Si tout n'était que résonance. Le choc des atomes, des molécules. La rencontre fortuite d'êtres titubants.
Mon radiateur me parle quand je me cogne la tête contre lui.
En tendant l'oreille, tout chante - des fenêtres aux cheminées. Si tout n'était que la résonance des cloches. Tout serait vague, erratique. Cherchant le soleil, rampant et s'entassant jusqu'à former des rocs.
Chanter dos au sol, formant d'immenses idéogrammes à la gloire de l'oubli d'un culte. La plante des pieds contre la tête.
Jusqu'à la formation d'une île. Ou d'une presqu'île.
Après quelques coups contre la grille de mon radiateur, je ne sens plus rien. Le bruit métallique résonne dans mon crâne - et l'eau qui s'écoule dans le réservoir me semble s'infiltrer dans mes oreilles dès que je me concentre dessus. La possibilité du ciel.
La tête dans les cloches. Oscillant de droite à gauche, et m'écrasant inévitablement sur les parois. Il est ...h.
Ma tête et les cloches tout en bandes magnétiques. Nos fidèles de plastique chantent avec une voix abîmée. La liturgie d'un déchirement céleste. Je vois la tête! Il est électrique.
µ Ara c
Je ne sens pas, je ne ressens pas. Je suis. L'inaudible dans la peinture, l'invisible musical. Acousmalgie.
Après que tout se transforme, que tout se consume, resteront les échos.
Le corps inanimé du muezzin exhalera toujours un adhan déformé.
En voici un enregistrement.
Golders Green nous vient de Byron Christodoulou, et est à la fois très mélodieux, mais aussi noise et drone au possible. Influencé en grande partie par différents chants religieux (il cite entre autres les liturgies roumaines, les chants byzantins, les gospels afro-américains...), mais aussi selon moi par James Ferraro, l'album s'en trouve comme un manifeste de différentes religions, oublié et naviguant quelque part, cramé par l'eau, le sel et le soleil. Impossible ou presque d’apprécier ce fruit, amer lors des premières écoutes mais de plus en plus attrayant après quelques "efforts".
Sans aucun doute la sortie la plus expérimentale de chez BLWBCK, et l'une des curiosités musicales qui m'aura le plus emballé ces derniers mois.
Amateurs de noise, drone, religions, lo-fi, tape manipulation, ovnis, collages sonores, ambient... jetez-vous dessus.
Sortie à venir (et aussi un stream intégral pour bientôt j'imagine!).
Pour le moment, deux chansons sur le BANDCAMP et un pre-order chez... BLWBCK (ltd.55)
samedi 25 août 2012
mercredi 22 août 2012
Ichtyor Tides - Mortisle Elytrion
Lors de mon codage, quelque chose a raté. Inclure la réalité augmentée à ma rétine pour me résoudre à ne rien comprendre. Les plantes - du moins les rares qui s'obstinent à vivre, les nuages de grès, le ciel de plomb, ne sont pour moi que des pixels. Les êtres, non plus vivants mais plutôt habitants, se résument à une tripotée d'informations digitales erronées.
Je suis une production.
J'espère ne pas être un produit.
Le ciel est bleu. Enfin je crois. On m'a dit qu'il était bleu comme cette fleure... le coquelicot. Il est bleu.
De toute manière, de quelle couleur pourrait-il être ?
J'aime écouter les autres se taire. Entendre le cheminement de leur souffle mécanique à travers leur poitrine vide où rugit l'essence. Il fonctionne même au zéro absolu.
Fléchir : le Dictionnaire le décrit comme un synonyme de "réfléchir". Plus personne n'utilise ce mot. Il n'a sûrement pas survécu au zéro absolu.
Ni aux salutations dégingandées dans l'escalier. Il est plein de moustiques. J'adore les laisser s'attaquer à mon substitut de peau. Descendre. Les bras écartés - et ne former qu'une croix. La vermine sur mes épaules. Toujours plus bas. Sentir le bitume et l'accepter comme son sauveur. Sentir sa couche artificielle de parfum réchauffé. Ne pas l'accepter. Traduire.
J'aimerais pouvoir me flétrir. Brancher mes fils et pénétrer l'univers. Vider mon âme et vendre ce corps que je n'ai pas.
Naître dans l'éclair insensé d'une erreur me donne plus de raison d'être que tous ces gens prévus et voulus.
J'envie seulement leur non-être. D'homme je veux devenir chaîne.
Reification. Au fond c'est ce que tout le monde veut. C'est la cause première de la mort. Devenir une chose, dans une boite. Ou jetée à la mer.
Il va bientôt falloir que j'aille dérouler les vagues.
J'aime voir les gens inertes. Les choses inertes. Les vagues inertes. Je n'irai pas les déplier aujourd'hui. Car c'est ici que la beauté réside. Dans ces murs vivants de leur inaptitude à exister. Bien plus qu'un homme.
Et suppositio nil ponit in esse.
