mardi 28 février 2012

- Flash News -


Mon projet Haute-Cimes a sa première chronique chez Anti-Gravity Bunny !
Un grand merci à Justin pour ce superbe article !

Haute-Cimes - Khmaer Krahom
Out soon on tapes.
 With new artwork!
Small run.

Annapurna Illusion - The Fifth Veda

Glanant quelques occultes cassettes chez Bimbo Tower, me voilà revenu avec - entre autres - cette sortie plutôt difficile à trouver. Mais, ô joie, ô bonheur! Ce petit catalogue devrait en intéresser plus d'un, et donner du fil à retordre à la Poste!
Annapurna Illusion, donc, est un side-project High Wolf, ex-Enfer Boréal ; chose qui nous mène à penser qu'on aura le droit à du bon ritual psyche-drone. Et c'est bien le cas. The Fifth Veda est une référence directe à l'hindouisme où le Véda est une clef de connaissance transmise oralement d'un brahmane à un autre. Et le 5e Véda est en fait un raccourci pour parler des histoires authentiques mentionnées dans un ancien groupe de textes indiens, le Purana - recueil mythologique et religieux.
Annapurna Illusion puise énormément dans cet ésotérisme, mais aussi dans nos religions (Lucifer, etc.). Inspiration entre David-Néel et Osman Spare. Mélange plutôt délirant, mais réussi. On s'imagine déjà parmi les montres des temps anciens, en haut d'une montagne sacrée, en pleine méditation transcendantale.
Les guitares fuzzy grésillent en fond, truffées d'effets en tous genre, pratiquement shoegaze, tandis qu'une voix bien déformée et distordue se laisse deviner, très très en arrière-plan. Par moments, ça fuse dans le style electro avec des percus sous reverb (Uball), et un riffing à la Ikarus (Ombre Monde) [ok je pars loin!] complètement hypnotique. En fait le groupe me fait énormément penser au Yoga que l'on trouve sur Megafauna. Un mélange psychotique et psychédélique bien acide et occulte. Album mythique dans ce style si il en est ; Et j'irais presque jusqu'à dire que cet Annapurna Illusion aurait pu être pondu par le même homme !
On est assez loin des premiers travaux du groupe, comme le Dance Of The Mezozoic (Pearls). Le son kraut/noisy a été gardé mais c'est au profit d'une musique plus profonde, plus fouillée - et fouillis! - qu'Annapurna nous livre ce Fifth Veda.
N'ayant aucun problème avec les sons d'ambiance, je ne me suis pas ennuyé une seconde durant les 40min de voyage, mais attention, donc, car la tape regorge de passages Dark Ambient, pouvant s'avérer assez lente.
Pour finir, je dirais que l'artwork représente, une fois de plus, bien la musique : monstrueuse, obscure et éthérée.
Excellente sortie qui mélange audacieusement Ambient et Drone.
Opening the doors of perception...

On peut donc se procurer cette petite chose ltd.100 ici
Et on écoute Uball, très représentative, ici

dimanche 26 février 2012

aTelecine - A Cassette Tape Culture (Phase 2)

aTelecine, c'est un peu la rencontre étrange de paix intérieure de l'ambient et de la folie dévastatrice de l'indus.

Projet monté par Sasha Grey - ex-actrice X - et Pablo St.Francis, aTelecine sort depuis deux ans maintenant chez PenduSound une trilogie nommé "A cassette Tape Culture". Pour une raison de goûts, je ne ferai la chronique que du II, le I ne m'ayant pas laissé un souvenir impérissable (lent, trop peu musical et pas assez ovni-esque) et le III n'étant pas encore passé par mes oreilles.
Ce Cassette Tape Culture est en fait la quintessence de la haine "calme" de l'indus. Quelque chose de froid, de complètement schizophrène, qui ne se prive d'aucune drogue et qui est à la fois totalement déphasé par rapport à la société et totalement en phase avec son temps. Un groupe qui aurait pu faire partie de la B.O. de Enter The Void de ce cher Gaspar Noé, entre les tarés de Throbbing et les excités de LFO. Le disque n'est jamais énervé, c'est toujours d'un calme abasourdissant, entre guitares aériennes et electro-EBM - sans cliché.
En fait, c'est même assez expérimental, tant dans la façon dont avancent les chansons - on croirait du Apoptose un lendemain de cuite. C'est n'est pas sans rappeler par moments du Inade, et autre Coil, ce qui fait que c'est au final assez décousu - point noir du skeud.
Et ACTC se révèle être un énorme bad trip, une descente dans les abysses. La pression monte à partir de ENT., qui est suivie d'une chanson très calme. Trop calme. Et tout s'enchaîne, de plus en plus barré, jusqu'au malsain par excellence : Wind Pipe Machine.
Beau reflêt d'une société au non-sens complet. D'une culture agonisante.
Noise maladive sur fond rose.
Collage de recettes de cuisine sur vidéos de Peter Sotos.
Fist à la tétine.
Une jeune femme à l'esprit bien plus sombre qu'elle ne le laisse penser. Elle se serait à mon avis entendue à merveille avec ce bon vieux Boyd Rice.
Pour faire vite : à écouter, par-ci par-là, car album au fil trop décousu. On a droit à un mix de pas mal de genres, mais si un jour de grisaille vous vous surprenez à admirer la décadente architecture urbaine, alors lancez aTelecine. Vous allez adorer.


On écoute
On achète une box car tout est sold-out (mais c'est cher... et très limité...)

samedi 25 février 2012

Death And Vanilla - Death And Vanilla

Petit duo de Malmö, Suède, Death and Vanilla avait fait assez fort avec un premier EP sorti il y a deux ans. Mélangeant élégamment electropop et darkwave dans un univers sucré, le groupe en avait scotché plus d'un. Ils auraient même commencés leurs compos dans un grenier surplombant l'un des plus grands cimetières de Malmö ! On comprend d'où vient cette atmosphère nocturne.
.
Easylistening, peut-être, mais ce n'est pas pour autant que c'est criminel.

On se souvient bien de leur chanson Ghosts in the Machine, qui à l'époque avait plutôt marqué les esprits. Riffing psyché, sombre, une basse ronde et tout un tas de petits sons electro accompagnant une voix des plus belles de l'année. Sans pour autant réduire le groupe à une chanson, il est vrai de dire qu'elle est plutôt représentative. Et là, vous me direz : "Très bien! Mais on parle de l'album, maintenant ! T'as un train de retard!"
Bon, bon... j'y viens.

Le nouveau Death & Vanilla, donc. Je dirais même plus : l'album éponyme !
Au programme, toujours ce même style, perdu quelque part entre les grands de Broadcast et d'Amon Duul II. Une grosse dose de krautrock, plus grosse qu'avant, même. Et un univers enfantin vraiment bien foutu qui nous fait nous émerveiller à chaque note. Mais pour autant, le groupe a muri, plus expérimental, fantomatique, nostalgique. From Elsewhere montre très bien comment le groupe jongle entre les atmosphères, et s'amuse du collage d'ambiance. Et c'est là que le groupe se différencie un peu de la scène plutôt fournie de l'éléctropop suédoise - en même temps il faut dire qu'elle est fournie dans pratiquement tous les pays...
Car la musique de D&V est déroutante. Parfaitement!
Et c'est un amateur de noise, d'indus, et de black metal qui vous parle. L'album se rit des normes du genre, et c'est à coup de sythé complètement barré et de percus presque rituelles (on pense à "Cold" de oOoOO) qu'il nous porte dans ses contrées éloignées et acides. En fait, avec tout ce patchwork, reste une chose qui revient, c'est vraiment ce côté presque Floydien - bon, ça reste de la pop, ne vous attendez pas à Ummagumma - à la Expo '70. Étrange, cette ambiance nocturne mais psychédélique...!
En tous cas, ça fait un sacré album qui se barre un peu dans tous les sens, tout en ayant une ligne directrice bien affirmée. Ce n'est pas du gros n'importe quoi. Bien au contraire. Par ce renouveau sonore constant, on ne s'ennuie absolument jamais.
C'est rêveur, beau... c'est entrainant. C'est très imagé, un peu dans la veine de ce que fait SayCet - notamment en live. Du coup on ne rechigne pas quand Marleen et Anders nous prennent la main pour partir avec eux.

