Ce petit groupe de Russie, je dois dire qu'il m'a beaucoup surpris. Tout d'abord par sa qualité, puis par son ambiance, complètement... folle, vous allez voir ça.
Les compositions d'Ivan Gomzikov (l'homme derrière Astral & Shit) ne sont ni plus ni moins qu'un beau mélange d'ambient et de field-recording. Il va jusqu'à appeler ça du Sound Art mais je ne sais pas si le terme est approprié. C'est de l'art, bien-sûr, mais Art Sonore pour moi relève du couple son / autre forme artistique. Une sonorisation d'exposition, par exemple.
Mais quoi qu'il en soit, ce subtile corpus m'a scotché par son étonnante capacité à me captiver, car au final, l'album est lent, assez long, et plutôt monotone. Là où Pavor Nocturnus était trop clichéesque dans son dark ambient pseudo-horrifique, ici, c'est une beauté céleste qui nous happe. Des sons posés, tirés jusqu'à plus soif, aucune vocalise, mais quelques bruits extérieurs (c'est l'idée du field-recording).
Le travail de Gomzikov se rapproche en fait de celui de Jeremy Soule (on achète / on écoute), le compositeur des musiques de Guild Wars, Skyrim... ou encore du grand Trist et son magistral Hin-Fort. On a donc affaire à du bon ambient qui, sans pour autant tout révolutionner, fait un très bel effet lors d'une écoute en semi-sommeil.
Ce qui m'a beaucoup plu, c'est cette idée du field-recording, avec des sons qui semblent provenir de torrents, de circulation urbaine nocturne, ou encore de tristes oiseaux. Le metal frappé, très terrestre, prend une dimension étrange, dès lors que l'album se prend de nous livrer des nappes cosmiques. D'où la comparaison avec Trist : les nébuleuses ne sont pas loin... et c'est une vrai magie que de coupler ceci avec des sons naturels enregistrés un peu partout. Je dirais même que c'est original. Comme si, perdu dans le trou noir de 2001, l'Odyssée de l'Espace (Kubrick) nous revenaient des bribes de notre vie passée. Un peu effacés, totalement éthérés...
C'est un album triste, voir ésotérique. Drone au grands chants silencieux, nous renvoyant à notre insignifiance, et, malgré ces quelques souvenirs que nous avons, nous ne sommes rien sauf une part du Néant.
Le corps délicat est en réalité le squelette d'un homme de verre. A manipuler avec précaution, à écouter avec attention... Entre les percées lacrymales de Eater - sublime chanson de 12 minutes - et le sentiment d'inexorable de la finale subtile corpus, on est heureux de se voir encore en vie, charnel. Et malheureux que ce soit déjà terminé. Quand je vous dit que c'est long mais qu'on ne s'ennuie pas...
On se laisse porter par le courant du fleuves de l'Oubli, du Lethé.
Ou peut-être est-ce un Achéron, fleuve de douleur et de souffrance aux eaux emplies de venin...
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