dimanche 29 juillet 2012

Strange pieces

What if I love strange things ? 
 

Sur le départ pour Berlin, les articles et autres découvertes sont en pause sur le blog, et ceci pour encore environ une petite dizaine de jours. Mais soyez patients, car j'ai été gâté de promos plus incroyables les unes que les autres !

En attendant, voici quelques groupes qui permettront aux boulimiques du conduit auditif de tenir ces dix prochains jours. Cliquez sur le nom de l'artiste / album pour voir la cover et le packaging en grand.
Il y en a pour tout le monde, alors enjoy ! 

Vesicus - Magi : Within the Sigil of Kia 
Ecouter - Acheter (8 copies en stock!)
Black Metal rituel, façon Urfaust, raw et déglingué. 


The Esoteric Connexion - Metaphysicults 
Écouter - Acheter (soon)
Folk psyché et expérimentale.


Mezektet - Mezektet
Écouter - Acheter
Side-project de Wolvserpent.
Black, Doom, Death, Ambient, instruments à cordes pincées, frappées, frottées... tout y passe.


Tardigrada - Widrstand
Acheter - Écouter
Black Metal qui a "défrayé" la chronique il y a peu, à la fois puissant et fin. Avis aux amateurs d'extrême raffiné ! Sortie en tape chez Fallen Empire.

Death Grips - Exmilitary
Écouter - Acheter
Sortie en tape et en LP. Si vous ne connaissez pas Death Grips (qui a pour le coup fait un gros buzz), alors commencez par ici, leur meilleure sortie à ce jour selon moi. Hobbo / Chamanique / Urbain mais surtout electro minimale et oppressante.

My Gold Mask - My Gold Mask
Écouter et Acheter (tape sold out)
Rock alternatif, indé ou je ne sais quoi, mais excellent dans son genre.

Andy Stott - Passed Me By
Acheter (double album!) - Écouter
Post-dubstep ou electro rêveuse, ce disque d'Andy Stott annihilera tous vos désirs et les remplacera par une beauté plus fine que de la soie.

Arve Henriksen - Chiaroscuro
Écouter - Acheter
Vous aimez Supersilent ?

mardi 24 juillet 2012

Leben Ohne Licht Kollektiv / Immemorial - Quantum of abstract physics

Article illustré

Devant l'autel, à prier. A prier la poussière, à prier l'Éternel. Au nom du Père, du Vice et du Saint Esprit.
Je pris ma croix, entre les mains, et la serra. Les branches s'enfoncèrent dans ma paume. Les gouttes tombaient vers le plafond. L'architecture toute entière de l'église était en tôle, mis à part les vitraux de plastique fondu. Aucune lumière ne filtrait à travers. Alors ils étaient rétro-éclairés, sûrement par des néons. Le style XVIe s'était bien déglingué - mais c'était le seul petit éclairage que j'avais.
Surtout ne pas allumer de bougies.
Jamais.

Je plaçais mes bras derrière ma nuque et me mis sur les genoux, dans une sorte de posture de la mort.
Mes larmes et ma bile coulaient elles-aussi vers le plafond. Toutes ces gouttes se mélangeaient en une mare couleur rouille au dessus de ma tête. Ils ne doivent plus être bien loin, si les liquides tombent en haut.
J'avais l'habitude de voir ces quelques nonnes, priant, implorant leur Dieu Unique qui n'avait pas trouvé meilleur jeu que de leur vomir à la figure. Aujourd'hui elles étaient nues, encore droites, inertes, avec un genre de guimpe qui leur recouvrait aussi le visage. Je n'avais jamais vu corps si maigre. Malgré cela, je les laissais car j’endentais leurs chants encore s'élever. Je me surpris à toucher la peau de l'une d'entre elles.