On peut dire que cet album est réellement plus poussé que leur précédent EP. On y sent une recherche, et une cohésion entre tous les éléments qui composent le disque telle qu'il est vraiment difficile d'y trouver un point noir. Plus que l'album de la maturité, c'est vraiment un miracle du genre. Enfin un groupe qui fait de l'electropop, de la vrai. Et pas un ersatz "sucraïllé" bon pour la radio.

Enfin un groupe qui ose pousser sa démarche, et faire encore plus original que leur précédente livraison. A vrai dire je ne m'attendais pas à une telle baffe...
En bref en résumé : Hands In The Dark vise dans le mille avec ces deux artistes à la musique picturale - fans de bandes originales françaises et italiennes des 60's! Si ça c'est pas un bon point, en plus!
Une sortie à ne pas rater (et ce sous aucun prétexte).


La prévente se passe ici (c'est limité en nombre, et le EP s'était vendu en moins d'un mois...)
On écoute un extrait ici

 (avant-goût de ce beau 12"...)
Out : Tuesday 13th March 2012

vendredi 24 février 2012

Astral & Shit - Subtile Corpus

Ce petit groupe de Russie, je dois dire qu'il m'a beaucoup surpris. Tout d'abord par sa qualité, puis par son ambiance, complètement... folle, vous allez voir ça.

Les compositions d'Ivan Gomzikov (l'homme derrière Astral & Shit) ne sont ni plus ni moins qu'un beau mélange d'ambient et de field-recording. Il va jusqu'à appeler ça du Sound Art mais je ne sais pas si le terme est approprié. C'est de l'art, bien-sûr, mais Art Sonore pour moi relève du couple son / autre forme artistique. Une sonorisation d'exposition, par exemple.
Mais quoi qu'il en soit, ce subtile corpus m'a scotché par son étonnante capacité à me captiver, car au final, l'album est lent, assez long, et plutôt monotone. Là où Pavor Nocturnus était trop clichéesque dans son dark ambient pseudo-horrifique, ici, c'est une beauté céleste qui nous happe. Des sons posés, tirés jusqu'à plus soif, aucune vocalise, mais quelques bruits extérieurs (c'est l'idée du field-recording).
Le travail de Gomzikov se rapproche en fait de celui de Jeremy Soule (on achète / on écoute), le compositeur des musiques de Guild Wars, Skyrim... ou encore du grand Trist et son magistral Hin-Fort. On a donc affaire à du bon ambient qui, sans pour autant tout révolutionner, fait un très bel effet lors d'une écoute en semi-sommeil.

Ce qui m'a beaucoup plu, c'est cette idée du field-recording, avec des sons qui semblent provenir de torrents, de circulation urbaine nocturne, ou encore de tristes oiseaux. Le metal frappé, très terrestre, prend une dimension étrange, dès lors que l'album se prend de nous livrer des nappes cosmiques. D'où la comparaison avec Trist : les nébuleuses ne sont pas loin... et c'est une vrai magie que de coupler ceci avec des sons naturels enregistrés un peu partout. Je dirais même que c'est original. Comme si, perdu dans le trou noir de 2001, l'Odyssée de l'Espace (Kubrick) nous revenaient des bribes de notre vie passée. Un peu effacés, totalement éthérés...
C'est un album triste, voir ésotérique. Drone au grands chants silencieux, nous renvoyant à notre insignifiance, et, malgré ces quelques souvenirs que nous avons, nous ne sommes rien sauf une part du Néant.
Le corps délicat est en réalité le squelette d'un homme de verre. A manipuler avec précaution, à écouter avec attention... Entre les percées lacrymales de Eater - sublime chanson de 12 minutes - et le sentiment d'inexorable de la finale subtile corpus, on est heureux de se voir encore en vie, charnel. Et malheureux que ce soit déjà terminé. Quand je vous dit que c'est long mais qu'on ne s'ennuie pas...
On se laisse porter par le courant du fleuves de l'Oubli, du Lethé.
Ou peut-être est-ce un Achéron, fleuve de douleur et de souffrance aux eaux emplies de venin...

Écouter et télécharger

jeudi 23 février 2012

Preterite - Pillar of Winds

Handmade Birds a un flair pas possible. Non content de sortir perles sur perles, il fallait qu'ils ajoutent à leur catalogue ce projet magnifique qu'est celui de Geneviève Beaulieu, aka Menace Ruine.
Eh oui, Preterite est le side-project de cette grande figure du Drone, mais pas seulement. Car le projet est partagé avec James Hamilton (créateur de Nebris, groupe de Dark ambient "organique" et autres recherches musicales). Bref, un duo québecois qui s'annonce explosif rien qu'en voyant le line-up !

En réalité, pas d'extravagance musicale ici, seulement une heure de folk bien dronisante. Accordéon, incantation, guitares fuzzy et répétitives. La preuve en est : ça marche très bien. Au final ce n'est pas très loin de Menace Ruine, on y ajoute seulement un peu plus de folklore, et on enlève un peu de mur sonore. A noter qu'ici aussi, c'est Geneviève qui s'occupe des guitares. Et -mais est-ce bien nécessaire de le préciser ? - c'est ritualiste à souhaits. Sa patte est très facilement décelable, mais je pense que le côté naturel - dans le sens organique - qu'on retrouve dans le son est pas mal lié à Hamilton, car c'est quelque chose qu'on ne retrouve pas dans Menace Ruine.

Je dois reconnaître une chose : la première écoute de ce disque m'a donné mal au crâne. Mais le jeu en vaut la chandelle. Il faut s'acharner un peu, et après quelques écoutes attentives, c'est un véritable bijou - si ce n'est un bonbon! Preterite est rêveur, puissant, hypnotique. Un peu comme le The Die is Cast de MR, en fait. Mais en beaucoup plus... païen. C'est peut-être ça. En vérité on pourrait presque rapprocher ce disque de la bande originale de The Wicker Man par Paul Giovanni. En plus drone, cela va de soi.
Pour autant, on ne peut pas dire s'ennuyer, le disque n'est pas lent. C'est plein de brouillard, c'est abstrait et fuyant comme le vent, mais justement. Le disque vous entoure et vous transporte dans son monde. A croire que Geneviève vous tient la main et vous montre toutes les beautés naturelles que contient le monde.
C'est d'ailleurs sa voix qui donne toute sa force, et sa ligne directrice au disque.

Folk, sûrement.
Entre Current 93, Hexvessel et Kinit Her, certainement.
Apocalyptique, psychédélique, magique.

Acheter et écouter un peu
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A noter : S. de Menace Ruine sort une tape de son side S/V\R (prononcez "sévère"), et ça a l'air de sévèrement (haha) dépoter ! Extrait

Zalhietzli - Sainte Rita

Zalhietzli est jeune. Zalhietzli est profond. Zalhietzli est sombre.
Et surtout, plein d'inspiration.
En effet, sans s'embourber dans une énumération de genres, ZLTZ jongle sans mal entre l'ambient calme, posé... et l'indus lourd et puissant. Monolithique, comme il le dit très bien. Étant donné la disposition des trois titres, je ferai des parties axées autour de chacun d'eux.

Tout d'abord il est intéressant de voir qu'une chanson comme Juvenile est à la fois calme, lente et ambiante à souhaits, mais est aussi incroyablement pesante - de l'ambient qui fait vibrer mon caisson de basse comme ça je n'en croise pas tous les jours. En vérité cela m'a tout de suite rappelé la Bande-Originale d'un jeu qui m'a à l'époque bien fait peur : Amnesia. Cette BO de Mikko Tarmia mélange le dark ambient, le tribal et le frisson tout au long du jeu, et c'est en fait ce qui est effrayant. Ici c'est pareil, une musique qui semble paisible au premier abord, mais en réalité s'y cachent des choses bien plus obscures ! - pur fruit de notre imagination -
Et c'est un peu le crédo de la demo. Sous couvert d'Ambient, Sainte Rita est une prière ferrugineuse, distordue, rayée. Ce son étrange qui met nos sens en alerte, comme si quelque chose allait se passer. Comme un genre de cauchemar. Éveillé, pour le coup.
 
