"Microtonal experimental black metal played on 24-tone guitars, replete
with polyrhythms, irregular meters, dense masses of chromatic polyphony
and psychedelic interludes."
L'artiste n'aurait su résumer mieux sa propre musique. Interprété à la sword guitar, Discontinuities est l'intensité à l'état brut, et Jute Gyte y a le cri au corps. On l'a dans la peau, comme un scalpel, qui tremble en coupant les tissus. Hasardeux mais diaboliquement logique, loin en fait d'une ripopée, il dissone et sans pitié aucune assène quart-de-tons à la limite de l'audible. L'expérience instable montant en neige aussi vite qu'une bouffée de stress lors d'une crise d'agoraphobie, je recommande une hygiène d'esprit soignée. Le black metal difforme scie les standards de sa rythmique atypique, de son parlé à la limite de l'atonal, ainsi que de son fiel qui ne colle à aucune déontologie.
Discontinuities est odieux. Impie dans les chaires même de ses sonorités ; réveil de vos gènes possédés, pauvres bougres, à la poursuite soudaine d'un absurde besoin de vous meurtrir encor, et chétif! c'est sur un autre corps que le strappado sonore du Syr Gyte frappe le glas. Soudain... le noir! Un duc... un bal. Trouvez-vous la gueuse à votre convenance ? Car titubant sur une jambe elle dansera, sous sa jupe à vertugadins, vous morguera.
Véritable willis musicale, Jute contre tous s'avère contumélieux et sa verve jaculatoire pourrait par mégarde enflammer les robes de votre protégée. Faux pourri, le disque compact regorge de véhémence, et d'une opacité à vous faire rougir l'obscurantisme. Les multiples découvertes insulaires que contient l’œuvre mérite un don du corps à la maladie microtonale pour le meilleur, et pour le pied-de-nez. Merdre! Sus donc, écoutons!
Grand chaudron expérimental, cet album est absolument prenant, mélangeant la dissonance d'un Book of Sand à la folie des octaves, comme le ferait un Meshuggah s'il faisait du black metal. Pratiquement industriel par moments ("The Failure of Transmutation"), il reste tout de même à mon goût très victorien : propice à l'isolement, à l'angoisse rentrée, et au fantasme d'une époque où la subtilité côtoyait l'extrême violence.
Must have.
L'album fuse, et pour qu'il fuse dans votre chaine hifi, vous pouvez l'acheter ici (7€ ~)
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