Peau : Ce matin j'ai décidé de me l’arracher. Plus de légèreté. A vif, piqué par la prison que se révèle être l'infini. Inhibé. Ne plus rien sentir. Devenir le non-vivant, qui se meut comme la pierre.
Ichtyor Tides est un projet français entre l'indus, le drone, l'ambient et la noise incorporant à sa musique de la poésie. Non seulement la musique, plutôt rythmique, est en elle-même intriguant et parfaite pour qui a une imagination digne de ce nom (!), mais les passages narrés de poésie urbaine sont tout simplement magnifiques. Entre haiku et désespoir scandé, IT dit se sentir proche d'Arnold Böcklin, à raison.
Un travail sur la dystopie qui nous la montre sous un angle froid, dénu(d)é d'artifices, mais splendide en ceci qu'elle peut créer les pensées les plus vivantes.
Le CD (ltd.100) est sorti chez le label INVIDATION.
Avis aux amateurs de musique / poésie !! Chaudement recommandé.
Je suis une production.
J'espère ne pas être un produit.
Le ciel est bleu. Enfin je crois. On m'a dit qu'il était bleu comme cette fleure... le coquelicot. Il est bleu.
De toute manière, de quelle couleur pourrait-il être ?
J'aime écouter les autres se taire. Entendre le cheminement de leur souffle mécanique à travers leur poitrine vide où rugit l'essence. Il fonctionne même au zéro absolu.
Fléchir : le Dictionnaire le décrit comme un synonyme de "réfléchir". Plus personne n'utilise ce mot. Il n'a sûrement pas survécu au zéro absolu.
Ni aux salutations dégingandées dans l'escalier. Il est plein de moustiques. J'adore les laisser s'attaquer à mon substitut de peau. Descendre. Les bras écartés - et ne former qu'une croix. La vermine sur mes épaules. Toujours plus bas. Sentir le bitume et l'accepter comme son sauveur. Sentir sa couche artificielle de parfum réchauffé. Ne pas l'accepter. Traduire.
J'aimerais pouvoir me flétrir. Brancher mes fils et pénétrer l'univers. Vider mon âme et vendre ce corps que je n'ai pas.
Naître dans l'éclair insensé d'une erreur me donne plus de raison d'être que tous ces gens prévus et voulus.
J'envie seulement leur non-être. D'homme je veux devenir chaîne.
Reification. Au fond c'est ce que tout le monde veut. C'est la cause première de la mort. Devenir une chose, dans une boite. Ou jetée à la mer.
Il va bientôt falloir que j'aille dérouler les vagues.
J'aime voir les gens inertes. Les choses inertes. Les vagues inertes. Je n'irai pas les déplier aujourd'hui. Car c'est ici que la beauté réside. Dans ces murs vivants de leur inaptitude à exister. Bien plus qu'un homme.
Et suppositio nil ponit in esse.
Peau : Ce matin j'ai décidé de me l’arracher. Plus de légèreté. A vif, piqué par la prison que se révèle être l'infini. Inhibé. Ne plus rien sentir. Devenir le non-vivant, qui se meut comme la pierre.
Ichtyor Tides est un projet français entre l'indus, le drone, l'ambient et la noise incorporant à sa musique de la poésie. Non seulement la musique, plutôt rythmique, est en elle-même intriguant et parfaite pour qui a une imagination digne de ce nom (!), mais les passages narrés de poésie urbaine sont tout simplement magnifiques. Entre haiku et désespoir scandé, IT dit se sentir proche d'Arnold Böcklin, à raison.
Un travail sur la dystopie qui nous la montre sous un angle froid, dénu(d)é d'artifices, mais splendide en ceci qu'elle peut créer les pensées les plus vivantes.
Le CD (ltd.100) est sorti chez le label INVIDATION.
Avis aux amateurs de musique / poésie !! Chaudement recommandé.
Libellés :
ambient,
Ichtyor Tides,
indus,
invidation,
Mortisle Elytrion,
poésie
lundi 20 août 2012
Loss of Self - s/t
C'est drôle, mais la neige formait un étrange marbre, veiné comme de cheveux. A perte de vue. L'aridité me prenait aux bronches, mais je crois que rien ne pourra m'empêcher d'allumer cette cigarette.
A chaque bouffée, elle rétrécie, et je me dis que c'est comme tout. Une respiration de plus en plus intoxiquée. J'ai entendu dire que l'univers fonctionnait un peu comme un cœur... En expansion en ce moment, jusqu'à ce qu'il se rétracte.
Le mien justement, m'a tout l'air de faire une syncope. Le sang n'afflue plus. J'ai la vue qui se trouble, du blanc moiré tout passe au noir.
Comme si tout s'inversait dans une pluie de symboles : les filaments noirs sont à présent blancs.
Et tout s'arrête.
Ku ku ku.
Tout vrombis, une dernière fois - ça rugit.
Tout me fait mal, j'ai envie d'arracher mon visage, de me scalper. Le temps fera le reste, et fondra ma crinière à la pierre...
Il ne me reste plus qu'à devenir un astrostoppeur. Fermer les yeux, prendre les étoiles, et partir sur la première comète...