Et c'est ici aux Incurables que nous arrivons. Le morceau commence sur un genre de crissement, comme celui que font les vieux trains en arrivant en gare. Et ce crissement se répète, encore, encore... Toujours cette idée de sons réels, mais transformés et comme piégés. Nous sommes encore dans le rêve. Et cette seconde partie est particulièrement étrange ! Mélange de noise, d'indus et de cet ambient décalé, ZLTZ s'amuse à prendre l'auditeur dans sa toile. L'effet est renforcé par un sample, tout aussi dingue que le reste - et apparemment ce n'est pas de l'anglais. Mystère...
Je commence sérieusement à penser aux Swans et leur Children Of God. La bàr est a-rythmique, en opposition avec le reste tout de même assez aérien - procédé qu'avait utilisé Pyramids, notamment. Déstabilisant mais intéressant.
Puis après ce chaos sonore... A quoi nous attendre ? Redouter la suite ? Un sentiment étrange m'a emplit, à ce moment. Ne sachant pas exactement à quoi m'attendre, devant mon lecteur K7.


Sainte Rita est donc la troisième et - longue - dernière partie de la demo éponyme. Elle est la Sainte des causes désespérées... Dernière prière pour une agonie ? A dire vrai, on en est pas loin.
Un loop de sons lointains, ronds... C'est beau. C'est lumineux.
Ce calme après la tempête. 
Au fur et à mesure viennent se greffer quelques bruits, quelques souffles. Pleins de disto, mais étonnement doux. Force est de constater que ZLTZ joue avec les contrastes comme Georges Perec avec les mots!
J'aurais bien cité quelques groupes pour situer mais je ne veux pas tuer l'atmosphère, car on sent un univers très personnel. Cette dernière chanson est comme une étoile au loin, appliquant un magnétisme étrange, avant de s'éteindre dans un flash aveuglant. Un final abasourdissant.

A première vue, lorsque l'on écoute Zalhietzli, on se dit que beaucoup de groupes sonnent pareil. Et puis plus on s'enfonce dans son monde, plus on se rend compte que l'identité sonore de ce projet est là, et bien là.
A la croisée de Throbbing Gristle, Swans et de groupes comme Witxes, ZLTZ arrive en un coup de baguette à captiver, emporter, capturer. Et pour une première demo, il faut reconnaître que c'est très fort...
Seul - petit - point négatif, on déplore qu'il n'y ait pas de voix. Elle aurait pu coller merveilleusement avec le reste.
Peut-être pour une prochaine fois ?
Quoi qu'il en soit, grande première demo, on en redemande !

A noter que Jyb (aka Zalhietzli) tient un label, Zugzwang, qui m'a tout l'air de sortir de très belles choses, très limitées, et dans des packagings extrêmement cools ! A surveiller, donc ! D'autant qu'un nouveau ZLTZ pourrait voir le jour cette année.
On écoute et achète ici
Il ne reste que 5 ou 6 copies et ça part comme des petits pains! Hurry up!

mercredi 22 février 2012

A Winged Victory for the Sullen - A Winged Victory for the Sullen


Attention : Veuillez mettre vos enceintes à un haut volume.

Encore un titre à coucher dehors, allez-vous me dire. Cette Victoire ailée du Maussade comme on pourrait traduire m'a vraiment ému. Alors non, ce titre n'est pas plus à coucher dehors que la musique.
On note d'ailleurs un artwork vraiment beau. A la fois sobre et évocateur. La beauté dans la simplicité. Pas étonnant que le groupe se déclare être intéressé par la synesthésie. Et c'est tout ça, et plus, que nous allons retrouver au long de l'album.

A Winged Victory for the Sullen (AWVftS) est l'osmose parfaite de Satie et de Godspeed You! Black Emperor. Étrange, mh ? Pas tant que ça en fait. On trouve la tristesse embuée du groupe québecois et de son superbe Slow Riot For New Zerø Kanada mélangée à la mélancolie pianistique d'Erik Satie. Car AWVftS utilise non seulement la paix intérieure de l'ambient, mais aussi de véritables instruments à cordes frottées, et carrément deux superbes pianos - dont un Bösendorfer Impérial apparemment, ça ne rigole pas. En entendant des pièces comme Requiem for the Static King (nom de Dieu quels superbes noms de titres!...) on se souvient aussi du side-project de Godspeed, A Silver Mt.Zion , ou bien du mythique Sigur Rós, qui par moments y ressemble furieusement!
Cette ambiance relaxante et méditative collerait très bien d'ailleurs à une B.O. de film : lent, doux, agréable mais en arrière-plan. Musicalement très bien géré, tant dans le mix en retrait qui nous pousse à être attentif que dans la composition elle-même, toujours triste mais dans son côté de beauté.

Mais il faut aussi replacer les choses dans leur contexte. AWVftS, bien que jeune combo, n'est pas fait de jeunes musiciens ! C'est en fait Adam Wiltzie, un des mecs de Stars Of The Lid, groupe qui a déjà une petite vingtaine d'années, et Dustin O'Halloran - qui a notamment composé la soundtrack du Marie Antoinette de Sofia Coppola.
Premier constat, c'est qu'on ressent vraiment la patte des deux artistes. Wiltzie avec son côté drone et ses cordes discrètes, très ambient et posé. On retrouve vraiment cet univers sonore dans le AWVftS, qui s'approche dangereusement de très belles pièces comme la "I will surround you". Mais là où Stars of the Lid était très post-rock, notre groupe se place à la frontière entre classique et ambient. Thanks to O'Halloran, cette fois, qui a été influencé par Arvo Pärt, et qui surtout, dans ses recherches d'immersion sonore, a été nous chercher un quatuor à cordes, des cors et tout autres sortes de belles surprises. D'où ma recommandation de mettre sur enceintes !
Cette idée de coupler un post-rock digne du label Constellation avec un style "bande-originale" qui a vraiment une âme, et une puissance que l'on retrouve dans peu de films est excellente ! O'Halloran est d'ailleurs une des raisons majeures qui m'ont fait aimer ce Marie Antoinette.

Duo explosif, donc, qui se complète merveilleusement bien !
Une composition, j'insiste, vraiment hors-norme, laissant tout de même une belle place à l'improvisation. Voilà un groupe humain, plein de sentiments, d'originalité, qui s'ancre parfaitement dans la musique de ce siècle. Cette capacité à se faire rencontrer Ravel et Unwed Sailor est incroyable. Mais on est au-delà de ça, je crois. Au-delà du minimalisme, du drone. C'est une musique profonde, une recherche, qui a été certes inspirée par de grands musiciens, mais qui surtout inspirera. Grand disque.

Cerise sur le gâteau, ils seront en concert le 16 avril au Café de la Danse! Et dans pas mal d'autres villes
A acheter ici
A écouter (un peu...) ici

Mistigo Varggoth Darkestra - Insatiable Moon

Allez. Un petit exercice. A vous de déchiffrer le logo !
Ahah, compliqué hein. Un peu d'aide... c'est le Mistigo...
Mistigo...?
Mistigo Varggoth Darkestra !
Eh oui, ce projet tristement méconnu de Knjaz Varggoth, M.Nokturnal Mortum. On connait d'ailleurs le groupe de Black pour ses ambiances folkloriques - et aussi pour son passif fuligineux, certes, certes. Mais alors... on peut s'attendre à tout quand il s'agit d'Ambient. D'autant que Knjaz dédie ce projet à ses "pouvoirs de voyance et de sorcellerie". Mmmh. De quoi être dubitatif.
Insatiable Moon est une compilation des travaux du Sieur, regroupant les démos Paganism, Wolf's Eye et la chanson inédite "The Stardust", sympathique mais de deux minutes seulement! L'inédit d'accord, mais point trop n'en faut!...
Je fais donc d'une pierre deux coups.
Mais déjà nous voilà immergés, il fait nuit noire, les enceintes à fond - ou le casque c'est selon - et c'est parti pour un petit trip mystique d'une petite heure.

