chaque bouffée, elle rétrécie, et je me dis que c'est comme tout. Une respiration de plus en plus intoxiquée. J'ai entendu dire que l'univers fonctionnait un peu comme un cœur... En expansion en ce moment, jusqu'à ce qu'il se rétracte.

Le mien justement, m'a tout l'air de faire une syncope. Le sang n'afflue plus. J'ai la vue qui se trouble, du blanc moiré tout passe au noir.
Comme si tout s'inversait dans une pluie de symboles : les filaments noirs sont à présent blancs.
Et tout s'arrête.

Ku ku ku.

Tout vrombis, une dernière fois - ça rugit.
Tout me fait mal, j'ai envie d'arracher mon visage, de me scalper. Le temps fera le reste, et fondra ma crinière à la pierre...

Il ne me reste plus qu'à devenir un astrostoppeur. Fermer les yeux, prendre les étoiles, et partir sur la première comète...
"J'ai besoin d'un excès quelconque pour quitter le système solaire quelques secondes ou quelques plombes. Allongé sur le sol de la salle de bains, énergie à zéro, mais j'ai les choses en main."


Loss of Self est un jeune duo australien. Black Metal et Post-punk des chaumières, je dirais presque dans le style cascadian. Voici deux raisons de vous pencher sur ce projet : la musique est excellente, et leur disque (limité à 49 copies!) est distribué gratuitement, où que vous soyez dans le monde. Il suffit de demander ici. Tout est sur le bandcamp.
Support the plague! Un mail ne coûte rien et ça leur fera sûrement plaisir !
EDIT : Sold-out // voici le portfolio de Jacob, qui vaut le détour.

mercredi 15 août 2012

Wreck and Reference - Interview

WRECK and REFERENCE
AN INTERVIEW (BUT NO FUN!)

On Ambient Churches


 
AC : "What is your name?" *

Ignat: Nous nous appelons Wreck and Reference. Nous sommes deux, chacun avec notre propre nom, mais c'est une autre question.


AC : "What is your quest?"

Ignat: Je ne suis pas sur que nous en ayons vraiment une. Et toi, quelle est ta quête ? Peut-être que ça (nous) mettrait sur le chemin pour comprendre la notre.

Felix: J'allais dire que notre quête était de trouver le Saint Graal, mais je viens de me souvenir qu'on est censés rester énigmatiques dans nos interviews.


AC : "What is your favorite color?"

Ignat: Le problème avec les couleurs c'est qu'elles distraient les gens de l'essence de l'image. La couleur est souvent sans contenu. C'est pourquoi je pense que je préfère quand les objets ne sont pas colorés.

Felix: #41383C

AC : Que pouvez-vous nous dire sur Wreck and Reference ? J'ai vu quelques photos de vos concerts... et vous jouez sans guitares ! Pourtant en écoutant votre nouvel album j'aurais juré qu'il y en avait. Le son en lui-même est quelque chose de très important pour vous, non ?
Vous pourriez nous en dire un peu plus sur votre manière de composer ?

Ignat: Plus de 60 ans de rock avec des guitares et tu en voudrais encore plus ?! Les guitares sont chiantes ! Bien que j'ai écris quelques chansons à la guitare, beaucoup sont le résultat de samples passés dans un séquenceur, sur l'ordinateur. C'est une approche différente du rock, et j'aimerais espérer, non-conforme.
Est-ce que ça marche ?

Felix: Nous avons beaucoup discutés de notre méthode de composition et de nos efforts pour nous surpasser musicalement, mais pour être honnête, je ne pense pas que je pourrais être content en écrivant une chanson uniquement sur une guitare. Du coup, le procédé a défini la musique, et vice versa.


AC : Pour vous citer : "Il y a aussi un thème mis en avant qui est le déterminisme. L'Humanité n'est pas dotée du libre arbitre puisqu'elle est mûe par une inexorable séquence d’évènements physiques et chimiques qui perpétuent l'organisme et la réalité humaine dans les abysses – la fin de toute vie."
Vous vous sentez proche du concept de vanité ? (je pense au tableau "Les Ambassadeurs" de Hans Holbein). Une chose est sure : ce n'est pas un nihilisme standard...

