Il est une chose de certaine : un roi-de-rats est impossible à décortiquer. C'est une histoire de totalité. Une dernière œuvre d'art avant de collectivement mourir. Un ultime phénomène, qui ne signifie rien par rapport à l'univers , mais brutalement à son encontre. Un collage anti-cosmique.
Qu'est-ce que l'immensité sinon un amas de particules vibrantes - un immense amoncellement de vide ? Rien, absolument rien. Une galaxie de buée qui se glace et un infini condamné. Au-delà du langage, ce sont les lignes, les vagues solaires, les quasars analogiques qui agissent sur nos pensées. Des géométries que nous occultons, des réflexions que nous n'osons affronter. Insignifiants que nous sommes devenus! Que la nature reprenne ses droits par la voie des rats et de la peste! Pour peu qu'un nouveau flûtiste apparaisse, ces rats nous les mènerons aussi hors de nos villes, en direction du ciel pour qu'ils en grignotent chaque coin et qu'ils volent toutes les étoiles. Par les rats, l'obscurité. La flamme noire brûlera au-dessus de chaque tête. Immortels, ad vitam.
Les créatures de la forêt, comme une meute, d'un seul homme se lèvent et entament leur marche funéraire. Elles viennent tromper l'humain, guérir ses bubons pour lui garantir une éternité damnée dans l'outre-monde. Nous avons trahi les Huldra, et leur peuple en quiétude se dresse et s'accoutre d'ombre - de discrétion. Leurs yeux emplis de gentillesse annoncent la fin de notre monde, et au fur et à mesure que je me sens me dissoudre en fixant cet être à la paix fascinante, le monde entier s'écroule, l'univers se fige et s'annule. La respiration s'arrête, le cosmos n'a pas saigné mais il ne bats plus - et soudain je suis bloqué quelque part dans les courants du temps. Il se présente comme deux longs filets blancs, courant dans deux sens ; de l'énergie pure se consumant dans le néant. Les formes les plus hautes de conscience me côtoient, mais je ne suis à ma place. Je n'arrête pas de me décomposer, avant d’atterrir encore à un autre endroit. Toujours dans le même filet, un peu plus 'loin' seulement. Quelques secondes de révélation avant de me décomposer encore, et reparaître, comme un cycle infini, un oublié de la création. Un damné de l'Immense, un condamné du Minuscule. Je ne puis sortir de cette boucle d'infernale pureté.
ASOR est une hiérophanie. Le travail de Garek J. Drus (Dull Knife), mélangeant orgues lointains, drone, doom/black et vocaux désespérés consiste en deux pièces labyrinthiques et funéraires. Pourtant minimaliste (synthé / batterie / voix), la mixture est emplie d'un caractère auguste, emprunte de magie et de mythologie. Les deux parties sont simplement au-delà des mots. Poussiéreuses, sombres et radieuses, mais par dessus tout : touchantes. Vastness & the Inverse est l'exemple parfait de ce genre d'albums qui ne finissent jamais, mais qui s'éteignent, petit-à-petit, sur le temps d'une vie.
Garek n'est pas ici seul, il faut aussi féliciter Andrew Crawshaw pour son travail sur les rythmiques. Lentes et monotones mais si chargées en sincérité qu'il en est difficile de ne pas hocher la tête à chaque coup de grosse caisse. ASOR pourrait se rapprocher du groupe Alpha Drone - si tant est que ce dernier ait été élevé à l'orgue et avec un meilleur son !
Un sacré voyage plein de méandres étranges qui nécessitent plusieurs écoutes pour y entrer et n'en jamais ressortir.
Je vous invite à passer voir le tumblr de l'artiste qui comporte quelques images intéressantes, ainsi qu'à vous procurer le LP chez Translinguistic Other - mastering par James Plotkin! ltd.300
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