"J'ai besoin d'un excès quelconque pour quitter le système solaire quelques secondes ou quelques plombes. Allongé sur le sol de la salle de bains, énergie à zéro, mais j'ai les choses en main."
Loss of Self est un jeune duo australien. Black Metal et Post-punk des chaumières, je dirais presque dans le style cascadian. Voici deux raisons de vous pencher sur ce projet : la musique est excellente, et leur disque (limité à 49 copies!) est distribué gratuitement, où que vous soyez dans le monde. Il suffit de demander ici. Tout est sur le bandcamp.
Support the plague! Un mail ne coûte rien et ça leur fera sûrement plaisir !
EDIT : Sold-out // voici le portfolio de Jacob, qui vaut le détour.
A chaque bouffée, elle rétrécie, et je me dis que c'est comme tout. Une respiration de plus en plus intoxiquée. J'ai entendu dire que l'univers fonctionnait un peu comme un cœur... En expansion en ce moment, jusqu'à ce qu'il se rétracte.
Le mien justement, m'a tout l'air de faire une syncope. Le sang n'afflue plus. J'ai la vue qui se trouble, du blanc moiré tout passe au noir.
Comme si tout s'inversait dans une pluie de symboles : les filaments noirs sont à présent blancs.
Et tout s'arrête.
Ku ku ku.
Tout vrombis, une dernière fois - ça rugit.
Tout me fait mal, j'ai envie d'arracher mon visage, de me scalper. Le temps fera le reste, et fondra ma crinière à la pierre...
Il ne me reste plus qu'à devenir un astrostoppeur. Fermer les yeux, prendre les étoiles, et partir sur la première comète...
"J'ai besoin d'un excès quelconque pour quitter le système solaire quelques secondes ou quelques plombes. Allongé sur le sol de la salle de bains, énergie à zéro, mais j'ai les choses en main."
Loss of Self est un jeune duo australien. Black Metal et Post-punk des chaumières, je dirais presque dans le style cascadian. Voici deux raisons de vous pencher sur ce projet : la musique est excellente, et leur disque (limité à 49 copies!) est distribué gratuitement, où que vous soyez dans le monde. Il suffit de demander ici. Tout est sur le bandcamp.
Support the plague! Un mail ne coûte rien et ça leur fera sûrement plaisir !
EDIT : Sold-out // voici le portfolio de Jacob, qui vaut le détour.
Libellés :
australia,
black metal,
Loss of self,
post punk
mercredi 15 août 2012
Wreck and Reference - Interview
WRECK
and REFERENCE
AN
INTERVIEW (BUT NO FUN!)
On
Ambient Churches
AC : "What is your name?" *
Ignat:
Nous nous appelons Wreck and Reference. Nous sommes deux, chacun
avec notre propre nom, mais c'est une autre question.
AC
: "What is your quest?"
Ignat:
Je ne suis pas sur que nous en ayons vraiment une. Et toi, quelle est
ta quête ? Peut-être que ça (nous) mettrait sur le chemin pour
comprendre la notre.
Felix:
J'allais dire que notre quête était de trouver le Saint Graal, mais
je viens de me souvenir qu'on est censés rester énigmatiques dans
nos interviews.
AC
: "What is your favorite color?"
Ignat:
Le problème avec les couleurs c'est qu'elles distraient
les gens de l'essence de l'image. La couleur est souvent sans
contenu. C'est pourquoi je pense que je préfère quand les objets ne
sont pas colorés.
Felix:
#41383C
AC
: Que pouvez-vous nous dire sur Wreck and Reference ? J'ai vu
quelques photos de vos concerts... et vous jouez sans guitares !
Pourtant en écoutant votre nouvel album j'aurais juré qu'il y en
avait. Le son en lui-même est quelque chose de très important pour
vous, non ?
Vous
pourriez nous en dire un peu plus sur votre manière de composer ?
Ignat:
Plus de 60 ans de rock avec des guitares et tu en voudrais encore
plus ?! Les guitares sont chiantes ! Bien que j'ai écris quelques
chansons à la guitare, beaucoup sont le résultat de samples passés
dans un séquenceur, sur l'ordinateur. C'est une approche différente
du rock, et j'aimerais espérer, non-conforme.
Est-ce que ça marche ?
Est-ce que ça marche ?
Felix:
Nous avons beaucoup discutés de notre méthode de composition
et de nos efforts pour nous surpasser musicalement, mais pour être
honnête, je ne pense pas que je pourrais être content en écrivant
une chanson uniquement sur une guitare. Du coup, le procédé a
défini la musique, et vice versa.
AC
: Pour vous citer : "Il y a aussi un thème mis en avant qui est
le déterminisme. L'Humanité n'est pas dotée du libre arbitre
puisqu'elle est mûe par une inexorable séquence d’évènements
physiques et chimiques qui perpétuent l'organisme et la réalité
humaine dans les abysses – la fin de toute vie."
Vous
vous sentez proche du concept de vanité ? (je pense au tableau "Les
Ambassadeurs" de Hans Holbein). Une chose est sure : ce n'est
pas un nihilisme standard...