Derrière les murs de tôle, plus d'horizon. Je crois que nous sommes un peu dans l'espace, perdus, sans plus avoir besoin d'aucune volonté pour se mouvoir. La plus petite impulsion vous fait parcourir l'infini sans pause café. J'aurais tout donné, pour un café. Mais sans air, plus de plantes, plus de graines. Plus rien. La croix suspendue au cou, ma toque et ma robe collées à mon corps, et mon masque à gaz.
Tout doucement commencèrent les pulsations sur la tôle.
Comme chaque soir. Ces tambours rituels qu'Ils jouaient sur le plafond de mon église. Impossible pour eux de rentrer, seul le clocher dépasse du sol. Ce bruit qui n'indiquait rien d'autre que leur volonté de pénétrer ici avait pris à mes oreilles un ton de comptine, qui berçait mes rêves. Les ongles grinçant sur le métal.
Des espoirs. Illusionné, perdu entre le réel et mes pensées, perdu depuis leur arrivée. Esclave de nos sauveurs génocidaires. Je m'écroulais alors que leurs ombres passaient devant les vitraux.
Ses yeux me fusillèrent du regard. Lorsque je le vis, il semblait... amusé.

"We stamped on our solar system
Until it would stop breathing
Now it's stricking back
By taking it's own existence
On the road to total annihilation
The deconstruction of the creation"



L.O.L.K. est un projet ambient / indus de I.Luciferia, connu pour deux de ses projets que sont Osculum Infame et Reverence. (à écouter/voir si vous ne connaissez pas)
Immemorial est quand à lui le projet de D.Luce, officiant notamment dans HkY, qui livre un dark ambient dans la même veine.
Les deux groupes piquent au Black Metal, au Doom, à l'ambient donc et divers genres pour nous laisser un goût de sang dans la bouche. Oui, vous vous en êtes mordu la langue tellement c'était bon.
Si vous aimez Sembler.Deah (le groupe de Dehn.Sora qui a aussi fait l'artwork de ce split!), Blut aus Nord - dans une moindre mesure - et que le calme et l’oppressant sont votre adrénaline du soir, alors vous avez trouvé quoi écouter.

Sortie prévue en septembre.

samedi 21 juillet 2012

Burial Hex - St.Vitus Bar Live

Aujourd'hui je vous propose un live étrange et rituel auquel, si vous me lisez depuis la France, vous n'avez sûrement pas pu assister. Heureusement, (((unartig))) était présent sur place, et a capturé cette expérience avec brio. Voici Burial Hex au St.Vitus Bar de New York.
J'en profite pour vous conseiller le magnifique EP "In Psychic Defense" de l'artiste, audible ici.

Merci à (((unartig))) pour cette vidéo
HD conseillée

vendredi 20 juillet 2012

Arno Boytel with Space Nomads - Silver Zone and the Destroyer

Part one //

Je ne me souviens que de petits détails. Le blackout m'a littéralement rongé la matière grise... Décidément je n'aurais pas du prendre autant de Jägermeister.
Ce bar me rappelle quelque chose, un air de déjà-vu pourtant je n'ai tout bonnement aucune idée d'où je suis. Le groupe qui joue à quelques mètres devant moi crache un genre de rock noisy, il y a un tambourin, ça tourne, la stéréo fait des trucs étranges. On dirait du vieux rock sorti d'un trou noir - ou alors j'ai encore pris un shot de trop. Dans le doute j'en recommande un.
"Ramène le petit frère !"

Part two //

L'alcool a ce sacré talent de tout mélanger dans votre tête : les images se floutent, les paroles se diluent et la musique elle, ça dépend des moments. J'ai l'impression qu'ils ont supprimés des parties entières. C'est dépouillé comme un far west la nuit. Plein de sable froid, calme avant une tempête. Les six-cordes dialoguent comme deux martiennes, je m'évertue à essayer de comprendre leurs chuchotements mais je préfère me reprendre un verre. Un armagnac cette fois.
J'ai cru que le papier accroché au mur affichait "Arno Boytel, mort ou vif  $5,000" mais en fait ce n'est que le nom. La Silver Zone. Je me fonds au son métallique de la basse qui commence déjà à tabasser.

