mercredi 4 avril 2012

Mhönos - Humiliati

Quand on parle ésotérisme en musique, un nom revient très souvent : celui d'Halo Manash. Et par le même coup le label Aural Hypnox. Il est vrai que, s'ils ne sont pas ceux qui ont implémentés le rituel et l'ésotérisme dans la musique, ils ont su toucher avec leur sincérité, mais aussi leur approche dévouée. Tout comme le mouvement du Black Metal Orthodoxe, c'est une musique, mais aussi un univers qui forment un Tout.
Cet ésotérisme sonore est né assez tôt - après avoir obsédé des générations d'inquisiteurs avec le triton, etc. - mais a vraiment trouvé son point culminant peu après la vague Led Zep, dans les années 80-90 avec Coil, Throbbing et toute la scène indus. En incorporant le rituel, la magie sigillaire (Spare, Crowley), et en introduisant l'occultisme, ces "industrial children" ont marqués les esprits.
Et aujourd'hui, on assiste une sorte de renaissance de ces mouvements. Yoga, la réponse black metal à Throbbing Gristle, Murmuüre, digne successeur de Peter Christopherson, Hexentanz worship Karma Zero, Dødsengel qui est entrain de perpétrer la parole du Malin à travers sa magie noire...*
Sans pour autant faire un dossier à propos de l'occultisme dans la musique, je trouvais important de situer.

Mhönos fait partie de ces groupes dont on entend peu parler. (Il faut dire que l'Art Noir vient à vous, et non l'inverse...) Et qui justement fait partie de cette nouvelle mouvance au fond abscons.
Mhönos est lourd, abyssal, mystique. Là où Esoteric donne dans un Doom remarquablement bien composé, qui se tient de part en part, tirant les larmes, cet Humiliati regorge de coins d'ombres improvisés, noyés dans les ténèbres infernaux. Improvisation rituelle ou non, la musique me rappelle les instants magiques que j'ai passé avec Sepvlcrvm et son étrange Hermeticvm (I). Même type de structure : ossature légère, mais noir charbon ; véritable plongée dans les profondeurs de la terre. Le chant, grave, lent, semble Invoquer quelques divinités aux noms imprononçables, tandis que la batterie vous assène, frissonnante, des coups mortels sur le crâne. Les guitares répètent encore et toujours la même liturgie, pour des pièces d'une demi-heure en moyenne. La transe s'amorce rapidement, et s'ancre dans votre chaire. Le sceau s'imprime en vous, insidieux.

Un Doom aux riffs psyché,  qui lorgne vers Sektarism pour le côté occulte vraiment proéminent ; un rituel captivant, qui mène aux confins de la folie. On pense réellement plus d'une fois à tous ces groupes, tant les sonorités sont indescriptibles.
Les structures chaotiques rencontrent des instru pratiquement electro sur "Ex nihilo... Ad nihilum...", on ne sait plus où se mettre. La batterie semble un tambour en peau humaine, mais elle n'est pas seule, car accompagnée de bol tibétain, et autres petits ajouts qui ne font que renforcer l'orientation "Art Noir" de ce bijou en terre stérile.
Le Paraître rejoint l'Être, profond, poisseux, envahissant.

Un Electric Wizard qui a trop regardé r.A.S.H.n.k.a-RA, donc ?
Pas loin. Mais ma foi, une perle de plus que j'ajoute avec plaisir à ces chroniques.
Ensorcelant.

... et Les Urnes Comme Ignescentes Firent s'Evader les Rois.

Une autre bonne raison pour acheter ? Le packaging démonte.
On trouve ça chez Le Crepuscule du Soir !
Et pour écouter.

* : cherchez les sons par vous-même, cette fois.

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