Ignat:
J'ai aimé ta question, et j'ai du faire quelques recherches pour y
répondre. Je pense que la principale différence entre la vanité de
Holbein (le crâne) et le nihilisme vers lequel nous tendons est que
la vanité découle d'une perspective d’existence, un genre
d'inutilité face à la mort. Le nihilisme auquel je me rattache
préfère une vision du monde comme d'un fonctionnement "physique"
(rationnel), qui en fait n'est pas tellement du nihilisme quand on y
pense. La réalité vue par l'homme est une interprétation
insignifiante d'une fraction d'un monde physique qui est en fait contrôlée par le mouvement des particules et des masses suivant des
règles établies, si on voulait donner du
crédit aux recherches. Notre compréhension se résume au grattage de
la surface des choses.
De
ce point de vue, l'existence humaine n'a pas de sens car elle est
dans une continuité de quelque chose de bien plus grand qu'elle,
notre esprit joue un peu le rôle d'un conduit
pour l'espace, et du coup il nous faut rejeter tout anthropocentrisme, volonté d'existence, mais aussi ce crâne (celui
de Holbein!, ndlr). Souviens-toi de la mort, ou pas. De toute manière
ça ne fait pas de différence. Si l'univers suit des règles qui
peuvent être approchées de manière mathématique,
cela ne peut que nous amener à la rationalisation. Selon moi, le
nihilisme c'est nier cette approche méthodique, c'est à dire l’éthique ; donc la croyance en la prédominance du rationnel
(physique) est contraire à toute croyance basée sur le "vrai"
nihilisme.
Felix
: On a pas encore trouvé de qualités analgésiantes dans notre
philosophie bâtarde. A bien des égards, notre musique est le résultat sonore de notre avenir arrivant à son terme, avec ce que
nous comprenons comme étant la vérité et les besoins corporels
qui nous tiraillent.
Puisque
nous sommes apparemment incapables d'apathie, on va continuer à
utiliser l'alcool et la fatigue post-concert comme nos méthodes
d'anesthésie préférées.
AC
: Votre nouvel album s'appelle "No Youth" (ou, plus précisément, le mot Youth est barré sur la pochette). Pourquoi ?
Ignat:
On a pris du LSD un jour, sur une pelouse bien verte avec le soleil
qui luisait. C'est à ce moment qu'on a écrit et enregistré Youth.
Je me suis demandé pourquoi, au milieu de la beauté et de la
nature, deux jeunes hommes en pleine 'floraison' avaient une si forte
tendance à se priver de tout ça en écrivant sur la dépression, le
fait que le bonheur est futile... mais aussi en le vivant réellement,
ce n'est pas juste un travail de fiction. Je n'ai toujours pas de
réponse à ta question. Mais je pensais que ça pourrait être bien
de faire un album qui expliquerait pourquoi notre premier disque
était si emplit de misère et de fatalisme, et pourquoi on tend
inévitablement vers ça. Je ne suis pas certain que nous l'ayons
vraiment terminé, mais Youth
est une
veritable excursion dans beaucoup d'aspects très personnels de ma
vie et de mon histoire, et touche aussi quelques questions de
société. De diverses choses qui nous privent de vivre et nous
mènent vers ce vide et cette depression.
Felix
: La prochaine fois W&R prendra plus d'acide, fera un album folk,
splittera et puis on se tuera.
AC
: Je serais bien curieux de vous voir jouer de la folk !
On peut donc dire queYouth
est à la fois un album sincère et personnel. Mais si je comprends
bien, c'est aussi très rationnel, pas de magie (magick), rien
d'autre que l'Absolu.
On peut donc dire que
Tout
ça me fait me demander une chose : vous considérez W&R comme
une entité musicale ? Ou un pur produit rationnel et mathématique ?
Comme toute chose en vérité.
Si
ce n'est plus de la musique à vos yeux, comment le décririez-vous ?
Felix:
On approche l'absurde ici. Il existe une infinité de manières pour
décrire Wreck & Reference, et je n'ai aucune autorité en la
matière ; là où la vérité git entre le ridicule et l'empirique.
Plutôt que d'essayer sans relâche de
cataloguer W&R, je préfère remercier le frisson et l'inconfort
que provoque l'indéfini. Il y tellement de choses pour lesquelles
j'aimerais dire que ce n'est pas moi, mais si nous revendiquons le
droit à une identité ou un but singulier, j'ai peur que nous
devions sacrifier beaucoup de notre liberté et de notre amusement
(coïncidence, c'est justement deux choses en lesquelles nous ne
croyons pas.)
AC
: Merci pour tout, j'espère qu'on vous reverra bientôt en ces
terres !
Je
vous laisse le mot de la fin.
...
PDF :
Traduction
par Ambient Churches, 2012
mardi 14 août 2012
Celer - Epicentrum of redness and lightness
Aujourd'hui je me suis allongé sur le lac. Vous savez, ce lac. Cherchez, vous le connaissez.