Part three //

Cette basse me fait littéralement vibrer, j'ai l'impression de retrouver cette sensation que j'avais, entre mon verre de whisky et Joy Division. La gratte se met à crier seule maintenant, comme si elle avait perdue sa partenaire, comme pour faire une parade amoureuse. Soit c'est complètement free, soit c'est moi qui ai pris quelques verres de trop. La répétition me fait entrer dans un genre de transe bizarre, je m'affale sur ma table persuadé que je suis entrain de danser, frénétiquement comme ce bon vieux Ian Curtis.
Mais non, je suis juste a deux doigts du coma sur mon siège, entrain d'écouter les Space Nomads, et leur grand chef de tribu Arno. J'ai l'impression qu'ils jouent dans ma tête, et je tape sur le bord de la table en rythme (enfin je l'espère!) avec la darbouka.
Un chant en retrait... je crois que c'est moi qui me suis mis à chanter...
It's inside!

Part four //

Encore ces réminiscences drone qui font se coller mon t-shirt à ma peau. Les accords façon Harper ont un je-ne-sais-quoi de triste et de cosmique. Et voilà le rock reparti, minimaliste, émotif, je monte sur la table et je danse, comme ce bon vieux Ian Curtis. Toutes les couleurs se barrent, le monde est noir, et blanc. Quelques lumières aveuglantes bordent l'entrée du bar, les seules encore colorées. Du violet from outta space!
La musique clôt cette nuit, et s'étire jusqu'au jour, lui tendant une triste main avec un petit mot. Je n'ai pas pu voir ce qu'il y avait écrit, mais je crois que ça ne parlait pas de moi. Pas de nous.
Tout ça suit son cours, et demain je retourne au bar, je retourne écouter Arno et ses nomades de l'espace, je retourne me retourner la tête à grands coups d'alcool et de rêve.


Arno Boytel with Space Nomads est un mélange rock d'ambient et de post-quelque-chose aux tons colorés, nocturnes et étrangement familiers. On s'y sent chez soi, comme dans les rues de sa ville, une nuit.
A acheter chez le disquaire Souffle Continu pour 7€

vendredi 13 juillet 2012

† MISERY † - Miséricordes


Tout s'affole, dans le village. Avec une lenteur crispante, comme si tout ce qu'on subissait était inaltérable, mérité. Le Châtiment, on nous a dit.
Le Châtiment...
Je ne sais pas trop ce qui leur est arrivé, mais tous ou presque se sont accrochés comme des guirlandes pendant aux arbres de leurs jardins. Les autres sont couverts de bubons. Les animaux ont fuis, comme s'il y avait un feu. Les enfants ont criés - mais on ne sait jamais trop pourquoi.
Seigneur, pourquoi pas moi ?!
J'ai l'impression que le vert des feuilles, est noir. Que l'ocre de la terre, est noir. Jusqu'au rouge qui s'écoulait dans mes veines, tout est devenu atrocement sombre. Les ronces qui bordent habituellement les chemins se sont ramifiées comme des mains rampantes écorchant le sol. En haillons, durcis par la boue et eux-aussi noircis, mais par le charbon, je m'entaille les pieds sur les pousses de roses. Écloront-elles seulement un jour ?...
Je me mets à courir, les pieds sanguinolents sur les épines, mais qu'importe. Je veux m'éloigner de la peste.

La nuit, pour seul campement, un tronc creux encore debout. On aurait dit certain des corps que j'avais croisé. Évidés. La peau rugueuse, pustuleuse comme de l'écorce. Je m'endors, la tête sur un bourgeon mort, et les yeux vers le ciel. Ou plutôt vers le sommet pourri de la souche.