Ignat: J'ai aimé ta question, et j'ai du faire quelques recherches pour y répondre. Je pense que la principale différence entre la vanité de Holbein (le crâne) et le nihilisme vers lequel nous tendons est que la vanité découle d'une perspective d’existence, un genre d'inutilité face à la mort. Le nihilisme auquel je me rattache préfère une vision du monde comme d'un fonctionnement "physique" (rationnel), qui en fait n'est pas tellement du nihilisme quand on y pense. La réalité vue par l'homme est une interprétation insignifiante d'une fraction d'un monde physique qui est en fait contrôlée par le mouvement des particules et des masses suivant des règles établies, si on voulait donner du crédit aux recherches. Notre compréhension se résume au grattage de la surface des choses.
De ce point de vue, l'existence humaine n'a pas de sens car elle est dans une continuité de quelque chose de bien plus grand qu'elle, notre esprit joue un peu le rôle d'un conduit pour l'espace, et du coup il nous faut rejeter tout anthropocentrisme, volonté d'existence, mais aussi ce crâne (celui de Holbein!, ndlr). Souviens-toi de la mort, ou pas. De toute manière ça ne fait pas de différence. Si l'univers suit des règles qui peuvent être approchées de manière mathématique, cela ne peut que nous amener à la rationalisation. Selon moi, le nihilisme c'est nier cette approche méthodique, c'est à dire l’éthique ; donc la croyance en la prédominance du rationnel (physique) est contraire à toute croyance basée sur le "vrai" nihilisme.

Felix : On a pas encore trouvé de qualités analgésiantes dans notre philosophie bâtarde. A bien des égards, notre musique est le résultat sonore de notre avenir arrivant à son terme, avec ce que nous comprenons comme étant la vérité et les besoins corporels qui nous tiraillent.
Puisque nous sommes apparemment incapables d'apathie, on va continuer à utiliser l'alcool et la fatigue post-concert comme nos méthodes d'anesthésie préférées.


AC : Votre nouvel album s'appelle "No Youth" (ou, plus précisément, le mot Youth est barré sur la pochette). Pourquoi ?

Ignat: On a pris du LSD un jour, sur une pelouse bien verte avec le soleil qui luisait. C'est à ce moment qu'on a écrit et enregistré Youth. Je me suis demandé pourquoi, au milieu de la beauté et de la nature, deux jeunes hommes en pleine 'floraison' avaient une si forte tendance à se priver de tout ça en écrivant sur la dépression, le fait que le bonheur est futile... mais aussi en le vivant réellement, ce n'est pas juste un travail de fiction. Je n'ai toujours pas de réponse à ta question. Mais je pensais que ça pourrait être bien de faire un album qui expliquerait pourquoi notre premier disque était si emplit de misère et de fatalisme, et pourquoi on tend inévitablement vers ça. Je ne suis pas certain que nous l'ayons vraiment terminé, mais Youth est une veritable excursion dans beaucoup d'aspects très personnels de ma vie et de mon histoire, et touche aussi quelques questions de société. De diverses choses qui nous privent de vivre et nous mènent vers ce vide et cette depression.

Felix : La prochaine fois W&R prendra plus d'acide, fera un album folk, splittera et puis on se tuera.


AC : Je serais bien curieux de vous voir jouer de la folk !
On peut donc dire que
Youth est à la fois un album sincère et personnel. Mais si je comprends bien, c'est aussi très rationnel, pas de magie (magick), rien d'autre que l'Absolu.
Tout ça me fait me demander une chose : vous considérez W&R comme une entité musicale ? Ou un pur produit rationnel et mathématique ? Comme toute chose en vérité.
Si ce n'est plus de la musique à vos yeux, comment le décririez-vous ?