(Ils ne voyaient pas de quel lac je parlais...)
Pourtant j'y vais, souvent, trop souvent. J'aime à y noyer mes pensées. Et en flottant sur cette eau claire qui reflète le ciel, j'ai beau me dire que toute cette pression que les gens me mettent, toutes ces mauvaises choses qu'ils ont en tête ne sont que...
(Les flots se creusaient sous moi, non plus comme un lit mais comme une faille.)
J'ai commencé à m'enfoncer dans les entrailles des eaux. Mes pensées sont très rapidement devenues des réflexes nerveux, et de contemplateur je passais à "survis!"
Je tentais d'agiter mes bras et mes jambes de manière synchronisée, à la manière d'une grenouille dont, j'espère, je n'avais pas l'élégance.
(De l'air, de l'air !)
Mes poumons se rétractaient, comme si je revivais ma naissance à l'envers. Aspiré.
Et j'ai voulu crier, sous l'eau - mais sous l'eau le son se résume à quelques bulles, en surface... Quelques frissonnements au loin, sûrement des poissons, et quelques lumières, sûrement... sûrement...
L'eau dans les poumons. J'ai respiré la moitié de la faune et de la flore par la même occasion.
Je ne sais pas si vous en avez déjà fait l'expérience, mais c'est à ce moment que tout se floute. Que tout devient distant, et que cette seconde où l'on devient le lac est tellement distordue qu'elle est en fait une brève éternité.
Quoi qu'il en soit, c'est là que je me suis mit à tout voir comme à travers un prisme. Coloré, tournoyant, d'un calme oppressant. Un calme lumineux et kosmischique. En plein délire, me direz-vous, mais lors de cette noyade tout me parlait, tout... chantait. Et je me suis mis aussi à chanter, sous l'eau - enfin c'est ce que je crois.
Même si j'étais face à la terre trempée, au fond, je me sentais monter dans une irrésistible quiétude. Je préfère décidément ce fond marin aux open-space. Pourtant tous les poissons me voient, ici. Moi qui n'ai pas de branchies, je devrais me sentir ridicule.
Et puis j'ai levé les yeux. Et j'ai battu des paupières. Je me souvenais de cet endroit, vu d'en haut, d'au-dessus de l'eau. Et je me suis souvenu d'elle. Enfant. Je m'étais accroché à l'arbre, en cochon pendu. Et comme moi aujourd'hui, elle avait bu l'eau. Elle en avait bue jusqu'à inonder les 35% de son corps qui n'étaient pas de l'eau.
C'est un peu comme un cimetière de baleines... ici viennent se retrouver ceux qui sont perdus. Et les yeux vers leur ciel, chanter. Je m'étais toujours demandé ce qu'étaient ces interférences, à la surface des lacs.
Celer est le projet de Will Long, un artiste très productif dans la scène ambient (sous diverses formes). Et ce n'est pas parce qu'il produit beaucoup qu'il produit mal. Au contraire, il livre des heures de rêve, et d'impression de coma surréaliste... je vous invite à découvrir le travail de ce merveilleux artiste sur son site.
Cette article regroupe trois de ses nouveaux albums :
(Ils ne voyaient pas de quel lac je parlais...)
Pourtant j'y vais, souvent, trop souvent. J'aime à y noyer mes pensées. Et en flottant sur cette eau claire qui reflète le ciel, j'ai beau me dire que toute cette pression que les gens me mettent, toutes ces mauvaises choses qu'ils ont en tête ne sont que...
(Les flots se creusaient sous moi, non plus comme un lit mais comme une faille.)
J'ai commencé à m'enfoncer dans les entrailles des eaux. Mes pensées sont très rapidement devenues des réflexes nerveux, et de contemplateur je passais à "survis!"
Je tentais d'agiter mes bras et mes jambes de manière synchronisée, à la manière d'une grenouille dont, j'espère, je n'avais pas l'élégance.
(De l'air, de l'air !)
Mes poumons se rétractaient, comme si je revivais ma naissance à l'envers. Aspiré.
Et j'ai voulu crier, sous l'eau - mais sous l'eau le son se résume à quelques bulles, en surface... Quelques frissonnements au loin, sûrement des poissons, et quelques lumières, sûrement... sûrement...
L'eau dans les poumons. J'ai respiré la moitié de la faune et de la flore par la même occasion.
Je ne sais pas si vous en avez déjà fait l'expérience, mais c'est à ce moment que tout se floute. Que tout devient distant, et que cette seconde où l'on devient le lac est tellement distordue qu'elle est en fait une brève éternité.
Quoi qu'il en soit, c'est là que je me suis mit à tout voir comme à travers un prisme. Coloré, tournoyant, d'un calme oppressant. Un calme lumineux et kosmischique. En plein délire, me direz-vous, mais lors de cette noyade tout me parlait, tout... chantait. Et je me suis mis aussi à chanter, sous l'eau - enfin c'est ce que je crois.
