Il est certains groupes qui semblent si classiques lorsqu'on les voit qu'au final, lors de l'écoute on part déjà avec un préjugé. Voir même on ne se concentre pas sur l'écoute, et c'est là pour faire "bouche-trou" entre deux autres skeuds. Je dois bien avouer que quand je suis tombé sur Planning for Burial, et que j'ai vu la pochette ainsi que la description "shoegaze/noise", je me suis dit : "tiens, encore une copie de plus du Loveless".
Et quelle ne fut pas ma surprise.
Ce Leaving est un genre de quintessence des blessures du cœur. Envie d'isolement, de pouvoir être soi, de se détacher. S'extasier sur chaque flocon et chaque fleur de cerisier. L'album fait ressurgir en nous en quelques minutes tous ces sentiments, qu'ils soient brûlants ou amers. S'échapper les voix de l'âme et les cris de nos yeux. Une mélancolie béate ("bliss" comme diraient nos amis anglo-saxons!) nous immerge, une fois Wearing Sadness and Regret Upon Our Faces lancée, il est difficile, très difficile d'en sortir. Eh oui, ce n'est que la première chanson.
Aucune pitié de ce côté-ci. Planning for Burial fait de la musique touchante, point à la ligne.
Mais, vous allez me rétorquer "ahh blabla (...) mais le shoegaze c'est fait pour être touchant, blablabla, alors il a quoi de spécial, cet album, hein ? C'est pas un argument ce que tu nous dis là."
Alors tout d'abord, je crois qu'en matière de rock noisy / shoegaze, je n'ai pas été ému à ce point depuis le Loveless, et je souligne le titre parce que c'est pour moi l'incarnation du rock original, triste et agréable. On croirait s'être pris un semi-remorque de plein fouet, et n'entendre que quelques sons suite à cela. Tout d'abord, donc, ce Planning For Burial n'est pas une pâle copie de MBV. Puis, il est tout aussi touchant, chose qui dans cette scène, n'est pas arrivé depuis longtemps.
Mais ensuite, PFB a sa propre touche perso. Et pas qu'un peu!
On pense régulièrement aux Swirlies et leurs délires noise, mais le groupe a su mélanger avec une pertinence hors du commun les guitares saturées pour rendre une musique flottante et les guitares clean, aux cordes claquantes, qui nous sorts des arpégés magnifiques. Aaaah, si Erik Satie avait joué du shoegaze, le résultat ressemblerait pas mal à ça, m'est avis.
Autre petite anecdote, le son lourd et fuzzy de la guitare saturée - et par moments l'intonation de la voix - me fait beaucoup penser aux maîtres de Type O Negative.
On ajoute à cela une touche de post-rock et de drone, dans le genre "guitare jouée à l'archet", et voilà.
Vraiment, que dire, si ce n'est que c'est absolument sublime, composé avec une très grande attention, et mixé d'une manière telle qu'aucun instrument ne se voit mangé par un autre. Il y a profusion de sons, toujours quelque chose à découvrir, toujours un nouveau petit truc sur lequel s'extasier ! Et tout cela, c'est sans compter les titres des chansons, eux aussi plutôt bien trouvés ("We Left Our Bodies with the Earth"), et l'artwork... ah, je me répète, mais magnifique, simplement.
La seule chose que l'on puisse regretter ici, c'est que l'album ne dure pas éternellement. Et le son, un tout petit peu trop Metal par moments. On aurait préféré qu'il insiste sur le côté Sludge. Mais... c'est fantastique.
Je finirai par une citation en relation avec la cover et l'univers décrit, citation d'un homme qui connait la force des mots, et qui sait les manier bien mieux que je ne le ferai.
"La mélancolie ? C'est se faire enterrer vivant dans l'agonie d'une rose." (E.M. Ciroan)
Enemies List n'en a plus, et personne n'en a. Surveillez ici
Pour écouter, je vous envoie donc chez SirensSound
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