Felix: On approche l'absurde ici. Il existe une infinité de manières pour décrire Wreck & Reference, et je n'ai aucune autorité en la matière ; là où la vérité git entre le ridicule et l'empirique. Plutôt que d'essayer sans relâche de cataloguer W&R, je préfère remercier le frisson et l'inconfort que provoque l'indéfini. Il y tellement de choses pour lesquelles j'aimerais dire que ce n'est pas moi, mais si nous revendiquons le droit à une identité ou un but singulier, j'ai peur que nous devions sacrifier beaucoup de notre liberté et de notre amusement (coïncidence, c'est justement deux choses en lesquelles nous ne croyons pas.)


AC : Merci pour tout, j'espère qu'on vous reverra bientôt en ces terres !
Je vous laisse le mot de la fin.

...



* : Référence au Monthy Python and the Holy Grail.

PDF :


Traduction par Ambient Churches, 2012

mardi 14 août 2012

Celer - Epicentrum of redness and lightness

 Aujourd'hui je me suis allongé sur le lac. Vous savez, ce lac. Cherchez, vous le connaissez.
(Ils ne voyaient pas de quel lac je parlais...)
Pourtant j'y vais, souvent, trop souvent. J'aime à y noyer mes pensées. Et en flottant sur cette eau claire qui reflète le ciel, j'ai beau me dire que toute cette pression que les gens me mettent, toutes ces mauvaises choses qu'ils ont en tête ne sont que...
(Les flots se creusaient sous moi, non plus comme un lit mais comme une faille.)
J'ai commencé à m'enfoncer dans les entrailles des eaux. Mes pensées sont très rapidement devenues des réflexes nerveux, et de contemplateur je passais à "survis!"
Je tentais d'agiter mes bras et mes jambes de manière synchronisée, à la manière d'une grenouille dont, j'espère, je n'avais pas l'élégance.


(De l'air, de l'air !)
Mes poumons se rétractaient, comme si je revivais ma naissance à l'envers. Aspiré.

Et j'ai voulu crier, sous l'eau - mais sous l'eau le son se résume à quelques bulles, en surface... Quelques frissonnements au loin, sûrement des poissons, et quelques lumières, sûrement... sûrement...

L'eau dans les poumons. J'ai respiré la moitié de la faune et de la flore par la même occasion.
Je ne sais pas si vous en avez déjà fait l'expérience, mais c'est à ce moment que tout se floute. Que tout devient distant, et que cette seconde où l'on devient le lac est tellement distordue qu'elle est en fait une brève éternité.

Quoi qu'il en soit, c'est là que je me suis mit à tout voir comme à travers un prisme. Coloré, tournoyant, d'un calme oppressant. Un calme lumineux et kosmischique. En plein délire, me direz-vous, mais lors de cette noyade tout me parlait, tout... chantait. Et je me suis mis aussi à chanter, sous l'eau - enfin c'est ce que je crois.
Même si j'étais face à la terre trempée, au fond, je me sentais monter dans une irrésistible quiétude. Je préfère décidément ce fond marin aux open-space. Pourtant tous les poissons me voient, ici. Moi qui n'ai pas de branchies, je devrais me sentir ridicule.
Et puis j'ai levé les yeux. Et j'ai battu des paupières. Je me souvenais de cet endroit, vu d'en haut, d'au-dessus de l'eau. Et je me suis souvenu d'elle. Enfant. Je m'étais accroché à l'arbre, en cochon pendu. Et comme moi aujourd'hui, elle avait bu l'eau. Elle en avait bue jusqu'à inonder les 35% de son corps qui n'étaient pas de l'eau.
C'est un peu comme un cimetière de baleines... ici viennent se retrouver ceux qui sont perdus. Et les yeux vers leur ciel, chanter. Je m'étais toujours demandé ce qu'étaient ces interférences, à la surface des lacs.


Celer est le projet de Will Long, un artiste très productif dans la scène ambient (sous diverses formes). Et ce n'est pas parce qu'il produit beaucoup qu'il produit mal. Au contraire, il livre des heures de rêve, et d'impression de coma surréaliste... je vous invite à découvrir le travail de ce merveilleux artiste sur son site.