Même si j'étais face à la terre trempée, au fond, je me sentais monter dans une irrésistible quiétude. Je préfère décidément ce fond marin aux open-space. Pourtant tous les poissons me voient, ici. Moi qui n'ai pas de branchies, je devrais me sentir ridicule.
Et puis j'ai levé les yeux. Et j'ai battu des paupières. Je me souvenais de cet endroit, vu d'en haut, d'au-dessus de l'eau. Et je me suis souvenu d'elle. Enfant. Je m'étais accroché à l'arbre, en cochon pendu. Et comme moi aujourd'hui, elle avait bu l'eau. Elle en avait bue jusqu'à inonder les 35% de son corps qui n'étaient pas de l'eau.
C'est un peu comme un cimetière de baleines... ici viennent se retrouver ceux qui sont perdus. Et les yeux vers leur ciel, chanter. Je m'étais toujours demandé ce qu'étaient ces interférences, à la surface des lacs.
Celer est le projet de Will Long, un artiste très productif dans la scène ambient (sous diverses formes). Et ce n'est pas parce qu'il produit beaucoup qu'il produit mal. Au contraire, il livre des heures de rêve, et d'impression de coma surréaliste... je vous invite à découvrir le travail de ce merveilleux artiste sur son site.
Cette article regroupe trois de ses nouveaux albums :
Libellés :
ambient,
celer,
epicentral,
etheral,
lightness,
psychedelic,
redness,
will long
A bunch of blackness
Crowhurst :: Hindouisme dépravé // Pre post-apocalypse
// Sexe, poison, céleste.
Ninika :: Krautnoise // Amour et astreinte // Couleurs.
Ehnahre :: Ailleurs // Quelque chose // Attend.
Wheels within wheels - The Six Months of the Northern Course of the Sun :: BM lvx OrigΔmi - Memories :: Time travel // Electro Minimale // Pays des Merveilles
Crowhurst va être produit en tape (ltd.) chez Chondritic Sounds
Ninika va sortir en tape très bientôt sur NoVisible Scars
Ehnahre est à venir en CD limité chez Crucial Blast
Wheels within wheels est réédité chez EEE
OrigΔmi se trouve chez Disaro
Ninika :: Krautnoise // Amour et astreinte // Couleurs.
Ehnahre :: Ailleurs // Quelque chose // Attend.
Wheels within wheels - The Six Months of the Northern Course of the Sun :: BM lvx OrigΔmi - Memories :: Time travel // Electro Minimale // Pays des Merveilles
Crowhurst va être produit en tape (ltd.) chez Chondritic Sounds
Ninika va sortir en tape très bientôt sur NoVisible Scars
Ehnahre est à venir en CD limité chez Crucial Blast
Wheels within wheels est réédité chez EEE
OrigΔmi se trouve chez Disaro
Libellés :
black metal,
bliss,
crowhurst,
death,
doom,
ehnahre,
fuck off and die,
house,
mix,
ninika,
noise,
origami,
rock,
tortue,
wheels within wheels
lundi 13 août 2012
Tele.s.therion - Hinthv Ritvvm
Tele.s.therion. Un nom plus qu'étrange pour un projet d'acousmatic black metal mené par .S., chez RadicalMatters Editions.
Le nom est en réalité "Teleth . Sigelion. Therion".
Voici quelques clefs pour déchiffrer cette œuvre de musique contemporaine... (si la flemme vous emplit, partez directement écouter en bas de l'article!)
.τελετη.
Le Teleth est en grec la cérémonie, le culte, le fait de vouer un culte.
.
.σιγελιον.
Sigelion serait, dans l'occultisme, le dieu - grec - // incarnation d'Horus (?) du Silence.
La parole est d'argent, le silence est d'or.
.
.θηρίον.
Therion est la Bête de l'Apocalypse. Le nom en lui-même est déjà un sceau (sigil) sur lequel je vous laisse méditer. Trois termes qui, mis ensemble, sont sujet à une interprétation personnelle qui vous mènera à appréhender la musique sous un certain angle.
"As in the Eleusinian Telesterion, the listening become a physical action, it could be fixed like you fix the sound. The quality of the Silence is the set-up where the sound is propagated, the silence could be “designed” in its “quality”, as reflecting or absorbent; through the Silence it’s possible to manipulate the sound during recordings music."
Tele.s.therion est un projet qu'il serait possible de qualifier de sigillaire. L'entité se revendique de l'Ars Echemythia, soit le vœu de silence Pythagoricien - rite de passage pour entrer dans l'école de pensée et de vie Pythagoricienne. Ceci est lié à Pierre Schaffer, pionnier de la musique acousmatique, qui avançait que l'akousmatikoi était le cercle des disciples de Pythagore, ces derniers ne l'entendant parler que depuis derrière un voile. Voile que seraient ici les enceintes.
Ce rite commencerait donc par le silence, comme tout rituel. Du Chaos (Χαος, le Dieu primordial), de la faille ouverte, naît irrémédiablement la vie.
