mercredi 15 août 2012

Wreck and Reference - Interview

WRECK and REFERENCE
AN INTERVIEW (BUT NO FUN!)

On Ambient Churches


 
AC : "What is your name?" *

Ignat: Nous nous appelons Wreck and Reference. Nous sommes deux, chacun avec notre propre nom, mais c'est une autre question.


AC : "What is your quest?"

Ignat: Je ne suis pas sur que nous en ayons vraiment une. Et toi, quelle est ta quête ? Peut-être que ça (nous) mettrait sur le chemin pour comprendre la notre.

Felix: J'allais dire que notre quête était de trouver le Saint Graal, mais je viens de me souvenir qu'on est censés rester énigmatiques dans nos interviews.


AC : "What is your favorite color?"

Ignat: Le problème avec les couleurs c'est qu'elles distraient les gens de l'essence de l'image. La couleur est souvent sans contenu. C'est pourquoi je pense que je préfère quand les objets ne sont pas colorés.

Felix: #41383C

AC : Que pouvez-vous nous dire sur Wreck and Reference ? J'ai vu quelques photos de vos concerts... et vous jouez sans guitares ! Pourtant en écoutant votre nouvel album j'aurais juré qu'il y en avait. Le son en lui-même est quelque chose de très important pour vous, non ?
Vous pourriez nous en dire un peu plus sur votre manière de composer ?

Ignat: Plus de 60 ans de rock avec des guitares et tu en voudrais encore plus ?! Les guitares sont chiantes ! Bien que j'ai écris quelques chansons à la guitare, beaucoup sont le résultat de samples passés dans un séquenceur, sur l'ordinateur. C'est une approche différente du rock, et j'aimerais espérer, non-conforme.
Est-ce que ça marche ?

Felix: Nous avons beaucoup discutés de notre méthode de composition et de nos efforts pour nous surpasser musicalement, mais pour être honnête, je ne pense pas que je pourrais être content en écrivant une chanson uniquement sur une guitare. Du coup, le procédé a défini la musique, et vice versa.


AC : Pour vous citer : "Il y a aussi un thème mis en avant qui est le déterminisme. L'Humanité n'est pas dotée du libre arbitre puisqu'elle est mûe par une inexorable séquence d’évènements physiques et chimiques qui perpétuent l'organisme et la réalité humaine dans les abysses – la fin de toute vie."
Vous vous sentez proche du concept de vanité ? (je pense au tableau "Les Ambassadeurs" de Hans Holbein). Une chose est sure : ce n'est pas un nihilisme standard...

Ignat: J'ai aimé ta question, et j'ai du faire quelques recherches pour y répondre. Je pense que la principale différence entre la vanité de Holbein (le crâne) et le nihilisme vers lequel nous tendons est que la vanité découle d'une perspective d’existence, un genre d'inutilité face à la mort. Le nihilisme auquel je me rattache préfère une vision du monde comme d'un fonctionnement "physique" (rationnel), qui en fait n'est pas tellement du nihilisme quand on y pense. La réalité vue par l'homme est une interprétation insignifiante d'une fraction d'un monde physique qui est en fait contrôlée par le mouvement des particules et des masses suivant des règles établies, si on voulait donner du crédit aux recherches. Notre compréhension se résume au grattage de la surface des choses.
De ce point de vue, l'existence humaine n'a pas de sens car elle est dans une continuité de quelque chose de bien plus grand qu'elle, notre esprit joue un peu le rôle d'un conduit pour l'espace, et du coup il nous faut rejeter tout anthropocentrisme, volonté d'existence, mais aussi ce crâne (celui de Holbein!, ndlr). Souviens-toi de la mort, ou pas. De toute manière ça ne fait pas de différence. Si l'univers suit des règles qui peuvent être approchées de manière mathématique, cela ne peut que nous amener à la rationalisation. Selon moi, le nihilisme c'est nier cette approche méthodique, c'est à dire l’éthique ; donc la croyance en la prédominance du rationnel (physique) est contraire à toute croyance basée sur le "vrai" nihilisme.

Felix : On a pas encore trouvé de qualités analgésiantes dans notre philosophie bâtarde. A bien des égards, notre musique est le résultat sonore de notre avenir arrivant à son terme, avec ce que nous comprenons comme étant la vérité et les besoins corporels qui nous tiraillent.
Puisque nous sommes apparemment incapables d'apathie, on va continuer à utiliser l'alcool et la fatigue post-concert comme nos méthodes d'anesthésie préférées.


AC : Votre nouvel album s'appelle "No Youth" (ou, plus précisément, le mot Youth est barré sur la pochette). Pourquoi ?

Ignat: On a pris du LSD un jour, sur une pelouse bien verte avec le soleil qui luisait. C'est à ce moment qu'on a écrit et enregistré Youth. Je me suis demandé pourquoi, au milieu de la beauté et de la nature, deux jeunes hommes en pleine 'floraison' avaient une si forte tendance à se priver de tout ça en écrivant sur la dépression, le fait que le bonheur est futile... mais aussi en le vivant réellement, ce n'est pas juste un travail de fiction. Je n'ai toujours pas de réponse à ta question. Mais je pensais que ça pourrait être bien de faire un album qui expliquerait pourquoi notre premier disque était si emplit de misère et de fatalisme, et pourquoi on tend inévitablement vers ça. Je ne suis pas certain que nous l'ayons vraiment terminé, mais Youth est une veritable excursion dans beaucoup d'aspects très personnels de ma vie et de mon histoire, et touche aussi quelques questions de société. De diverses choses qui nous privent de vivre et nous mènent vers ce vide et cette depression.

Felix : La prochaine fois W&R prendra plus d'acide, fera un album folk, splittera et puis on se tuera.


AC : Je serais bien curieux de vous voir jouer de la folk !
On peut donc dire que
Youth est à la fois un album sincère et personnel. Mais si je comprends bien, c'est aussi très rationnel, pas de magie (magick), rien d'autre que l'Absolu.
Tout ça me fait me demander une chose : vous considérez W&R comme une entité musicale ? Ou un pur produit rationnel et mathématique ? Comme toute chose en vérité.
Si ce n'est plus de la musique à vos yeux, comment le décririez-vous ?

Felix: On approche l'absurde ici. Il existe une infinité de manières pour décrire Wreck & Reference, et je n'ai aucune autorité en la matière ; là où la vérité git entre le ridicule et l'empirique. Plutôt que d'essayer sans relâche de cataloguer W&R, je préfère remercier le frisson et l'inconfort que provoque l'indéfini. Il y tellement de choses pour lesquelles j'aimerais dire que ce n'est pas moi, mais si nous revendiquons le droit à une identité ou un but singulier, j'ai peur que nous devions sacrifier beaucoup de notre liberté et de notre amusement (coïncidence, c'est justement deux choses en lesquelles nous ne croyons pas.)


AC : Merci pour tout, j'espère qu'on vous reverra bientôt en ces terres !
Je vous laisse le mot de la fin.

...



* : Référence au Monthy Python and the Holy Grail.

PDF :


Traduction par Ambient Churches, 2012

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