Qu'écrire sur Terra Tenebrosa si ce n'est un film, un Kubrick fantôme ?
Un rien dans le crâne, dans le blanc des yeux, pour faire disparaître sans sommation l'existence. Le regard dans le vide ; et tout cesse. Les grands blocs de béton sur l'herbe fraiche, coulé à même les graines, le vent, que l'on fait crier dans les allées de nos villes. Les nuages, bloqués sur les hauteurs, qui descendent sur nous en pleurant alors que cachés nous dansons dans de luxuriantes chambres. L'urbain insupportable et rassurant, il y fait bon déprimer et se donner à la bassesse, à l'abri de la toxine des plantes. Les gens choisissent à la place des gens, les gens font des choses, parce que les gens font des choses. La Nature branchée, on s'est éteint, cruellement solidaires, dégénérés, à recréer des grottes aux fourberies plus dangereuses que celles de l'extérieure et ses dangers divins. Dieu sous cloche, avec le fromage et la musette, la baguette à l'industrie. Les femmes suffragettes, le Roi est mort, le Tiers-etat non, mais le Tiers-monde presque, la vie, improbable, rend tout invivable - sauf dans le béton de nos rues, où l'on fait siffler le vent. Le ciel est mort, pas de surprise, pas de rires, l'air a la fraîcheur d'une chape de plomb, tout le monde est cadré, entouré, trois petits tours et puis s'en vont. Rire pose trop de questions. Vivre hors du béton, présente trop de risques, pour le singe à poil humain.
Trois petits tours et puis s'en vont.
Terra Tenebrosa est très certainement l'un des projets les plus intéressants de ces dernières années. Gueulantes incroyablement haineuses, comme celles d'un grind qui aurait de la finesse, guitares torturées et labyrinthiques parfois proche du maître Blut Aus Nord, mais aussi une audace assez peu commune. Tout en restant très metallique, The Purging a une aura alien, une folie destructrice impossible à calmer (Celeste). Anxieux chroniques, cette pièce vous fera perdre tout espoir de confiance, manifestant un réel côté inhumain si plaisant, qui serpente dans l'ouïe. Structurellement parlant, c'est le dédale, la déambulation incertaine et à risque dans les architectures changeantes et les sonorités démoniaques. Certains passages sont presque à me faire penser au travail de Jocelyn Pook, notamment avec le Masked Ball, atmosphère proche de celle usée sur toute la longueur de l'album. Aliénant, enragé, The Purging est un dangereux et un génial testament de la sale folie. De la pute camaraderie, et de la petite sobriété. Celle qui t'as tué.
Dispo en CD et Double-LP chez Trust No One.
et ne pas citer BREACH dans cette chronique ... je pense malgré tout que l'album Venom de leur ancien projet est leur principale influence
RépondreSupprimerJ'ai pas cité Breach parce que je ne savais pas que les mecs avaient un projet avant... Merci du coup, je vais voir si je peux me trouver ça !
RépondreSupprimer:D je te conseille de commencer à It's Me God, à partir de là tu peux tout prendre
RépondreSupprimerÇa marche ! Merci du conseil ;)
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