Une musique qui se tait car elle est la naissance de votre esprit, mais aussi le produit de cette dernière. Rien en elle-même. Rien si ce n'est des vibrations, des pulsations, des chuchotements concrétisés, coulés mais volatiles. Comme le shaman inhalant les vapeurs de volcan et l'augure s'ouvrant à l'etrusca disciplina, Tele.s.therion est un appel aux divinités chtoniennes (χθών, en grec "la terre").
Hinthv Ritvvm s'axe aussi sur différents manuscrits - ce qui n'est pas sans rappeler le travail d'Aleister Crowley.
Le Liber Linteus Zagrabiensis (un calendrier étrusque donnant des lieux et dates de rituels afin de prier les Dieux, pas entièrement déchiffré), la tablette de divination Liver - Piacenza, étrusque elle aussi, ainsi que divers manuscrits occultes sumériens. Ceci ferait cette fois bien plus penser au travaux récents de Michael W. Ford, occultiste étudiant la magie (du proche-orient) sous l'angle de l'adversité, de Lucifer [dieu porteur de lumière et de connaissance, "l'étoile du matin", Venus] afin de dégager la puissance par la connaissance.
Tele.s.therion pourrait être l'incarnation musicale de ces travaux, par un principe acousmatique et concret.
Hinthv Ritvvm est la bande-originale de la voie vers les Profondeurs. Le projet propose deux CDs, à écouter de préférence simultanément sur deux chaines hi-fi afin de créer sa propre expérience en lançant le deuxième CD au moment que l'on veut, et à la force que l'on veut. Ayant lancé les deux en même temps, haut-parleurs devant et derrière moi, très fort, je ne peux que vous recommander cette expérience hors-norme. La puissance d'immersion est supérieure qu'au casque, et il faut avouer que le mélange Black / Doom / Drone, avec du chant crié, tibétain, chuchoté, couplé aux basses qui font penser à des chutes de pierres a son petit effet. Le sol s'écroule sous le poids de l'univers en chute libre.
Le chemin des abysses se révèle, et il n'est pas aisé de placer un pied devant l'autre sans frissonner. Les créatures autour de vous sont des chimères sans visages. Et pourtant cette angoisse a un goût délicieux de mystère. Le son s'arrête, et le silence qui le suit n'en est que plus irréel.
Car tout est consumé.
Le rituel est mené par .S. et Lunurumh (aka Astral Lueur). Le duo vous mènera dans la magie acoustique la plus troublante et intrigante que vous ayez jamais vu.
Préparez-vous, car l'Apocalypse est personnelle, et cet enregistrement en est un zest détonnant.
Plus qu'à l’œuvre de Schaffer, Tele.s.therion me rappelle beaucoup le compositeur français Edgard Varèse. Tous deux s'expriment d'une manière ovniesque.
Le digipack avec inserts, etc. est vendu chez RADICAL MATTERS EDITIONS.
Et voici une page où vous pouvez écouter cet HINTHV RITVVM en stream, avec en prime une mini-console de mixage !
Soutenez-le car son travail est monumental.
Libellés :
acousmatic,
ambient,
black,
concret,
doom,
drone,
radical matters editions,
ritual,
tele.s.therion
vendredi 10 août 2012
Astral Lueur - Umbra Lemures
Le petit matin se lève, la cabane tient bon. Les portes claquent comme les serres d'un corbeau. J'ai l'impression que les murs tremblent, et me veulent. J'ai l'impression que ce matin a été ravalé par la nuit.
Pourtant on me l'avait dit. Ils me l'avaient dit, que Demerdzhi pouvait être un endroit étrange. Mais je ne voulais pas entendre.
Seulement m'isoler. M'isoler. M'isoler.
N'avez-vous jamais entendu la musique d'une chambre, aux heures les plus noires ? J'ai toujours la sensation que des violons jouent, au-dessus de mon crâne.
Ce coin, je n'ai jamais osé y aller. Juste derrière ma chambre - où mon lit en hauteur commence à coller, a cause de l'humidité et de diverses fluides - il y a ce petit coin. Je l'entends. J'entends sa bouche et ses ongles former une mélodie qui me rappelle les pulsations de mon sang. Il fait si froid. Et pourtant je boue.
Ce n'est pas cette chose, là-bas, qui crie. C'est moi. Elle me fait peur, à être recroquevillée comme ça. Je ne suis là que depuis quelques semaines et je sens déjà que mon regard se vide. Elle me tourne le dos. Ses mains près de sa bouche, comme si elle mâchonnait quelque chose depuis tout ce temps. Sa colonne vertébrale est saillante, et noire. Tout comme le sol. J'ai oublié de retirer mes bottes, de retour du marécage.
Les pièces sont vides, et les fenêtres calfeutrées. Seul un vieux piano aux angles métalliques noircis et une machine pour moudre mon café - qui n'a pas encore servie, mais qui est déjà pleine de poudre charbonneuse.
Une semaine de plus, sans dormir. Je n'ai pas de miroir et je ne sais pas à quoi je ressemble. Je sens juste ma colonne se courber, sous le poid des nuits interminables. Les arbres ont commencés à rentrer dans la maisonnette. Et le bois à gondoler.
