Et pourtant, indirectement, j'en ai déjà parlé ici avec l'étrange sortie de Golders Green du sieur Byron, homme à tout faire du Felt.
Commençons avec l'aventure acidulée que constitue Software Wolf.
Spit & Image crache effectivement beaucoup d'images à la figure. Diluées, des loops dans tous les coins, le style qui acidule une cellule de prison et fait déconner l'espace-temps. Le rose bonbon coréen frappe, unilatérale. Spit & Image parle, vit, et nous voilà spectateurs d'une scène colorée, vivifiante comme un vent d'hiver qui remonte d'un tas de feuilles mortes. Il tourbillonne et bouillonne, impatient de crier lentement une douleur qui vire au sourire. Les moments perdus dans les transports en commun, à semi-conscient, la musique comme un voile sur les paroles des gens. Software Wolf met un peu de colorant auditif sur ce voile, qui se transforme en tapisserie brouillée, volatile et pleine de petits rythmes grouillants. Les crépitements de vinyles hantent les mélodies distantes.
Un train à vapeur part, et les gens parlent autour, de manière incompréhensible. Comme un canevas du départ. Et cet instant d’adieu, joyeux et déchirant, qui n'en finit pas. Le train se transforme en cuivre, tout comme les énergumènes qui m'encerclent. Allez savoir pourquoi, ces gens qui parlaient ne produisent maintenant plus que des paroles saturées. Surement ont-ils avalés des claviers analogiques, et déjà les voilà à faire de faux-contacts. Les chiens en laisses ont laissé place à des lits de fleures, aux tons tout aussi piquants que les sonorités sont sucrées.
C'est plus simple qu'il n'y parait. Imaginez My Bloody Valentine repris par SayCet. En Corée. Et peut-être encore plus propice au rêve éveillé.
Giovanni Lami (dont voici le travail photographique) et Ryan Connor - aka Sublamp, artiste de drone américain - arrivent sans préavis en livrant le chaos.
Les murs de guitares cristallins me font me sentir comme dans une cathédrale subissant un tremblement de terre. Les candélabres de verre accrochés au plafond vibrent et s'entrechoquent, alors que le séisme fait son possible pour mettre à terre les pierres posées les unes sur les autres, tenant comme par l'opération du Saint-Esprit. Le drone glacial arrive pourtant à réchauffer l'atmosphère translucide que provoque l'architecture de sable en fusion - et sous la froidure intenable les hallucinations auditive m'assaillent. J'entends mon sang qui s'écoule et les tissus scintiller, les notes du tremblement formant un gigantesque acrostiche dont je n'arrive pas à reconstituer le sens. Et le Drone vire en Doom, la glace en pierre, renforçant les voûtes et recouvrant les croix, statues et êtres. Et enfin le calme d'après la tempête. Reste ce magnétisme, irréel sûrement, mais qui me prend au tripes et m’inonde comme de cire.
עצמו - Lui-même. J'infuse dans ce calme, métamorphosé en un agréable acouphène. La surdité s'efface alors, laissant renaître les êtres et les âmes statufiées. Les bestioles ont envahies le lieu, et ré-instaurées une implacable loi : la Vie - et l’appétit, en goûtant la cire qui me recouvre. Impossible de se repérer dans cet enchevêtrement de briques de glace mais le vent me porte à l'oreille ces froissements d'ailes électriques. Certainement quelques insectes nidant ici et là. Au loin il fait sombre, bien plus sombre que sous les derniers rayons froids dont je profite. En me tournant, je réalise être à côté d'une rue passante. Je suis invisible. Dans mon beffroi. Je suis invisible et ils discutent, marchent, sentent les épices et les fruits. Je suis ailleurs. Je suis invisible. Il le sait. Je suis invisible.
Soundcloud pour le stream intégral du split.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.