Le groupe de René Lehmann et de Knut Enderlein officie dans les rangs du Dark Ambient depuis maintenant plus de vingt ans, et ce - je dois le reconnaître - pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Je commence donc Inade par ce Colliding Dimentions, soit quatre disques prêts à vous emmener par monts et par veaux pour... pas moins de 3h. Oui, Ambient Churches va chroniquer pour vous 3h de Dark Ambient, et ce n'est pas la seule surprise que l'on vous réserve ! Tout d'abord, quelque mots. Histoire de situer. Inade est donc l'un des premiers à émerger de la scène DA, directement inspirés des travaux de Lustmord comme le fameux "Heresy" dont je vous recommande chaudement l'écoute.
Ensuite, pour situer, le son se pose quelque part entre Boyd Rice (NON) pour le côté bruitiste et indus et Zero Karma pour l'infect ambiance ritualiste d'outre-tombe. C'est pratiquement carcéral, mais il se produit une chose étrange. Malgré la crise de claustrophobie de la première heure d'écoute, les deux autres, à travers cet enfermement, donne une sensation d'élévation. L'hypnose prend part à la partie. Et Inade la titille. Ce qu'il y a de sympathique c'est qu'Inade fait un peu feu de tous bois. Patterns indus, synthés angoissants et voix murmurées voir parlées sont certes au programme.Mais on entend aussi alarmes, arbres craqués, et autres bruits
improbables métamorphosés à notre plus grande surprise en musique. Un atout non-négligeable pour l'immersion. Là où Lustmord balance des sons de fin du monde, Inade nous conte une fantaisie noire et dérangée. Aaaah, le nombre d'images qui me viennent à l'esprit en écoutant ces disques... Celle d'en ce moment même : la terre s'écroule sur elle-même. Un immense tas d'ordure métallique se forme, et quelques illuminés construisent dans les hauteurs une église avec les derniers restes trouvés au sol. Die Sonne Satan n'est pas loin.
C'est un réel travail d'assemblage de sons, qui s'approche parfois étonnamment - car moins ritualiste - des récents
travaux d'Halo Manash. Je pense au Language of Red Goats. Un mot pour définir cette deuxième heure d'écoute serait en tout cas : stellaire. Mais je vous vois venir ! "Au quatrième disque, on commence à se faire bien chier non ?"
Eh bien non. Et pour cause, ce quatrième Colliding Dimension est le plus beau, le plus triste même. Bien plus ambient que ses petits frères. C'est le son de la fin. Pas de la mort, ni de la destruction, non. C'est le calme après la tempête. Le lieu clôt et saint où nous sommes arrivés, après tant de souffrances. Et quelques souvenirs sonores de ce Vieux Monde physique. Car il suffit d'écouter "The Last Wing of Alchemical State" pour comprendre que les deux compères sont sensibles, ont du goût non-seulement pour le sombre, mais aussi pour la béatitude. Pour le beau. Une réussite de bout en bout, donc, et une pièce maîtresse du genre, trop méconnue.
On écoute un peu ici, et surtout on achète
LPs conseillés
Merci à O.P. pour cette magnifique découverte.
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