Mistigo Varggoth Darkestra (raccourcissons à MVD) ne se contente pas du minimum syndical, qui aurait été revenu à faire de petits arrangement tribaux-folklo comme on est habitué à l'entendre avec Knjaz. Non! C'est véritablement de l'ambient occulte (on dit même okkult, maintenant...) qui nous est livré dans cet Insatiable Moon. On tire vers la noise avec un titre comme "Dewillomened", puis vers une quiétude superbe avec "The Rain", ou encore ritualiste avec "Dance into the Mist". Bref, MVD ne se fout pas de la gueule du monde et ne cherche pas la facilité. On sent que c'est composé avec amour et sincérité. Chaque son nous rapproche des forêts angoissantes de Transylvanie, certaines chansons font même froid dans le dos tellement les sons sont flippants. C'est très très hypnotisant, on se laisse très vite prendre au jeu. On pourrait en un sens comparer au groupe Pazuzu qui nous livre un registre assez similaire, mais selon moi moins recherché dans les sonorités. Ici les nappes de synthé sont pratiquement psychédéliques par moments, et c'est dans la grandiloquence discrète (oui oui ça existe) qu'officie MVD. Dans l'ombre.
Bien que le best-of ait cette faiblesse que les chansons se suivent parfois mal - dans la deuxième moitié surtout - on peut dire qu'il commence très fort avec les 16 minutes de Hunger of the Moon, qui est digne des morceaux ambiants du Moon in the Scorpio de Limbonic Art. Autant dire qu'on a pas affaire à un novice, et que c'est un vrai bonheur auditif que de se laisser jeter un maléfice par ce petit bijou.
On entendrait hurler des loups que je ne serais pas étonné. [on entend bien des chèvres dans l'album The Key To The Gates Of Apocalypse.]
Un must-have du dark ambient qui écrase mêmes les meilleurs tels que le Dark Ages de Saenko.
Une sacrée baffe, même si je conseille aux plus fous d'entre vous de tenter de chopper les demos plutôt que ce best-of les regroupant. Pour la bonne raison que ce sont des travaux distincts.

Au bout d'environ trois écoutes vous prendrez un pied pas possible.

Audible ni trouvable nulle part...
En compensation, un travail bien plus Black, mais complètement énorme, du même groupe donc. 72 minutes pour vos oreilles de malades en manque de sensations. C'est de l'Est, c'est cosmique, c'est bon.

Mistigo Varggoth Darkestra - The Key To The Gates Of Apocalypse

mardi 21 février 2012

Dawn & Dusk Entwined - Fin de siècle - I : Paris


D&DE, alias David Sabre, grand nom de l'ambient néoclassique. Et David a décidé de faire un triptyque d'EP sur différentes capitale européennes lors de l'âge d'or de ces dernières. Pas étonnant, lorsque l'on connaît un peu le groupe, très préoccupé par la culture, l'histoire et le paganisme.
Attaquons donc ici le premier de ces trois EPs de Fin de Siècle, j'ai nommé Paris.
Je me dois tout d'abord de préciser qu'Aube et Crépuscule a fait un petit bijou avec l'artwork : superbe photo collée sur un carton sobre, dans un format A5. La photo, avec du vrai papier photo. La chose rend merveilleusement bien.

La musique pour sa part, se compose de six titres de durée moyenne. Au programme, du néoclassique limite martial par endroits, un piano à en pleurer et quelques nappes paisibles saupoudrées par dessus. Et la voix.
La VOIX ! Parfaite ! Tour à tour susurrée et parlée, elle conte et narre. L'inspiration se puise tant dans Alfred Jarry que dans Huysmans. Les paroles sont vraiment bien trouvée - mais je vous laisse découvrir.
Quant aux thèmes des musiques, on retrouve pas mal de Satie et de Sheller - comme dit dans le livret, d'ailleurs, il s'en inspire ostensiblement - mais globalement c'est épique, ou romantique, c'est selon. Mais chose étrange, on se sent vraiment dans les rues de l'époque ! Personnellement ça me rappelle les sons d'ambiance de Age of Empire III. En mieux.
Bref, Londres et son fameux éventreur n'est pas loin, mais D&DE fait ici la panégyrique musicale de notre belle capitale française. La plus belle au monde.
C'est calme comme les petites ruelles non-fréquentées, puis ça martèle comme les pieds des passants affluant sur les pavés de la grand place!
Une œuvre inspirée, réussie, enivrante et intemporelle. Un cliché à l'instant x de notre ville chérie...
Mention spéciale à la sublime Rose + Croix qui est à la limite du mystique, chose rare chez D&DE.
Et quant on voit qu'il s'inspire même de Félicien Rops... comment ne pas succomber ?

C'est en stream ici
Et ici, on achète chez l'ami Frozen Wing
Il a aussi le London 

Extinction Algorithm – My Forest is Dead

Les sons de l'enfance, parmi les ombres et les arbres. Les forêts, enneigées, et les ruisseaux, gelés. Gelés comme nos vies, mornes et bloquées dans la routine. Je me souviens de ce toit, sur la maison. A l'époque il me paraissait si haut. J'arrivais à toucher les stalactites en hiver! Mais tout ça a été rasé. C'était si beau, magique, insouciant.
Et puis ils sont morts. Parents, famille. Et de la lumière sont nées les ombres...
J'ai peur, de cette maison. Elle est vivante à travers les âmes mortes en son sein. Je ne veux plus y retourner...
Tout a été rasé.

My Forest is Dead est une ode au passé. Au passé perdu. A l'innocence violée.
L'enregistrement n'est fait qu'avec une guitare, usée de différente manière. E-bow - sûrement -, accords noyés, accords noisy, et le tout superposé de sorte à créer une piste d'ambient de 26min. Quelques souvenirs BM, rock, shoegaze. Bref, une foule d'influences, mais le résultat est très original. Totalement instrumental, comme un fantôme qui tenterait de s'exprimer à travers une six-cordes. C'est prenant, ça retourne les tripes, et c'est même émouvant, comme l'enregistrement d'un mec qui se repasse sa vie avant de mourir. Les moments les plus tristes, et juste après les joyeux, complètement paumés dans l'immensité des sentiments incompréhensibles et incontrôlables.
Extinction Algorithm vous hante. Les sons cristallins cachent une mélancolie assourdissante. Une pluie d'étoiles. Mortes.
A écouter dans le noir, seul. Que le film commence...
Tout simplement bouleversant.

J'en aimerais une tape mais pas de format physique...

ICI pour télécharger
ICI pour écouter

lundi 20 février 2012

Book of Sand - The Face of the Waters

A croire que Daniel aime les nouvelles de science-fiction/fantastic! "Book of Sand" étant la référence directe à la nouvelle de Jorge Luis Borges et "The face of the Waters" à celle de Robert Silverberg. Quant à l'artwork, toujours le sublime travail de John Martin Bell. Un must. Admirez!
Bref ! Outre ces références purement... culturelles, cela n'a strictement rien-à-voir avec la musique. Parce qu'autant vous le dire tout de suite, en ce qui concerne le "black metal", je ne me suis pas pris une baffe comme ça depuis longtemps.
M'étant procuré en ces temps difficiles et obscurs l'excellent Destruction, Not Reformation je me disais que l'écoute allait, ma foi, être sympathique. Et je me suis trompé.
Là où Destruction était timide, réservé et même intimiste, Face of the Waters est déroutant, et dérangé.
L'idée très intéressante que creusait Daniel dans BoS était un délicieux mix entre un black metal aérien - on se souvient de la batterie à peine esquissée - et des envolées de musique de chambre, le tout bercé par une voix sur-saturée. Même si ici le concept reste le même, nous avons un enregistrement totalement différent.
La guitare BM est tout d'abord bien plus en retrait. Ensuite, on note plus de guitare clean en lead, adoucissant l'atmosphère, et nous menant - on peut carrément le dire - vers un rock indie/ambient bien marginal. Mais seulement voilà ça ne s'arrête pas là. Le violon vient vous titiller les oreilles. Et là où Teitanblood semble malsain avec sa tripotée de guitares dégoulinantes et son univers occulte, BoS vous perd dans les méandres de ses cordes frottées. Et il est en vérité beaucoup plus sombre.
Les violons sont d'ailleurs très malléables et font parfois penser à du hautbois, ne faisant que renforcer la profondeur du son.
Le chant quant à lui, est plus masculin - même si le groupe veut garder secret son sexe! - bien que toujours curieux et bien barré. Et je dirais même mieux géré. Il suffit de prendre la dernière piste, où la voix me semble être un étrange mélange de cauchemar et de berceuse pour enfant pour en avoir la preuve.
C'est un album étonnant, car à la fois radieux et majestueusement sombre. Book Of Sand s'impose en maître du Black Metal Experimental au même titre que Blut Aus Nord. Eh oui, rien que ça. Et avec son propre style.
Je me permets une chronique ici, déjà parce que j'en ai envie, mais ensuite car The Face est très typé ambient, et est composé de cette manière.
Je m'étais donc trompé, l'écoute du disque n'étais pas sympathique. Ce fût bien plus que ça. Ce fût un immense moment de bonheur. Souvent dissonant, toujours délicieux, nectar sucré de black et de free folk, mais empoisonné. Goûtez-y...