Cette article regroupe trois de ses nouveaux albums :

Epicentral Examples of the More or Less (100 copies en CD)
Lightness and Irresponsibility (300 copies en tape)
Redness + Perplexity (digipack limité et chaudement recommandé !)

A bunch of blackness

Crowhurst :: Hindouisme dépravé // Pre post-apocalypse // Sexe, poison, céleste.
Ninika :: Krautnoise // Amour et astreinte // Couleurs.
Ehnahre :: Ailleurs // Quelque chose // Attend.
Wheels within wheels - The Six Months of the Northern Course of the Sun :: BM lvx OrigΔmi - Memories :: Time travel // Electro Minimale // Pays des Merveilles  

Crowhurst va être produit en tape (ltd.) chez Chondritic Sounds 
Ninika va sortir en tape très bientôt sur NoVisible Scars
Ehnahre est à venir en CD limité chez Crucial Blast 
Wheels within wheels est réédité chez EEE
OrigΔmi se trouve chez Disaro

lundi 13 août 2012

Tele.s.therion - Hinthv Ritvvm


Tele.s.therion. Un nom plus qu'étrange pour un projet d'acousmatic black metal mené par .S., chez RadicalMatters Editions.
Le nom est en réalité "Teleth . Sigelion. Therion".
Voici quelques clefs pour déchiffrer cette œuvre de musique contemporaine... (si la flemme vous emplit, partez directement écouter en bas de l'article!)



     
.τελετη.
Le Teleth est en grec la cérémonie, le culte, le fait de vouer un culte.
       .
.σιγελιον.
Sigelion serait, dans l'occultisme, le dieu - grec - // incarnation d'Horus (?) du Silence.
La parole est d'argent, le silence est d'or.
      .
.θηρίον.
Therion est la Bête de l'Apocalypse. Le nom en lui-même est déjà un sceau (sigil) sur lequel je vous laisse méditer. Trois termes qui, mis ensemble, sont sujet à une interprétation personnelle qui vous mènera à appréhender la musique sous un certain angle.

"As in the Eleusinian Telesterion, the listening become a physical action, it could be fixed like you fix the sound. The quality of the Silence is the set-up where the sound is propagated, the silence could be “designed” in its “quality”, as reflecting or absorbent; through the Silence it’s possible to manipulate the sound during recordings music."

Tele.s.therion est un projet qu'il serait possible de qualifier de sigillaire. L'entité se revendique de l'Ars Echemythia, soit le vœu de silence Pythagoricien - rite de passage pour entrer dans l'école de pensée et de vie Pythagoricienne. Ceci est lié à Pierre Schaffer, pionnier de la musique acousmatique, qui avançait que l'akousmatikoi était le cercle des disciples de Pythagore, ces derniers ne l'entendant parler que depuis derrière un voile. Voile que seraient ici les enceintes.
Ce rite commencerait donc par le silence, comme tout rituel. Du Chaos (Χαος, le Dieu primordial), de la faille ouverte, naît irrémédiablement la vie.
Une musique qui se tait car elle est la naissance de votre esprit, mais aussi le produit de cette dernière. Rien en elle-même. Rien si ce n'est des vibrations, des pulsations, des chuchotements concrétisés, coulés mais volatiles. Comme le shaman inhalant les vapeurs de volcan et l'augure s'ouvrant à l'etrusca disciplina, Tele.s.therion est un appel aux divinités chtoniennes (χθών, en grec "la terre").
Hinthv Ritvvm s'axe aussi sur différents manuscrits - ce qui n'est pas sans rappeler le travail d'Aleister Crowley.
Le Liber Linteus Zagrabiensis (un calendrier étrusque donnant des lieux et dates de rituels afin de prier les Dieux, pas entièrement déchiffré), la tablette de divination Liver - Piacenza, étrusque elle aussi, ainsi que divers manuscrits occultes sumériens. Ceci ferait cette fois bien plus penser au travaux récents de Michael W. Ford, occultiste étudiant la magie (du proche-orient) sous l'angle de l'adversité, de Lucifer [dieu porteur de lumière et de connaissance, "l'étoile du matin", Venus] afin de dégager la puissance par la connaissance.
Tele.s.therion pourrait être l'incarnation musicale de ces travaux, par un principe acousmatique et concret.


