Dødsengel a beau être norvégien, c'est un duo plus qu'original.
C'en est devenu chiant. Ne sortir que des perles, il y a un moment où ça devient indécent. Nous sommes à peine entrés dans l'année 2012 que déjà sort ce qui pourrait être album de l'année. Oui, pourrait.
Imperator est tout d'abord forgé dans le Metal Noir le plus pur, le plus rude et coupant. Si ce n'est tranchant. La batterie blast, frappe et écrase tout ce qui se trouve sur son passage, tandis que les guitares sont formées d'un mix parfaitement calibré entre son incisif et lourd ; sourd. Mais notre Ange Mort est loin, très loin de se conformer aux règles du genre. On pourrait dire qu'il s'ancre même merveilleusement dans le mouvement Orthodoxe. Ou du moins dans la vague Acherontas / Urgewalt... Occultisme de tous bords, gnose et obscurantisme côtoient une orgie de puissance et de haine, cri droit sorti des cieux. La révélation par la néantisation sonore.
Mais trêve de prose.
Psychédélisme amer et prières arides se mêlent dans un BM d'excellente facture, où, je le disais, l'originalité est de mise. Sur ce double-CD, énormément de pistes ambiantes, et pas mal de passages sous la forme de mantra - on a même l'impression que le chant est en fait pensé comme un tout et non pas chanson à chanson.
Le groupe implémente tant des riffs acidulés à la Ash ra Tempel que de bonnes choses bien agressives, comme on l'aimait sur l'éponyme. On pense aussi beaucoup à l'Égypte antique, toute la mythologie remonte - et inévitablement le Lucifer Rising du père Anger.
Le tout reste assez "doux" et aérien. Tenir deux albums d'un coup n'est pas chose aisée, et pourtant c'est avec plaisir que l'on se perd dans la musique du duo norvégien. La magie opère, si bien qu'il en est parfois difficile d'y comprendre quelque chose. La guitare s'est mise à ressembler à du saxo à un moment...
Le chant quant à lui est plus grave, plus profond et plus osé. Rebutant au début, il s'avère être une force pour l'album. Il ajoute une gravité indéniable.
Un peu dans la veine d'un Paracletus (Deathspell Omega, ndr) qui se serait perdu dans les méandres des qliphoth ("coquilles" en hébreu, symbolisant les impuretés de la matière dans la Création).
Rien qu'à la - magnifique - cover, on le voit. Solaire, stellaire, avec cet homme tête en bas gardant ainsi la base de l'hérésie black metal, mais avec ces dessins sur le corps, très kabbalistiques. N'étant pas féru d'arts occultes, je pense tout de même pouvoir dire que le groupe est dans une approche plus près de la Golden Dawn que du satanisme primaire. Pas d'inversion mais de l'introspection!
Car les 2h30 de cet opus sont plus proches du rituel que de la simple musique. Une chaleur dans le son, comme une flamme. Par un processus étrange, les chansons sonnent comme des incantations, prêtes à vous happer dans la folie cosmique. Là où le Black Metal a souvent une approche très terre à terre, Dødsengel est un appel au cieux.
Le groupe nous confirme une fois de plus sa maestria et, comme il le disait très bien lui-même :
"Your God is dead, your ideals are dying. From the underworld, I give on to you a word to conquer the Aeon."
Ce mot le voici ; et c'est plus qu'un mot. C'est un album qui souffle tout sur son passage, un album mature. Le groupe a trouvé une identité. On le sentait arriver avec l'éponyme, plus abouti déjà que Mirium Occultum. En voici la suite, occulte, aveuglante. Entre le dernier 777 de BAN et du Darkspace, en bien plus chaud.
A déguster très attentivement, car il faudra sûrement une centaine d'écoutes pour en capter toutes les finesses.
Je n'y trouve rien à redire.
בְּחָכְמָה יִבָּנֶה בָּיִת וּבִתְבוּנָה יִתְכֹּונָן׃
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