Choppez vite vos copies ici
Et écoutez là

Erratum : Le titre nous vient de la Bible (le tout début - (KJV), Genesis 1:1-2) !)

TRÈS CHAUDEMENT RECOMMANDÉ

Willamette - Always in Postscript

Musique au départ écrite pour le film "All the Lines Flow Out" de Charles Lim Yi Yong, Always in Postscript me semble plus qu'une Bande-Originale. Et même plus qu'une musique à écouter au casque. Bien-sûr, l'ambiance avec un casque fermé est déjà très bonne, mais après avoir poussé mes enceintes bien fort et passé le Willamette, je peux vous garantir que ce 10" en a dans le ventre.
C'est une véritable caresse musicale. La paix qui règne sur la couverture se retrouve multipliée par mille dans le son. Souvent, les chansons sont composées par vagues (haute / baisse de volume), renforçant l'effet "rêve". Qui plus est, on retrouve ici réellement quelque chose qui me tracasse depuis quelques années. On dirait que Willamette a su capter l'âme de cette chambre.

C'est les yeux embués que l'on pénètre dans l'univers vaporeux du groupe, à mi-chemin entre de l'indie-rock joué au e-bow et une minimal tamisée à souhaits...
Le trio Etats-Unien nous gâte en ce début d'année, et c'est le cœur emplit d'un amour nocturne que je me repasserai ce disque, en marchant dans Paris un de ces soirs. Le Post-rock me perdra...
Leur son est réellement bouleversant, comme un My Bloody Valentine ultra-planant. D'ailleurs l'effet s'en approche ; ce sentiment post-coma, romantique et hors du monde. J'en suis encore tout retourné.
Ce qui me donne envie de voir le court de Lim Yi Yong, que je posterai rapidement dans la section movies!

On écoute et on achète [le 10" limité!] par ici!

A ne pas louper !
Merci à Saaad pour la découverte.

IXTAR - IXTAR I

Ce machin là, je dois bien avouer qu'il est magique.





















Chez Paradigms, ils appellent ça du "nocturnal jazz". Ce qui me fait instantanément penser à Bohren & der Club of Gore. Qui plus est, sachant que Daniel Vujanic est la force vive du Hölenmusik Ensemble (qu'il me faut chroniquer), j'y allais plutôt confiant.
Well... He bien c'est superbe... Le mélange parfait entre de l'ambient bien athmo' et du jazz bien bien sombre, lui aussi aérien avec ses envolées légères de saxo, et ses petites échappées à la "I talk to the Wind" des maîtres King Crimson. Et le pire c'est que c'est vraiment jazzy ! Des accords du piano jusqu'au style de composition. C'est même free jazz pluvieux comme l'a fait Hammeriver. Et on retrouve la consonance dérangeante apparemment chère à Paradigms : celle qu'avait le tango véneneux des Krügers Medbragte.
En somme c'est vraiment barré, on y trouve de tout - vive le free jazz - mais cette idée d'ajouter de l'electro/ambient par dessus dans le délire Single Unit est vraiment magique...
Même si c'est moche, j'ai été forcé de sortir quelques références pour expliquer cette "chose" magistrale qu'a inventé Ixtar.

Le ressenti, maintenant qu'on a situé le son.
C'est tout d'abord, et comme le suggère très bien la pochette, ésotérique. Daniel nous transporte dans un genre de symbolisme musical ancien - il suffit de voir l'intro d'Amulet - qui met notre esprit et nos oreilles dans un état d'attention tout particulier. Comment ? En superposant une foultitude de sonorités discrètes qu'il nous défie de déceler. Et les oreilles se laissent prendre. A cela s'ajoute donc cette fameuse "tension free jazz". On ne sait jamais ce qui va débarouler sur le tapis. Du saxo ? Des cordes pincées ? Frottées ? Pizzicato ?! Pédale d'effet!
Et ce n'est jamais mal mené, les transitions se font sans qu'on le remarque, et les mélanges d'instruments sont simplement parfaits. Petit point d'orgue, c'est plutôt difficile d'accès pour le profane. Plus que Bohren. Mais on a dépassé le stade de l'étude ou de l’expérimentation, et c'est un vrai travail d'artiste que nous avons entre les mains. D'orfèvre, même.

C'est au final une musique moderne, abstraite et pratiquement concrète qui nous est délivrée dans Ixtar. Perdu dans les limbes d'une douce cacophonie, Vujanic compose une réelle symphonie. Une symphonie inquiétante et volatile. Et une entité à l'avenir radieux.
Maintenant, on attend confirmation de la maestria sur le IXTAR II !

Une chanson audible ici :: album sold out
Paradigms compte sortir les suites, soit deux autres albums ltd.50
Check'em!

Inner Vision Laboratory - Anywhere Out Of The World

Encore une découverte que je dois à Matt de Frozen Wing Rec. Inner Vision Laboratory - alias Karol Skrzypiec - nous vient droit de Pologne, et oscille entre indus, drone et ambient.
Deux choses tout d'abord, qui me parlent : le titre et l'artwork. Ce sont pour moi des choses non-négligeables. Et effectivement, le titre me parle beaucoup, étant donné que c'est souvent ce que je recherche dans la musique, "partir n'importe où hors de ce monde". Quant à l'artwork, il me fait penser à celui de Postdrome, avec sa symétrie. Je ne suis pas fou du jaune, mais force est de constater que la cover est apaisante, tout comme l'album.
IVL se donne ici dans un registre très False Mirror et leur sympathique Derelict World. C'est à dire de l'ambient lent, celui-là même où l'on aime à s'oublier en y plongeant. Des nappes calmes, reposantes, dans les médiums (pas de bruits sourds ici), quelques arrangements avec du piano et des cordes par moments. Une voix effacée qui nous lit un univers en fin de vie, sans rien mis à part la quiétude.
L'originalité n'est pas le point fort de Anywhere Out Of The World, album que l'on a l'impression d'avoir entendu déjà des dizaines de fois. Mais je dois dire que c'est bien mené, et que c'est vraiment très reposant.
Pas mal... à écouter, donc, si vous êtes un grand nostalgique des débuts de Raison d'Être.
Il suffit de se laisser porter un peu.

On peut écouter pas mal de choses ici
(notamment le sympathique mais court Wind Draw qui, je trouve, est l'EP qui annonce la maturité)
Pour acheter : here

Inade - Colliding Dimensions

Le groupe de René Lehmann et de Knut Enderlein officie dans les rangs du Dark Ambient depuis maintenant plus de vingt ans, et ce - je dois le reconnaître - pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Je commence donc Inade par ce Colliding Dimentions, soit quatre disques prêts à vous emmener par monts et par veaux pour... pas moins de 3h. Oui, Ambient Churches va chroniquer pour vous 3h de Dark Ambient, et ce n'est pas la seule surprise que l'on vous réserve ! Tout d'abord, quelque mots. Histoire de situer. Inade est donc l'un des premiers à émerger de la scène DA, directement inspirés des travaux de Lustmord comme le fameux "Heresy" dont je vous recommande chaudement l'écoute.
Ensuite, pour situer, le son se pose quelque part entre Boyd Rice (NON) pour le côté bruitiste et indus et Zero Karma  pour l'infect ambiance ritualiste d'outre-tombe. C'est pratiquement carcéral, mais il se produit une chose étrange. Malgré la crise de claustrophobie de la première heure d'écoute, les deux autres, à travers cet enfermement, donne une sensation d'élévation. L'hypnose prend part à la partie. Et Inade la titille. Ce qu'il y a de sympathique c'est qu'Inade fait un peu feu de tous bois. Patterns indus, synthés angoissants et voix murmurées voir parlées sont certes au programme.Mais on entend aussi alarmes, arbres craqués, et autres bruits 
improbables métamorphosés à notre plus grande surprise en musique. Un atout non-négligeable pour l'immersion. Là où Lustmord balance des sons de fin du monde, Inade nous conte une fantaisie noire et dérangée. Aaaah, le nombre d'images qui me viennent à l'esprit en écoutant ces disques... Celle d'en ce moment même : la terre s'écroule sur elle-même. Un immense tas d'ordure métallique se forme, et quelques illuminés construisent dans les hauteurs une église avec les derniers restes trouvés au sol. Die Sonne Satan n'est pas loin.
C'est un réel travail d'assemblage de sons, qui s'approche parfois étonnamment - car moins ritualiste - des récents
travaux d'Halo Manash. Je pense au Language of Red Goats. Un mot pour définir cette deuxième heure d'écoute serait en tout cas : stellaire. Mais je vous vois venir ! "Au quatrième disque, on commence à se faire bien chier non ?"
Eh bien non. Et pour cause, ce quatrième Colliding Dimension est le plus beau, le plus triste même. Bien plus ambient que ses petits frères. C'est le son de la fin. Pas de la mort, ni de la destruction, non. C'est le calme après la tempête. Le lieu clôt et saint où nous sommes arrivés, après tant de souffrances. Et quelques souvenirs sonores de ce Vieux Monde physique. Car il suffit d'écouter "The Last Wing of Alchemical State" pour comprendre que les deux compères sont sensibles, ont du goût non-seulement pour le sombre, mais aussi pour la béatitude. Pour le beau. Une réussite de bout en bout, donc, et une pièce maîtresse du genre, trop méconnue.

