mardi 16 avril 2013

Agdistis - In A Cold Fog Hung From A Yew Tree

Méphistophélès l'emporte au réel, Icare s’éteint par la noyade dans le sein d'Égée, immolation par les ailes. Les pièces de la maison deviennent des grottes à force de pourrir, un trou dans le mur est apparu, au dessus de l'évier. D'autres se sont bouchés d'eux-même, et les cris à l'intérieur ont disparus. Les lierres et les mousses qui pénètrent chaque centimètre me font me sentir étranger dans ma propre demeure. Je rallie souvenirs de quiétude et haine viscérale. Cette image de bouche difforme aux crocs cosmiques me hante, et je le sais, elle vous happera tous avant d'enlever son voile de galaxies. A chaque entaille que je me fais dans la paume, je défaille quelques secondes et la vois. Proche, aliénante, transportant sur ses gencives pestes et choléras de quelque monde étrange.

Tout s'est illuminé, l'appartement baignait dans la mousse, arrachée, les mottes de terres et le sang. Les néons à puissance maximum, tout brûlait lentement à commencer par la bouteille d'absinthe que j'eus dû renverser après en avoir vidé presque l'intégralité. Une petite flaque verte, une petite fée, et une statue de bois d'if sur le front de laquelle trônait fièrement le sceau de l'Adversaire. Ma figure de proue au porteur de lumière. Le sang coagule dans ma bouche, et mes yeux noircis, veines saillantes, ne répondent plus à mes demandes. Un battement de paupières plus tard les bras décharnés s'étaient remis à sortir des murs et du sol, formant en m’enlaçant un odieusement confortable cercueil. Je me retrousse, car déjà voilà le Kalki.




Agdistis est difficilement gérable. Les vingt premières minutes d'In A Cold Fog... se résument en un excellent raw black metal atmosphérique, sale et un tantinet dissonant. Puis arrive la bordélique et très noise-punk chanson Hermetic Death, le coup de latte avant de passer à la deuxième partie de cet opus diaboli. La chanson suivante, The Yew Tree, est totalement hypnotique, proche d'Urfaust à son plus sale. L'horreur est annoncée, toute la suite de la tape est démente au sens premier du terme, possédée et clochardisée au possible. Pour ce côté absolument maladif fricotant avec la fièvre jaune, le style pourrait être comparé à du Vesicus, bien que moins mid-tempo et avec plus de passages dark ambient.

"Et comme les braves femmes qui, dans les églises en ce moment, ayant appris que les bubons qui se formaient étaient la voie naturelle par où le corps rejetait son infection, disaient : « Mon Dieu, donnez-lui des bubons » [...]" (Camus, La Peste)

Tape sortie chez City of Dirt - et sold-out.
Le groupe a mis son album disponible en téléchargement ici

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