Hinthv Ritvvm est la bande-originale de la voie vers les Profondeurs. Le projet propose deux CDs, à écouter de préférence simultanément sur deux chaines hi-fi afin de créer sa propre expérience en lançant le deuxième CD au moment que l'on veut, et à la force que l'on veut. Ayant lancé les deux en même temps, haut-parleurs devant et derrière moi, très fort, je ne peux que vous recommander cette expérience hors-norme. La puissance d'immersion est supérieure qu'au casque, et il faut avouer que le mélange Black / Doom / Drone, avec du chant crié, tibétain, chuchoté, couplé aux basses qui font penser à des chutes de pierres a son petit effet. Le sol s'écroule sous le poids de l'univers en chute libre.
Le chemin des abysses se révèle, et il n'est pas aisé de placer un pied devant l'autre sans frissonner. Les créatures autour de vous sont des chimères sans visages. Et pourtant cette angoisse a un goût délicieux de mystère. Le son s'arrête, et le silence qui le suit n'en est que plus irréel.
Car tout est consumé.

Le rituel est mené par .S. et Lunurumh (aka Astral Lueur). Le duo vous mènera dans la magie acoustique la plus troublante et intrigante que vous ayez jamais vu.
Préparez-vous, car l'Apocalypse est personnelle, et cet enregistrement en est un zest détonnant.
Plus qu'à l’œuvre de Schaffer, Tele.s.therion me rappelle beaucoup le compositeur français Edgard Varèse. Tous deux s'expriment d'une manière ovniesque.

Le digipack avec inserts, etc. est vendu chez RADICAL MATTERS EDITIONS.
Et voici une page où vous pouvez écouter cet HINTHV RITVVM en stream, avec en prime une mini-console de mixage !
Soutenez-le car son travail est monumental.

vendredi 10 août 2012

Astral Lueur - Umbra Lemures

Le petit matin se lève, la cabane tient bon. Les portes claquent comme les serres d'un corbeau. J'ai l'impression que les murs tremblent, et me veulent. J'ai l'impression que ce matin a été ravalé par la nuit.

Pourtant on me l'avait dit. Ils me l'avaient dit, que Demerdzhi pouvait être un endroit étrange. Mais je ne voulais pas entendre.
Seulement m'isoler. M'isoler. M'isoler.

N'avez-vous jamais entendu la musique d'une chambre, aux heures les plus noires ? J'ai toujours la sensation que des violons jouent, au-dessus de mon crâne.

Ce coin, je n'ai jamais osé y aller. Juste derrière ma chambre - où mon lit en hauteur commence à coller, a cause de l'humidité et de diverses fluides - il y a ce petit coin. Je l'entends. J'entends sa bouche et ses ongles former une mélodie qui me rappelle les pulsations de mon sang. Il fait si froid. Et pourtant je boue.

Ce n'est pas cette chose, là-bas, qui crie. C'est moi. Elle me fait peur, à être recroquevillée comme ça. Je ne suis là que depuis quelques semaines et je sens déjà que mon regard se vide. Elle me tourne le dos. Ses mains près de sa bouche, comme si elle mâchonnait quelque chose depuis tout ce temps. Sa colonne vertébrale est saillante, et noire. Tout comme le sol. J'ai oublié de retirer mes bottes, de retour du marécage.

Les pièces sont vides, et les fenêtres calfeutrées. Seul un vieux piano aux angles métalliques noircis et une machine pour moudre mon café - qui n'a pas encore servie, mais qui est déjà pleine de poudre charbonneuse.
Une semaine de plus, sans dormir. Je n'ai pas de miroir et je ne sais pas à quoi je ressemble. Je sens juste ma colonne se courber, sous le poid des nuits interminables. Les arbres ont commencés à rentrer dans la maisonnette. Et le bois à gondoler.