Elle commence à me rappeler Anna. Dans le fond, je ne sais pas pourquoi. C'est sûrement car c'est la seule forme de vie aux alentours. Je ne vais plus pouvoir me retenir longtemps. Et de toute manière, je commence à lui ressembler. Je me suis même attaché des grelots le long du corps. J'ai l'impression de devenir un peu de cette maison-musicale.
Ce matin je suis allé la voir. Elle n'a pas tournée la tête. Toujours les mains à la bouche. Quelques secousses nerveuses. J'ai tendance à me dire que je suis un peu devenu comme elle. Une partie de cet endroit. Enraciné au sol. Le calme me tue, et les murs cerclent mon horizon. Je me suis mis sous elle, à plat ventre, et je me suis endormi, alors que des gouttes d'eau me tombaient dessus.
La vermine a tout infestée. Le plafond s'est mit a moisir, et la maison semble respirer. Elle n'a pas bougée. Je suis toujours sous elle. J'attends que les gouttes me transforment en flaque noire. J'attends, en chantant.
Astral Lueur est un groupe de dark ambient Ukrainien portant sur les lieux abandonnés, sombres et aux atmosphères oppressantes. Le principe est de se replacer dans l'histoire des lieux et d'en mettre le ressenti dans la musique - il faut dire que c'est très réussi.
Extrêmement angoissant et original (divers instruments, cordes, ou vents!), le groupe mélange une ambiance proche du film Vampyr (Dreyer, 1932) avec des relents black metal, jazzy (!) ou encore rituels.
Sorti chez RadicalMatters Editions que je remercie grandement pour son soutien !
A bon auditeur, salut.
Pourtant on me l'avait dit. Ils me l'avaient dit, que Demerdzhi pouvait être un endroit étrange. Mais je ne voulais pas entendre.
Seulement m'isoler. M'isoler. M'isoler.
N'avez-vous jamais entendu la musique d'une chambre, aux heures les plus noires ? J'ai toujours la sensation que des violons jouent, au-dessus de mon crâne.
Ce coin, je n'ai jamais osé y aller. Juste derrière ma chambre - où mon lit en hauteur commence à coller, a cause de l'humidité et de diverses fluides - il y a ce petit coin. Je l'entends. J'entends sa bouche et ses ongles former une mélodie qui me rappelle les pulsations de mon sang. Il fait si froid. Et pourtant je boue.
Ce n'est pas cette chose, là-bas, qui crie. C'est moi. Elle me fait peur, à être recroquevillée comme ça. Je ne suis là que depuis quelques semaines et je sens déjà que mon regard se vide. Elle me tourne le dos. Ses mains près de sa bouche, comme si elle mâchonnait quelque chose depuis tout ce temps. Sa colonne vertébrale est saillante, et noire. Tout comme le sol. J'ai oublié de retirer mes bottes, de retour du marécage.
Les pièces sont vides, et les fenêtres calfeutrées. Seul un vieux piano aux angles métalliques noircis et une machine pour moudre mon café - qui n'a pas encore servie, mais qui est déjà pleine de poudre charbonneuse.
Une semaine de plus, sans dormir. Je n'ai pas de miroir et je ne sais pas à quoi je ressemble. Je sens juste ma colonne se courber, sous le poid des nuits interminables. Les arbres ont commencés à rentrer dans la maisonnette. Et le bois à gondoler.
Elle commence à me rappeler Anna. Dans le fond, je ne sais pas pourquoi. C'est sûrement car c'est la seule forme de vie aux alentours. Je ne vais plus pouvoir me retenir longtemps. Et de toute manière, je commence à lui ressembler. Je me suis même attaché des grelots le long du corps. J'ai l'impression de devenir un peu de cette maison-musicale.
Ce matin je suis allé la voir. Elle n'a pas tournée la tête. Toujours les mains à la bouche. Quelques secousses nerveuses. J'ai tendance à me dire que je suis un peu devenu comme elle. Une partie de cet endroit. Enraciné au sol. Le calme me tue, et les murs cerclent mon horizon. Je me suis mis sous elle, à plat ventre, et je me suis endormi, alors que des gouttes d'eau me tombaient dessus.
La vermine a tout infestée. Le plafond s'est mit a moisir, et la maison semble respirer. Elle n'a pas bougée. Je suis toujours sous elle. J'attends que les gouttes me transforment en flaque noire. J'attends, en chantant.
Astral Lueur est un groupe de dark ambient Ukrainien portant sur les lieux abandonnés, sombres et aux atmosphères oppressantes. Le principe est de se replacer dans l'histoire des lieux et d'en mettre le ressenti dans la musique - il faut dire que c'est très réussi.
Extrêmement angoissant et original (divers instruments, cordes, ou vents!), le groupe mélange une ambiance proche du film Vampyr (Dreyer, 1932) avec des relents black metal, jazzy (!) ou encore rituels.
Sorti chez RadicalMatters Editions que je remercie grandement pour son soutien !
A bon auditeur, salut.
Inscription à :
Articles (Atom)