Les champs étaient devenus des mouroirs, et ça puait à des kilomètres. Dans mon pays, on dit que celui qui aime bien châtie bien. Je crois que celui qui sème ces malheurs sur nous aujourd'hui, nous a toujours maudit.
Mon crâne... oh mon crâne... et voilà un village. Toujours cette sale campagne.
Reprends-moi. Reprends-moi...
Au milieu de la rue, adossé contre un mur décrépit, je m'enfonçais des mottes de terre dans les plaies pour donner à mon corps un relief semblable à ceux des pestiférés. Je me suis dirigé vers l'établi du forgeron, pour me brûler au fer rouge et imiter les mutilations de l'affliction.
Regarde! Je n'ai pas leurs furoncles mais en voici d'autres qui paraissent sur ma chaire ! Reprends-moi... je t'en conjure seigneur...
Et puis ils sont arrivés comme un chœur maudit. Ces grands oiseaux tirant des charrettes pleines de corps. Et ça criait, et ça criait, comme si l'Enfer s'était installé sur nos terres. Les estropiés et leurs voisins aux pustules de la taille d'un oignon, tous avaient le regard perdu dans la ligne bleue des Vosges.
"Prenez-moi, prenez-moi !"
Je n'arrivais plus à aligner deux mots, la faute à la douleur.
L'un d'eux m'a approché, les orbites vides. Il m'a tâté d'un bâton, a fait un signe de tête à ses comparses.
Me voilà dans la charrette, à demi-vivant à demi-mort, mais bien décidé à, moi aussi, perdre mon regard dans la ligne bleue des Vosges.


† MISERY † est un projet Doom Metal étrange et rêveur de Thomas Bel, poète et musicien de Toulouse.
La tape limitée à 44 copies est sortie BLWBCK pour 7€ ! (killer packaging!!!!!!)
Je vous invite aussi à vous rendre sur le blog du projet, aka Fille de Misère !

mercredi 11 juillet 2012

Lord Fyre - Clint Heidorn - Anatomy of Habit

Fire ! // End-of-the-world-klezmer // Shy heaviness
Smells like thunder // Soft as snow // (But warm inside) Doom falls // Desperate utopist // The hell!
Pour les emplettes : 
Lord Fyre chez Auris Apothecary
Anatomy of Habit emmerde les labels 
Clint Heidorn est sold-out.

lundi 9 juillet 2012

Minamata After Dark - Untitle


Minamata. Torture. Alienation. Perverse. Insondable. Noir. Maladive. Stigmate. Amour. Discipline. Désobéissance. Anti. Joug. Dépravée. Snuffer. Extrême. Toxique. Dérangeante. Dévastée. Mauvaise. Enfer(mée). Explosive. Instable. Belliqueuse. Déchirante. Dangereuse. Démente. Esclave. Pestiférée. Miraculée. Inapte. Différente. Seule. Vide. Nihiliste. Pessimiste. Je-m'en-foutiste. Abyssale. Hallucinée. Joueuse. Détruite. Prophète. Charbonneuse. Cathartique. Sadique. Étrange. Colère. Rire. Mort. Solitude. Abîmée. Joie. Joie. Joie. Après. Drogue. Violence. Inhumaine. Totalement. Absolue. Irréelle. Abrasive. Illogique. Divine. Sauvage. Amorale. Intangible. Traumatisme. Haine. Destruction. Amour. Noir. Déraison. Réprouvée. Angoissante. Nerveuse. Enfantine. Minimale. Animale. Nocturne. Intransigeante. Calme. Incisive. Tranchante. Contemplative. Industrielle. Marginale. Sulfureuse. Noire.

