Fanisk, c'est une sacrée paire d'énergumène. Alors que depuis 2003 ces jeunes enfants de putain n'avaient rien sorti, les voici dix ans plus tard, directement chez Darker Than Black, avec un Insularum ariosophique comme ce n'est pas permis.
Ce que l'on peut voir tout d'abord c'est - bien que l'on reconnaisse un son proche de Noontide - que les parties black metal sont très épurées. Le tout peut-être encore plus aérien qu'avant (en sachant rester martial, recette magique), un son des hautes-sphères. Au panache incroyable de ce black metal s'ajoute quelques nappes de claviers et une ambiance tellement paisible et emprunte de magie qu'à certain moments cela en devient presque oppressant.
Un Kataxu maniéré et incroyablement noble.
Le côté martial plein de majesté est toujours bien-sûr à rapprocher de ce que le groupe appelle "esoteric art in service of the Black Sun". Comme le disait Deneb-tala dans son très bon article sur Nokturnal Mortum et le NSBM, ne jouons pas la carte de l'hypocrisie ici. Le NSBM a ceci d'intéressant qu'il arrive (parfois) à prendre le
bagage du nazisme - de manière sincère ou non - et à en faire un rendu qui laisse totalement sonné. Le principe étant de prendre ce bagage, tant composé de provocation, que de
négatif et de positif à leurs yeux pour en faire une chose de finalement esthétique, bâtarde, en quelque sorte tellement inacceptable et utopique que c'en devient presque convaincant.
Fanisk navigue dans ces eaux troubles, livrant un album de Black initiatique aux remous océaniques. Il débute sur un sample de Cobra Verde : "I long to go forth from here to another world" (Kinski). C'est l'annonce d'un voyage ou même d'une transe qui dépasse l'humain. Océanique mais aussi cosmique, Fanisk rejoint le krautrock avec Midnight Odyssey, dans un psychédélisme hallucinant. Certains passages dans Enantiodromia pourraient presque être un hommage façon "kosmiche" à Halo Manash. C'est par ailleurs une chanson extrêmement puissante, propices aux visions et à l'anxiété d'une force peu commune - s'inspirant des travaux de Jung.
Avec les passage acoustiques on se sent renaître dans une Antiquité fantasmée, survoler l'histoire humaine et dès que le Black Metal reprend c'est un éclat de puissance, d'une noirceur brillante qui nous enflamme. Les couleurs, les formes et les sons s’entremêlent avec une rare magnificence, et n'est pas sans rappeler l'esthétique de Leni Riefenstahl, fuligineuse et pure, dans Olympia.
Les échos enivrants ne font que s'entremêler encore plus réalité et mythologie, et dans quelques traits fulgurants, dans un élan inique, nous voici projetés dans un temple dressé à la gloire d'un occultisme ancestral, rassurant mais si... différent de ce que l'on connait déjà.
La musique de Fanisk s'organise dans un triptyque :
Alors que Departure Golden Rose était froide et violente, Arrival Black Lotus est solaire, chaud, divin.
La
Golden rose est un symbole de l'invocation de l'énergie cosmique en
alchimie, tandis que le Lotus est la renaissance (solaire) et la pureté.
Un départ vers les cieux et comme une déification s'opère au court de
l'album, un ravage sur-humain dans un chemin de magie et de réflexion dépassant l'entendement.
Le mélange rock progressif, neo-classique, black metal, martial, avec quelques touches symphoniques peut paraître ambitieux mais Insularum est tout simplement l'album le plus majestueux et ésotérique du black metal de ces dernières années, tout en restant discrètement très expérimental et ostensiblement transcendant. Le son marbré, moiré, est simplement parfait, tout est audible et dosé. Ces quelques minutes d'éternité valaient dix ans d'attente.
Une grande expérience éblouissante, abyssale, totale.
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14€88 le digipak, ils ont de l'humour décidément !
RépondreSupprimerHahahaha les sacrés !
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