On écoute un peu ici, et surtout on achète
LPs conseillés
Merci à O.P. pour cette magnifique découverte.

dimanche 19 février 2012

HTRK - Work (work, work)

HTRK (prononcez "Hate Rock"), groupe aux guitares shoegaze-noisy-j'aime-My-Bloody-Valentine revient en 2011 avec ce titre - joli je vous l'accorde - "Work (work work)". Annoncé par un 12" qui a fait la joie de plus d'un, moi compris, on s'attaque donc ici au troisième opus. Attention! HTRK est un duo de survivants berlinois - non, ils n'ont pas connus la blitzkrieg mais leur bassiste s'est buté. Bon! Mais qu'est-ce qui nous est réservé ici ? Une surprise j'espère.
Et là justement, ça saute à l'oreille : pas de guitares ! Seulement de la minimal/house épurée, avec une basse bien ronde et de l'écho à fond les manettes.
Le chant me rappelle un peu celui du groupe de post-punk The City Kill (excellent d'ailleurs), et la sonorité... est très classique pour de la house... C'est tout juste nuageux et doux comme il faut (les oreilles sont à ménager!...) et so 80's. Trop 80's. On ne va pas redécouvrir le synthé en 2011 nom de Dieu. Anachronisme, uchronisme même, et HTRK n'en démord pas. Le fond, c'est raté. La forme ? Ma foi on s'emmerde, c'est éctoplasmique sans raison, c'est trip-hop parce que le trip-hop c'est cool, et puis après tout, on fait de la musique parce que c'est cool et qu'on s'emmerde. C'est ringard et prétentieux. Nihil novi sub sole... ça aurait été un album remix d'un album raté que j'aurais pas été étonné.
Hipster music - oui je suis aigri ! - inside.
Vous voulez de la bonne house ? Jetez plutôt une oreille sur Unison.

Si vous voulez acheter (...)
Dire que le LP est sold out... c'est désolant.
Et écouter (c'est le même lien)

Supersilent - 9

Alors ça c'est une sacrée aventure à chroniquer. Du coup, chronique-éclair.
Musique du silence/Aérienne
Volatile/Angoissante
Pesante/Versatile
Du Jazz il n'y a plus que des réminiscences, par-ci, par-là. Et le jam. Mais c'est un groupe qui porte très bien son nom. Le mix est fait exprès hyper bas pour que tout soit en retrait. C'est à la limite de l'inaudible, il faut monter le son et bien se concentrer. Et là, c'est totalement magique... On est porté dans une instabilité très jazz, mais qui reste purement minimal, voir bruitiste par endroits. Un de leurs chef d’œuvres.
La banquise se réchauffe!

On écoute
On achète

Nox - Thul Okgha

Le Dark Ambient, sous-genre maltraité et oublié à tord. Car du noir se forment parfois des joyaux... (non pas les Joyaux de la Princesse, je vous vois venir bande de chenapans).
Nox est un des - multiples - projets de... Nox. Passons sous silence le fait que cet homme est détestable et ne retenons que le fait qu'il est un véritable amérindien. Car c'est de cette source que Nox puise toute son occulte force.
Ici, basse groovy à fond, sons encore plus célestes qu'une pluie d'étoiles mortes, et incantations magiques en fond. Vous lance-t-il un sort à travers cette mystérieuse entité musicale ?...
Si c'est le cas, alors il a réussi son coup, car je suis bien sous le charme. Les percu' tribales sont du meilleur effet par dessus le dark ambient bien glauque, de même que l'usage du violoncelle distordu. C'est mixé avec raison, composé avec folie et ça pue vraiment la jungle mourante et étouffante. Pour autant c'est un beau voyage à travers un rite d'initiation. Nox ne se prive pas d'éléments sortis de toute part - comme la guitare presque orientale de "Luh'mi'nagh" ou le chant Black Metal de la chanson éponyme avec ses hallucinations noise - et d'une certaine magick pour nous plonger dans son délire shamane. Les airs se retiennent, se danseraient presque ("Una' Gash"), ça sort des tripes, c'est un festin empoisonné. Vraiment unique dans son genre. Amateurs d'expériences musicales et autres onéironautes, donnez-vous corps et âme à cette petite cassette qui saura sans mal vous porter vers de lointaines et improbables contrées.

On écoute et achète chez l'ami FWR

Je suis le petit chevalier - Gravity's Rainbow

Tic-tu-tic-tow. Tic-tu-tic-tow. Tic-tu-tic-tow.
C'est mon premier JSLPC, mon premier Felicia Atkinson. Il fallait que ça arrive.
Je Suis Le Petit Chevalier, mais encore ? Derrière ce nom enfantin se trouve un projet belge/franco-états-unien (j'ai pas compris d'où ça sortait) aux sonorités fantastiques et sucrées. Mélange très sympathique de Dream-Pop, d'Ambient electronica de bonne facture et de synth music, croyez-le ou non mais ce n'est pas à la mord-moi-le-nœud et la naïveté qui s'en dégage est d'une puissante efficacité. Effectivement, on se laisse prendre par les chuchotements, et les sons qui coulent doucement dans nos oreilles. C'est un genre de miel sonore, pour ainsi dire. Les tambours truffés de reveb' en fond me rappellent en fait le trip "amérindien" que l'on retrouve chez Nox. Ça donne un effet hypnotique, et en même temps une véritable consistance.
En clair en résumé, ça donne des frissons, c'est exotique - dans le bon sens du terme - et rafraichissant. Ce qui n'en fait pas l'album de l'année, car un poil trop long... dommage qu'on s'embête un peu durant les dernières minutes.
Cela dit, c'est une excellente sortie. Le rêve d'un petit enfant indien, avant que Colomb ne mette les pieds sur le Nouveau-Continent...


Et on achète ça ici (60 copies!)
Et on écoute ça

Witxes - Scrawls

Tout d'abord merci à Romain de Saåad pour cette découverte. Ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur de belles choses comme celles-ci, et comme j'ai du temps pour moi, en voici une petite chronique.
Witxes est Lyonnais, d'accord. Il est affublé d'un bel artwork, d'accord. Mais quid de la musique ? C'est une tranche d'univers posée sur votre verre de Bloody Mary. Milles facettes, rayonnant de l'intérieur, avec un son, bien que linéaire, composé d'une multitude de petits autres sons. Du travail extrêmement bien fini, mais l'air de rien (oui, Witxes est aéronihiliste!). Une explosion de claviers, de petits bruits mourant seuls dans l'immensité synthétique. En somme, un régal pour les oreilles.
Un grand avantage de la pièce musicale est qu'elle s'enchaine parfaitement - on peut aller l'écouter d'une traite en marchant dans Paris la nuit, ça boost l'effet - mais qu’indépendamment, les chansons sont parfaitement audibles et intéressantes. Ce n'est pas simplement un loop d'une heure trente. On a véritablement des chansons, des airs, un sentiment spécial à chacune d'elle... (pour exemple, prise seule, la superbe "Six Pears" ne m'inspire pas la même chose que lorsque je l'écoute dans la continuité de l'album).
Par ailleurs, fait notable que j'ai constaté, c'est que l'album a beau être très ambiantico-ethéré, on conserve toujours une rythmique d'arrière-plan qui permet de ne pas décrocher, que ce soit par de petits grésillements intelligemment agencés ou par une basse qui vrombit avec la force du silence.
Premier véritable album, donc, qui me rappelle la sonorisation de l'installation "Sept Fois Plus A l'Ouest" de Yann Kersalé (à l'espace EDF en ce moment, à voir)
Pour résumer... c'est beau, calme, et ça me fait penser à des icebergs en fractals - ne me demandez pas pourquoi.