L'échafaud serait pour moi le trône de mes voluptés, j'y braverais la mort en jouissant du plaisir d'expirer victime de mes forfaits.





shEver - Rituals

Les rires m'ont consumé - ma carcasse en proie aux pierres se rit des anges.
Les marques sur mon corps me font rire.
Né dans le sang, maintenant le chaos au ventre. He-na-te. Ce premier sang me manque... Depuis ce temps, le désert asséché n'a fait qu'attaquer ma cornée et rider ma peau malgré le cuir. La musique des sables est déstabilisante, faites-moi confiance.
Vingt années de haine consumées, seulement, et c'est aujourd'hui qu'il me faut m'adonner à cet ultime rituel. Le visage dans une flaque de whisky, les vapeurs me brûlent les bronches. Nu dans le sable, sans même savoir ce que je fais là, si c'est un mauvais lendemain ou si je viens à peine de naître.
Je veux retrouver cette sensation.


Je ne sais plus à quoi elle ressemble, mais j'aurais bien aimé la revoir, la mer. Je ne veux connaître personne d'autre qu'elle. Le Sludge puissant de ses vagues et le Doom lancinant de ses marées.
Ses accords coagulés ; le reflet de l'écume qui rougit dans mes pupilles.
Je me sens terriblement seul. Absolument anti-tout.
Le goût de cet absolu qui m'a fait renoncer, à moi, à vous, surtout à moi. Il m'a tendu des bras que j'ai voulu briser, tant il a détruit toutes mes aspirations. Cette machine critique des sentiments, l'inexorable attrait de l'intransigeance, un supplice que je m'autorise à apprécier, me haïssant moi-même chaque jour un peu plus. Mon cœur s'est transformé en un vulgaire bloc d'infini. Il faudrait donner des exemples pour être compris, vulgariser mon désir de n'en avoir plus aucun.

Comment vous expliquer que je veux ressembler à l'étendue du désert ?
Là où le glacial tutoie le brûlant.




Achetez cette perle de Sludge / Doom chez TotalRust ! (12€ fdp inclus)

Article (très librement) inspiré par Aurélien, Louis Aragon.

vendredi 6 juillet 2012

Black Wave I

Black Wave I


Première mixtape sur Ambient Churches !
"Black Wave" est le nom de cette nouvelle série d'articles, un peu en honneur de ce premier jet qui consiste en... du black metal remixé façon surf music (!), et croyez-moi ça vaut le détour !
L'ambiance est démente, c'est remarquablement bien foutu, très fidèle aux artistes d'origine (Mayhem, Darkthrone...) mais avec une touche marrante / ensoleillée, bref de la surf barrée sauce Norvège et églises calcinées!
Vous pensiez tout avoir vu ?

Voici la 'Trve Kvlt Surf Music', avec des artistes comme The Burzums (le groupe du grand Charlie "Varg" Vikernes), ou encore The Mayhems (et un morceau tiré de leur fameux album de 1964, De Mysteriis Dom Surfanas) !



Front

En plus de ça, deux artworks inclus, ainsi qu'une page avec la biographie - fictive - de chaque groupe !
Les fichiers sont en .flac pour une qualité optimale, aussi veuillez les lire avec le logiciel VLC.
Sinon, demandez-moi un lien pour des fichiers .mp3 convertis !
Pour télécharger, cliquez sur le lien suivant :
- Trve Kvlt Surf Music
The Burzums, The Mayhems, The Darkthrones, The Beherits, The Immortals and The fucking Emperors !

Et en bonus, une reprise de Slayer par Glitter Dick juste ici !


AC 2012 - mixtape.

jeudi 5 juillet 2012

Dapnom - Paralipomène à la divine comédie


Dapnom, si vous ne le connaissez pas déjà, est un one-man-band parisien bien dérangé ayant officié dans les méandres de l'Underground durant huit ans.
Le groupe est assez connu pour ses K7 couvertes de différents "liquides corporels" et ses ambiances malsaines à souhaits - chose qui jusqu'à maintenant ne m'avait absolument pas touché.
Mais voilà que sort en 2011 chez Necrocosm (en distribution, car produit chez MorsUltimaRatio) ce "Paralipomène à la Divine Comédie".
J'ai commencé à m'attacher à Necrocosm depuis Neo Inferno 262 et Diapsiquir, deux groupes que j'affectionne énormément, et me suis dit que, pourquoi pas, ce nouveau Dapnom pourrait être sympathique.

