samedi 7 avril 2012

S/V\R - Célébration Noire

S/V\R (prononcez "Sévère") m'a retourné. Après une douce entrée en matière, des incantations murmurées, saturées, oubliées, je me suis montré oublieux et je n'ai pas pris mes précautions face à la suite de la tape. Moi qui pensait me retrouver face à un genre d'éléctro calme!
Je crois me souvenir avoir sursauté.

Je mettrai tout de suite deux ou trois références, pour ne pas avoir à citer après.
Diamonda Galas. Carilon Del Dolore. Haus Arafna.

S/V\R c'est donc S., de Menace Ruine et Chanoine. Duo qui nous vient du Québec (Montréal et Québec, Levis plus précisément). Et qui donne dans un style étrange qu'est la rythmic noise. En gros, vous prenez de la noise, et vous ajoutez des rythmes, prenants, surprenants mais surtout déments.
Bien que ce ne soit - je pense - absolument pas une influence du groupe, j'ai tout de même pas mal pensé à White Ring, qui livrait dans sa witch house des éléments froids, durs et somme toute avec cet "ésotérisme", hipster diront certains, mais... tout de même très prenant. White Ring qui est d'ailleurs sorti chez HandmadeBirds lui aussi (on en parle ici).
Bref, c'est glacial, grésillant, effrayant. Et pourtant, on prend grand plaisir à écouter et réécouter les plages livides des synthés. Alors, révélateur de notre masochisme ou mélange parfait entre folie et fièvre du samedi soir ?

Il faut en tous les cas mettre les points sur les i. Le son est vraiment vraiment étrange, et extrêmement puissant. Imaginez celui que ferait une batterie, mixée façon grosse bertha avec tout de même un zeste de son années '80 qui persiste (comme la batterie de 0.38 à 0.44 ici, la froideur et le côté sacro-sombre du duo en plus). Car oui, cela fait de cette Célébration Noire une écoute éprouvante.
La frustration et la retenue qui découlent de la "punition" - thème que l'on retrouve aussi dans Perdue / Abattue au final - transpirent dans ce double-son synthé / percussion. Une dualité qui se révèle à la fois dure et discrète. Le Durcissement de la discrétion. L'explosion d'une retenue trop grande qui s'affiche à travers des riffs surpuissants, sur lesquels on aurait presque envie de headbanger. Tout cela n'est pas sans rappeler la puissance feutrée du magnifique In Vulva Infernum, de Menace Ruine. Ce qui en soit n'est pas étonnant, certes, mais écoutez un peu Omnia In Nihil. La ressemblance est frappante ! S. aime définitivement ces percussions rituelles au tempo de la mitraille.
Une angoisse enroulée, comme une tentative de communication d'un homme qui n'aurait jamais parlé.
Quoi qu'il en soit, le son oscille entre power noise ("Les gestes de l'amour") et candeur désespérée ("Une joie qui finit"), jusqu'à ce que mort cérébrale s'en suive. Jusqu'à l'épilogue, quintessence de l'album, où se mélangent un rythme à peine susurré, et une noise en stéréo (3D comme dirait l'autre) qui vous tuera les tympans, si ce n'est déjà fait.
Alors, si ce n'est pas fait, faites-le bien. Faites-le avec S/V\R.

On achète ici
On écoute un peu là
Et aussi en dessous !
Merci à S. pour sa confiance !


Ce mastering de J.Plotkin... magnifique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.