Pour acheter c'est ici [chaque exemplaire est unique, édition de 50, courez!]
Pour écouter c'est au même endroit

-- sorcery locations --
45° 43' 22" N, 04° 47' 40" E
45° 45' 47" N, 04° 50' 34" E
45° 56' 58" N, 04° 02' 39" E
46° 10' 49" N, 06° 17' 45" E
47° 06' 21" N, 04° 11' 36" E
48° 53' 10" N, 02° 18' 40" E

Dolores - To die no more

Tout s'enchaîne, se déchaine, déchire, s'écharpe, les mondes s'inversent et la roue des couleurs stop.  La sainte mère, la sainte peur, sortir, sortir encore, naître tous les jours expulsé du sommeil comme du vagin. Les rêves extra-terrestres envahissent les champs, blés et maïs magnétiques, devenus blancs suite à la reprise de la roue des couleurs. Une dernière simplicité ; les plus absents sont les plus présents, les premiers le resteront car nous voulons rester dans l'ombre. Les marées, déferlantes gelées, la chaleur étrange sortie des voix en sur-saturation, les croix qui s'inversent, se déchainent, les chaîne alimentaires qui se déchirent et les jardins suspendus qui s'envolent. Un coup de téléphone attendu jamais passé ; il nous a fait décrocher et en cœur, l'archer sur les cordes vocales, nous nous sommes mis à jouer la dernière bande-originale de l'humain. Ur-étrangeté, inquiétante, le premier point qui résonne dans l'infini, se rapproche, capture, créé. Dieu est un point, et j'ai arrêté de mourir. J'essaye de me transférer dans une peinture pointilliste.

Collapse Earth Into Light
Holy Dread
Every Moment
Gods to Whom the Earth is a Ghost (Colorwheel)


Ryan de la Rosa, ancien Black With Sap et co-créateur du label Fern and Moss sortait il y a de cela quelques mois un EP majestueux. Quelque part, perdu, noise, drone et ambient se mêlent dans une pureté incroyable. Pour tout vous dire c'est sûrement la tape que je pourrais écouter chaque jour, sans jamais me lasser, tant elle est parfaite.

Aérien, océanique parfois avec les guitares clean à peine caressées. La magnifique cover tirée de Desert magazine illustre à merveille l'ambiance, religieuse décalée, naturelle et gracieuse de la musique de Dolores. C'est un son abîmé qui parvient à nos oreilles, une musique qui élève l'esprit. La béatitude constante du disque est à tomber par terre et ne s'en plus relever. On commence par un "Collapse Earth Into Light" qui semble être l'enregistrement du crash de la Terre dans une autre planète, pour finir sur une "Colorwheel" féérique et fantomatique, pleine de guitares fuzzy et de nappes apaisantes... Tout cela paraît simple, presque niais, et pourtant la perfection se compose comme ceci. La sortie de 2011.

Les tapes ne sont plus tirées (nombre très très limité).
Voici la sortie du CD ltd.50 chez MusicRuinLives.

Apoptose - Nordland

Vous vous êtes déjà perdus dans une forêt ? Durant l'inter-saison, automne-hiver. Lorsque le tapis de feuilles rouges et jaunes est couvert de gel, bleu translucide. Petit enfant que vous êtes, loin de la maison, vous avancez. Le soir tombe... Le noir commence à couvrir la cime des arbres, mais sans savoir tellement pourquoi, vous continuez à avancer. Tant et si bien que, perdu, vous l'êtes définitivement. La forêt recèle tellement de secrets, dans les sèves et les murmures du vent... Petit enfant que vous êtes, loin de la maison, quelques larmes coulent, et gèlent. Mais vous avancez. Et plus vous avancez, moins vous avez peur. Une branche à la main, vous fouettez l'air avec une force sur-humaine. Sont-ce des rires, au loin ? Ou les pleurs des racines ? Qu'importe. Car avancer dans ces ténèbres flottantes est si magique. Si apaisant. Personne, ici. Personne à part vous, et vous-même. Quelques volutes de claviers, quelques roulements de tambours. Vous voilà un enfant dans la nature. Plus de ciel, pas besoin de ciel. Seulement ces raies de lumière entre les épines de pin. Je suis perdu, à jamais perdu.
Mais avec la magnificence de l'aigle, je vole, et avec la puissance du torrent, je coule, lentement, je me fonds dans les souches, dans les terres et les chemins. Pour naître une fois encore avec les chênes.

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Murmuüre - Murmuüre

Aaaaah Murmuüre. Ce nom à lui seul me fait frissonner depuis bientôt deux ans. N'ayez pas l'affront de me demander pourquoi. Pourquoi ? Mais parce que c'est L'ALBUM de cette décennie. Et pour la peine, une jolie chronique.
J'ai eu la chance de pouvoir poser les oreilles sur les deux versions, tape et CD (la version vinyl étant la même que la tape), et j'ai été surpris de voir que je préférais la tape, un son un peu plus bouché, mysterieux. Mais peu de choses changent ! Donc, le monstre.
Murmuüre donne dans un registre... Ambient/Post-post-post-punk/Electro/Black Metal/Free qui, dit comme ça, n'inspire absolument rien. Pourquoi ? Parce qu'à part Blut Aus Nord, je n'ai jamais rien entendu de si barré.
Felix a su aisément placer quelques références - qui ne sont là que pour leur côté musical - comme la Carmina Burana du Salo de Pasolini, ou bien encore un petit extrait de la BO de The Wicker Man (oui, la version originale). Il est aussi maître ès illusion sonore : mélangeant un jam de guitares grésillantes avec des lignes sombres de basses et de sons électroniques ronds de toute beauté. S'ajoute une batterie live (du musicien HxC Hugues Le Corre) qui colle monstrueusement bien au reste. Entre pistes "fuzzed out" comme disent nos amis d'Aquarium Rec., et ambient sublime (j'insiste), nos oreilles se prennent une baffe inoubliable.

« Est beau ce qui plaît universellement sans concept. »
(Kant)

Eeeeh oui... C'est d'une blancheur immaculée, d'une puissance abyssale qui nous vient des hautes-sphères. Les sons cristallins qui abaissent 90% des groupes d'ambient au rang de musique pour documentaire. Les jam black metal barrés et psyché qui ravalent la majorité des groupes du genre à une bande d'abrutis vouant un cvlte à Darkthrone. Ici, point de limites. C'est abstrait, presque d'un autre monde tellement la manière de coller les sons est étrange. On sent de grosses réminiscences de Coil, ainsi qu'une base post-punk avec laquelle le musicien joue aisément - à noter que c'est un ancien de la scène HxC.
Une terre à défricher. Notre Terre. Celle que nous avons avalé. Et qui nous avalera. Cette renaissance, cycle ininterrompu qui nous échappe totalement. Murmuüre est l'ersatz inconscient de cette mémoire cellulaire que nous avons tous, et qui par conséquent nous touche tous.
Les flûtes, les trompes, et les cris en retrait (impossible de savoir ce que Félix raconte!) forment un ensemble hermétique, et cette magie enfantine qui nous laisse comme un imbécile une fois le disque terminé, il ne faut pas la briser en élucidant tous les mystères du groupe.
Ci-gît le plus grand album de la décennie. Une pièce qui tout comme celles de Bach, devra rester dans les mémoires de par sa structure originale, sa beauté originelle et sa sincérité étrangement touchante.
Sold-out en CD, LP et MC mais surveillez ici (si vente il y a, sautez sur l'occasion)
Et le tout s'écoute ici

Reste à prier pour que nous soyons gratifiés d'autres sorties.
Quel qu’en soit le genre.