Bien que l'artwork de Métastazis ne soit qu'un hommage ou un pompage direct de "I would call along upon her name" du grand illustrateur-peintre-verrier Harry Clarke, il est réussi, et m'a aidé à pénétrer l'univers quelque peu étrange de Dapnom.

"Paralipomène à la divine comédie" serait, si l'on en croit le titre, un genre de supplément à cette œuvre de Dante. Le récit poétique contient trois cantiques de trente-trois chants chacun - contant l'Enfer, le Purgatoire puis le Paradis (illustrations de G.Doré).
Or, nous pouvons noter les soixante-six pistes de l'album de Dapnom - référence aux trente-trois chants, donc, ce qui nous permettrait d'avancer que le disque ajouterait deux cantiques.
Le son est en effet seulement esquissé dans les différentes - et longues - pistes, et à l'inverse des autres productions du groupe, on peut clairement dire que c'est beau. Il y réside, du moins pour les trois premières pistes, une beauté flouée, et une force toute contenue. Lisse et paisible (III), "Paralipomène" sait aussi se faire inquiétant (II) et assombri, mais reste quoi qu'il en soit extrêmement doux.
Les field-recording de pluie, de cloches et de nombreux sons d'extérieur côtoient des guitares aux larsens fins et des claviers aériens que me font penser, cela tombe bien, à la vision que j'ai de l'Empyrée de Dante/Doré. Tout se mélange, les souvenirs ressurgissent comme un appel à ne pas remplacer sa mémoire par une béatitude absolue, les sens s'affolent, la chaire et les désirs se mêlent au Divin, et une lumière teintée de noir nous captive, sans vouloir ni pouvoir en détourner le regard.
Tamisé, couvert de papier calque, tout s’efface et la vision se trouble, la révélation est un leurre et me voilà absorbé par le Silence.

Les pistes I, II et III terminées, nous voici face à soixante-trois pistes. Les pistes quatre à trente-deux sont de courtes plages silencieuses, tandis que les pistes trente-trois à soixante-cinq sont en réalité, bien que presque inaudibles, des sons répétés devant accompagner une transe afin de déboucher sur l'ultime et dernière piste : "Action De Grâce".
Une vingtaine de minutes de silence. Mais le silence n'est-il pas parfois plus puissant que la musique elle-même ?

Action de Grâce, la chanson LXVI (66) est d'une douceur, d'une puissance, d'une complexité hors-norme, et malgré une dizaine d'écoutes j'ai toujours du mal à l'appréhender.
Orgasmes (au sens propre) rituels dans une fange d'anges rayonnants, souillure divine d'un monde à l'agonie ; l'ire se voit dévorée par les mille bouches du calme, dans une orgie de volupté.

Bien au-delà de tous les méfaits de Dapnom, cette galette se révèle entre ombre et lumière, là où le chamanisme côtoie les prières chrétiennes, et elle nous fait nous sentir minuscule par un enregistrement qui pourrait très bien être celui du couinement des étoiles...
Je vous laisse sur un poème d'un certain A.N.S. et sur la piste I de douze minutes - en exclusivité sur Ambient Churches - de cet album des plus déroutants.


"Je vous appelle à la vie, ô forces mystérieuses !
Noyées dans les obscures profondeurs de l'esprit créateur,
craintives ébauches de la vie,
à vous j'apporte l'audace !" 

