Wojtek Jachna et Jacek Buhl dans un film de Walt Disney ? Certes non, mais dans une souffrance jazz contemporaine.
Bienvenue dans un monde où entre le tonnerre et Buster, je préfère que ce soit Buster qui tonne. Agression de cymbales et crash par baguettes sans levain. Le free s'impose, illogique mais cohérent, prenant et capturant une trompette à en faire pâlir l'instru du Livre de la Jungle - la New Orleans c'est dépassé et les repreneurs viennent de Pologne. Le 'Klub łańcuszka na talerzu' respire de lui-même, en continu noisy. Hyper dépouillé et sans entraves, il repend un souffle tiède. Si bien que le garage prend feu, s'étouffe et les riffs s'échappent dans une impro en non-stop des plus troublantes. Des loops et des paroles échangées avant de s'en reprendre un coup dans les lampions - qui d'ailleurs ont eu aussi cramés.
Un terrain, un champ, dans un garage d'expérimentations lo-fi qui au lieu de se perdre dans le temps viennent se nicher dans vos oreilles cotonneuses. Le duo étrangement instable fait se rencontrer musique des années 1920 avec les folies contemporaines de l'innovation. Un jazz en changement constant, tellement imprévisible qu'on est toujours à courir derrière les notes pour les savourer un peu plus avant qu'elles ne s'évaporent dans la fumée d'un ampli à lampes qui trainait dans le coin. Avec une amorce pratiquement rituelle sur Czarny koń Bruce c'est une Pologne chaude et nocturne que l'on trouve au long de cet amoncellement de vieux (deux ou trois ans seulement...) enregistrements. Toujours à la frontière de la violence et du grand calme, de l'arythmie battante et de la tachycardie symphonique, Tapes est un être volatile qui s'inspire, se boit et jamais ne ressort de votre corps secoué de spasmes dignes d'une transe indigène.
Qu'elle se passe dans une jungle ou un bar, l'histoire sans mots contée par les deux compères sent les vapeurs d'alcool et la contrebassine. L'entrée dans leur monde cuivré se fait sans malaise - c'est une téléportation. Chaleureux sans omettre la puissance émotive du Jazz des origines, l'enregistrement ressorti au grand jour par Marcin Dymiter jouit à mon goût d'un son si magnétique qu'il ferait presque penser à du James Ferraro. Ces gens-là jouent un jeu qui fait parler les instruments, quelque soit leur état.
Encore une fois une offrande de la part de Milieu L'Acéphale (reportez-vous ici et là) qui nous jette un miel free jazz improbable, séduisant comme une belle-de-nuit, et brouillé, délicieusement brouillé. Si vous ne connaissez pas les deux lascars, ils font parti du Contemporary Noise Sextet. L'album est en téléchargement gratuit sur le bandcamp - et je vous conseille en passant les autres disque du duo, qui ont le potentiel de racolage qu'il faudra pour attirer vos vieux os mélomanes !
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