Nicholas Szczepanik - Please Stop Loving Me

Please Stop Loving Me. Voilà un album qui a divisé. Relevant du génie pour certains, et de la musique pour radiateur par d'autres, dur dur de se faire un avis... Et il est vrai que l'avis tranché se révèle être assez impossible pour cette sortie de Nicholas Szczepanik. Jeune homme en pleine explosion dans le milieu Ambient, il nous a déjà livré de belles choses (il faut le dire) avec par exemple Ante Algo Azul, 12 petites merveilles fabuleusement empaquetées... Bref, de quoi aisément me séduire. Autant le dire, Szczepanik était attendu au tournant. Qu'en est-il alors ? Trêve de bavardages.

Please Stop Loving Me, au titre racoleur et à la cover floue, se compose d'une chanson d'une petite cinquantaine de minutes. C'est très très lent. Disons que ce qui viendrait à l'esprit, c'est le mouvement majestueux et répétitif des méduses au fond de l'océan. Un son doux mais avec une pression non-négligeable. C'est donc en eaux profondes que nous sommes. Et les méduses n'en sortent que plus lumineuses...
Je recommande donc l'album aux stressés, mais aux stressés imaginatifs. Car les 50 minutes sont très linéaires... L'amour et l'ennui sont des sentiments qui transparaissent ici. Fortement. Ainsi qu'un je-m'en-foutisme du monde extérieur. On est tellement mieux, perdu dans sa tête, à contempler des choses que personne d'autre ne verra jamais...
Un bon album, surestimé à tord, mais qui s'en tire avec les honneurs. Toutes les oreilles curieuses, tous les grand rêveurs, et les autres qui aiment simplement les sons lumineux : plongez-y.
A noter : cette sortie me rappelle étrangement la BO de Jurassic Park, dans sa version ralentie de 1000%.
Cette dernière est à écouter ici (je vous la recommande chaudement!)

Le Szczepanik s'apprécie là (en HD1080 s'il-vous-plaît)
Et s'achète à cet endroit

White Ring - A White Earth, This Time ?

White Ring, le miraculé de la scène Witch House, est de retour après un "Black Earth That Made Me" tristement amer. On se souvient de la froideur du canon de flingue sur "Ixc999", ou encore des cris désespérés "The ocean still lays, The gods still pay" sur "We Rot". Qu'en est-il des porteurs de flambeau de l'éléctro déchéante ?
Ce 12" qu'est Hey Hey, My My / Felt U est ma foi très différent des premiers travaux du groupe. Tout d'abord, la première piste. Audacieuse reprise de la chanson de Neil Youg, à grands coups de voix vaporeuse et de nappes épileptiques alternées avec des passages plus calmes agrémentés d'un piano discret.
WR aime jouer les contrastes... Mais les petites montées en puissance dans la chanson font mèche à chaque fois.
Quant à Felt U... Que dire de ce goût qu'il nous laisse ? La tristesse et la solitude hantent définitivement cette chanson. Les glitches à tout va et la batterie schizophrénique sont menés avec maestria, tandis que Kendra Malia lance des cris de toute beauté.
Si ce groupe trouve toute sa puissance sur scène, il n'en reste pas moins que ce 12" est un petit bijou que vous ne verrez pas passer. Felt U, sombre éclair, se terminera dans une telle béatitude que la première chanson repartira déjà, et vous prenez alors un second ticket pour le manège White Ring.
Vicieux mais délicieux.
Get it
Get a glance on it

samedi 18 février 2012

Sl∞p

A peine levé, mal au crâne... J'ai du prendre un peu trop de reverb' hier soir. Alors... "Forever" de Sleep ∞ Over. Oui, la reverb est bien au programme. De la darkwave bien rêveuse, cotonneuse même. Pas grand chose à dire dessus, mis à part que l'on est perdu entre Cristal Castles et Power X. Ça pulse en arrière-plan, les chants s’emmêlent, ma tête aussi... Ce disque donne envie de pousser le son au maximum, de s'allonger sur le sol, où que l'on soit, se recroqueviller en position fœtale et laisser la vie couler... Le nom du groupe est donc bien choisi, de même pour la délicieuse pochette sucrée. C'est une réussite...
Pour écouter c'est plus bas




Pour acheter ça se passe ici

Celer - Some Butterflies In My Head...

Aaaaaaaah, Celer... Un groupe très productif. Peut-être trop par moments, mais on ne peut pas lui reprocher ceci. D'une car tout est gratuit, et de deux car quoi qu'on en dise, Celer a su se faire un son.
Et Butterflies, sans être un grand nom de la scène... est une sacrée bête.
En effet, quatre, non pardon, cinq titres ! De quarante minutes chacun, formés uniquement de loops répétés. Alors ? Raté ? Réussi ?
Je dirais que je n'ai rien entendu de tel avant, et qu'il est donc impossible de le comparer à quelque chose... sauf à un petit fil sur lequel reposerait tout le poids de l'univers. Il arrive à bout de souffle. Et Celer l'a enregistré pour nous. Un son distant et faible, incertain, cristallin. Le monde vu par Celer est celui d'un aveugle avide de toucher.
Et on écoute le bijou ici

Gimu - A Prayer For Time

Gimu s'amuse avec l'innocence d'un enfant d'un an à nous livrer des titres de 10min qui ne sont que des boucles répétées. Ce n'est pas sans me rappeler un certain Celer et son "Butterflies". Cet album aurait coûté cher, je l'aurais dit dispensable. Mais Heat Death Records a su raison garder, et au prix où c'est, il vous faut foncer. Foncer vous échouer sur une plage, toujours la même. Dès que l'on ferme les yeux. Ces vagues immobiles... ces nuages qui tissent les pluies au loin.
Une prière certes, pour un temps à jamais arrêté.
Efficace, mélancolique et nuageux... Averse passagère garantie.
Ça s'achète ici
Et ça s'écoute

I'm not sad, folks. I'm a dreamer.

Saåad, oui. Saåad...
L'été est décalé, et les arbres gèlent. Comme vous, lorsque vous écoutez ce duo toulousain. Quelques réminiscences shoegaze mixée à l'éléctro - dans le style de M83, sans le côté lent et bobo. Quelques rêves délavés et usagés. Quelques souvenirs oubliés, refoulés... Un choc violent, inattendu. D'un coup. Et un réveil, à moitié dans le monde réel, à moitié dans les vapes. Une sortie de coma. Un tunnel blanc dont on peut se délecter sans rien risquer.
Totalement abstrait et lointain, pourtant si près de ce que nous sommes, tous, au fond.
Une lumière, une étincelle, celle d'une génération éteinte, mais qui stock les souvenirs. Oubliés. Refoulés.
Delayed Summer tape très haut avec un post-post-rock céleste. La puissance universelle, la lenteur et le silence de la Nature passés en accéléré. Après tout peut-être que la vie est la plus belle musique.
Dommage en tous cas qu'elle soit limitée à 44 exemplaires d'ores et déjà sold-out...
Mais pour écouter, c'est possible par ici

Postdrome - Never Without

Postdrome... Un groupe qui certainement - et ce malgré une grande discrétion - restera dans les mémoires. Ici, un ambient des plus épuré, parfois rappelant les bruits de l'océan, parfois le bruit de la cigarette qui se consume lorsque l'on est sous un auvent un jour de pluie.
Au-delà de ces subjectivités, "Never Without" a un mérite et pas des moindres : nous transporter à des milliers de kilomètres en quelques nappes sonores. La grande profondeur des sons n'y est pas pour rien, et les amateurs d'ambient n'y sont pas étrangers. Certes, mais alors quoi de plus ici qu'ailleurs ?
La sincérité. Chaque "glitch" électronique, petits bugs d'arrière-plan, semble sorti du cerveau - un chouilla planté! - de Charlie Floyd. Le plantage se répand, c'est un bug généralisé. Dans le piano à queue, ou dans la voix. Tout à planté.
Une perle prismatique.
Listen

mardi 14 février 2012

Spear of Gold and Seraphim Bone


Comme je le disais à un ami c'est le "Murmuüre de la noise" en ce sens qu'il est assez céleste, mais aussi complétement occulte et mystique. Des touches d'"éléctro" aérienne par dessus la nappe noise qui s'approche du résultat que ferait une tape de Black oubliée et maltraitée qui ressort d'un coup des profondeurs de la terre. Car oui, il y a de la batterie, du chant et toutes sortes de sonorités d'outre-tombe. Je suis bien content de mon achat, même si le soi-disant packaging "vinyl-like" n'est pas réussi. A vos casques! C'est une aventure qui laisse des traces - et leur meilleur enregistrement.