- A.N.S. 'Le Poème De L'Extase'

Pour acheter, ça se passe par ici

Botanist - Doom In Bloom

"Je ne puis regarder une feuille d’arbre sans être écrasé par l’univers."
 - Victor Hugo

La flore sauvage vient une fois de plus recouvrir notre corps en devenir. Une pollinisation du conduit auditif avant injection de neurotoxine. Les fleurs s'ouvrent, explosent, mutent à une allure parfaitement calme qui inquièterait même les insectes. Puis soudain elle s'irradie, comme un matin de printemps, l'odeur de mousse mouillé et d'écorce encore fraiche qui se mêle au brouhaha des mandibules de fourmis sur les souches.
Les moirures et les veines se sculptent dans le hammered dulcimer, alourdi d'une chute d'arbres en guise de grosse caisse. La fleur se meurt et sa sève coule à n'en plus finir jusqu'au dessèchement total. Elle a enfantée, quelques graines - sûrement du rhododendoom.
Puis elle s'apaise. Mère Nature, qui enfante ces êtres invisibles, ni présents ni absents, qui d'une étrange légèreté nous jettent de la poudre aux yeux. L'absurdité lumineuse qui prend tout son sens, la déconstruction logique et harmonieuse après ingestion d'un pied d'Amanita Virosa.
J'entends les respirations des plantes, les murmures des anthestéries. Le vide entre chaque note, entre chaque battement d'ailes. L'horrifiante supériorité végétale que je tente de contenir sur mon balcon, ou hors de mes chemins.

Abandonnez-vous, contemplez les feuilles vertes ou mortes, et changez votre ciel pour la canopée. Les araignées tisseront leurs toiles autour de vos côtes comme le Verdant Realm l'attend, patiemment, dans son abri ouvert et verdoyant.
Abandonnez-vous, respirez à plein poumons l'eau des abysses et vous verrez, sûrement quelques secondes, le non-imaginé.
Comme un terroriste pacifiste, le Verdant Realm s'insinue lentement dans votre matière grise pour, finalement, la transformer en matière noire.
La pollinisation se termine, et la transformation s'amorce, sur Panax, aussi connu sous le nom de Ginseng, plante aux allures étrangement humaines...


 A noter que le second disque est un disque fait par les compagnons d'armes de Botanist (Matrushka, Arborist, Ophidian Forest...) qui apporte, même s'il est plus classique, une autre vue sur le travail de l'artiste - qui reste toujours derrière les futs.
A acheter chez TotalRust ici (les copies de Botanist sont sold-out!)
A écouter ici

Dans cet article ont été utilisées les illustrations des artistes suivants :

mercredi 4 juillet 2012

White Hex - Heat

La ligne de guitare criarde en jette dès le début. Limite suraiguë, agressive et étrangement western. La basse se fraye un chemin tranquille et entrainant. Tara Green se met à chanter, voix désabusée et nous voilà dans un paysage mi-neige mi-sable, les arbres qui pleurent et le temps qui s'arrête.
Certains diront has-been, d'autres zeitgeist.
Certains seront transportés dans l'Australie natale du duo, et d'autre en plein Groenland, mais une chose est sure c'est que, quelle que soit la destination d'arrivée, le voyage en vaut la peine.
Qui cracherait sur un itinéraire pareil ? Vingt et une minutes de western spaghetti surgelé, digne de Bauhaus s'attaquant la gorge au bourbon!
Tout juste distordue mais totalement tord-boyaux, la guitare captive. On la croirait pluvieuse mais à la moindre occasion la voici qui nous capture dans ses lianes et nous empoisonne de son venin darwave. Classy mais pas trop, le duo germano-australien (ils seraient partis à Berlin puis revenus en Australie...) a la recette parfaite pour l'entrainant, lancinant, intriguant. C'est d'ailleurs Avant! Records qui sort le LP, label de Contrepoison (post-punk d'un membre d'Akitsa) qui a cette même fâcheuse manie de vous capturer dans son monde d'où il est atrocement difficile de sortir. D'autant que ces deux sorties sont très courtes, et par un savant mélange de frustration et de désir, c'est sans scrupules que les réécoutes se font.