Elle commence à me rappeler Anna. Dans le fond, je ne sais pas pourquoi. C'est sûrement car c'est la seule forme de vie aux alentours. Je ne vais plus pouvoir me retenir longtemps. Et de toute manière, je commence à lui ressembler. Je me suis même attaché des grelots le long du corps. J'ai l'impression de devenir un peu de cette maison-musicale.

Ce matin je suis allé la voir. Elle n'a pas tournée la tête. Toujours les mains à la bouche. Quelques secousses nerveuses. J'ai tendance à me dire que je suis un peu devenu comme elle. Une partie de cet endroit. Enraciné au sol. Le calme me tue, et les murs cerclent mon horizon. Je me suis mis sous elle, à plat ventre, et je me suis endormi, alors que des gouttes d'eau me tombaient dessus.

La vermine a tout infestée. Le plafond s'est mit a moisir, et la maison semble respirer. Elle n'a pas bougée. Je suis toujours sous elle. J'attends que les gouttes me transforment en flaque noire. J'attends, en chantant.






Astral Lueur est un groupe de dark ambient Ukrainien portant sur les lieux abandonnés, sombres et aux atmosphères oppressantes. Le principe est de se replacer dans l'histoire des lieux et d'en mettre le ressenti dans la musique - il faut dire que c'est très réussi.
Extrêmement angoissant et original (divers instruments, cordes, ou vents!), le groupe mélange une ambiance proche du film Vampyr (Dreyer, 1932) avec des relents black metal, jazzy (!) ou encore rituels.

Sorti chez RadicalMatters Editions que je remercie grandement pour son soutien !
A bon auditeur, salut.

dimanche 29 juillet 2012

Strange pieces

What if I love strange things ? 
 

Sur le départ pour Berlin, les articles et autres découvertes sont en pause sur le blog, et ceci pour encore environ une petite dizaine de jours. Mais soyez patients, car j'ai été gâté de promos plus incroyables les unes que les autres !

En attendant, voici quelques groupes qui permettront aux boulimiques du conduit auditif de tenir ces dix prochains jours. Cliquez sur le nom de l'artiste / album pour voir la cover et le packaging en grand.
Il y en a pour tout le monde, alors enjoy ! 

Vesicus - Magi : Within the Sigil of Kia 
Ecouter - Acheter (8 copies en stock!)
Black Metal rituel, façon Urfaust, raw et déglingué. 


The Esoteric Connexion - Metaphysicults 
Écouter - Acheter (soon)
Folk psyché et expérimentale.


Mezektet - Mezektet
Écouter - Acheter
Side-project de Wolvserpent.
Black, Doom, Death, Ambient, instruments à cordes pincées, frappées, frottées... tout y passe.


Tardigrada - Widrstand
Acheter - Écouter
Black Metal qui a "défrayé" la chronique il y a peu, à la fois puissant et fin. Avis aux amateurs d'extrême raffiné ! Sortie en tape chez Fallen Empire.

Death Grips - Exmilitary
Écouter - Acheter
Sortie en tape et en LP. Si vous ne connaissez pas Death Grips (qui a pour le coup fait un gros buzz), alors commencez par ici, leur meilleure sortie à ce jour selon moi. Hobbo / Chamanique / Urbain mais surtout electro minimale et oppressante.

My Gold Mask - My Gold Mask
Écouter et Acheter (tape sold out)
Rock alternatif, indé ou je ne sais quoi, mais excellent dans son genre.

Andy Stott - Passed Me By
Acheter (double album!) - Écouter
Post-dubstep ou electro rêveuse, ce disque d'Andy Stott annihilera tous vos désirs et les remplacera par une beauté plus fine que de la soie.

Arve Henriksen - Chiaroscuro
Écouter - Acheter
Vous aimez Supersilent ?