Une musique bi-polaire qui même si elle sait rester simple, sait se montrer recherchée dans les sonorités et l'efficacité. Un délicieux dérèglement climatique auditif où le rock froid et "sans âme" allemand viendrait côtoyer la chaleur intenable d'un soleil de plomb. Fantômatique et machinal, Jimi Kritzler (Slug Guts) et sa compagne nous livrent un LP d'une grande beauté qui, pour ma part, prendra une grande part de mes écoutes quotidienne.


Pour acheter, c'est 10€ le LP et ça se passe chez Avant !

lundi 2 juillet 2012

Mange tes Morts #03

Mange tes Morts #03



De retour, après une longue période sans MtM ! Un numéro trois axé sur la "nouvelle vague" witch house. Ne vous attendez pas forcément à du oOoOO...!

01 - Ʌ - The Negative Healer [witch, ambient, self-produced, USA]
02 - Bathaus - |Bastien [witch, darkwave, Phantasma Disques, Boston]
03 - C/Δ/T - Diamond Center [witch, indus, self-produced, Sacramento]
04 - Witchboy - Le Universe Perverse [witch, necro-glam, Aural Sects, Japan]
05 - Weyrd Son - Miss Weyrd [witch, collage, Lemusicassette, Belgium]

(cliquez pour les covers en HD)

Les albums sont tous audibles en entier sur les bandcamp respectifs.
Merci de votre soutien à ces artistes, ils en ont besoin, alors n'hesitez pas à donner pour le téléchargement de l'album !
Support the fucking underground plague!

dimanche 1 juillet 2012

Draugurinn - Myrkraverk

Ceci est une invitation.
Une invitation a partir, loin, très loin, vers un endroit où la chaleur humaine n'est qu'un vague souvenir et où l'imaginaire s'empare avec une facilité déconcertante du monde qui l'entoure.
Une invitation à fusionner avec ce fantôme qui vous hante.
Les territoires froids et habités, invivables et si attirants. Une jungle enneigées, des conifères tortueux et cette forme, vague, qui frappe sur un tronc et qui murmure. Norna! Norna!
Car là où s'arrêtent les vents et où les écorces chantent commence l'univers de Draugurinn. Disa vous traine sous les vents solaires et les os décharnés, la mer rougie et les étoiles tombent. Le soleil rayonne maintenant sur son visage, éblouissant.

A la croisée de l'occultisme, du shamanisme et de la nécromancie, Disa (aka Draugurinn) nous ouvre les portes de sa part sombre. Certains d'entre vous connaissent déjà Turdus Merula, le projet Black Metal de Disa, et savent donc un peu à quoi s'attendre. Rituel, profondeur et perfection.
Percussions simples et hypnotiques, dark ambient éthéré sur fond d’expérimentations vocales, mais aussi quelques restes de musiques traditionnelles islandaises et suédoises. Somme toute un mélange gagnant, proche une fois de plus des maîtres Halo Manash, mais qui m'a étrangement fait penser au travail de Ramin Djawadi (assistant d'Hans Zimmer) sur la bande-originale de Game Of Thrones (que je vous recommande chaudement au passage).
Les enregistrements sont faits durant - et pour - de réels rituels, la magie prenant une place importante dans la vie de l'artiste. Ainsi ce n'est pas que de la musique, mais aussi une trance, et un tout. Les photos, artworks, titres... tout se tient et tout est important.
Cette musique n'est pas qu'une illusion, c'est aussi une forme d'entité sigillaire.

Ce chant féminin étrange saura, j'en suis persuadé, vous captiver.
Laissez parler la musique.

Pour acheter le CD ltd.500
Je vous renvoie aussi à l'interview de Disa dans le fanzine papier Obituaire Putride IV.
S'adresser à Cra pour un exemplaire (ltd.150).